Armstrong, depuis son retour au cyclisme, avait déjà chuté dans le Tour de Californie. Lui, réputé du temps de sa splendeur, pour ne jamais perdre l'équilibre, avait une première fois tâté de l'asphalte. Rebelote, cette fois dans le Tour de Castille et Leon, avec les conséquences que l'on sait. Mais comment Lance, capable de traverser un champ au terme d'une descente de col sans broncher, a t-il pu ainsi s'amocher pour un simple frémissement dans le peloton ? La réponse ne doit rien à la fatalité. L'homme est le même, mais les circonstances ont changé.
Armstrong n'est plus le patron que ses équipiers encadraient aux avant-postes pour affirmer son emprise sur la course. Depuis son retour à la compétition, l'homme aux sept Tours de France s'efforce de retrouver le rythme, calé la plupart du temps dans le peloton. Les risques de chuter y sont bien plus grands, surtout lorsque s'y ajoute la nervosité d'un retraité reprenant du service pour accomplir des merveilles. Les témoins de sa chute sous le ciel de Castille ont tous fait état de la grande tension du champion avant son fatal soleil. C'est une chose de retrouver une forme honorable. C'en est une autre de renouer avec ces automatismes, ces intuitions qui font sentir au coureur sur la route les mauvais coups comme le paysan la grêle ou le marin la tempête.
Les cyclistes le savent. Ce petit centième de seconde, ce réflexe qui vous fait anticiper les crispations ou les écarts du peloton se perd très vite, dès lors que l'on décroche un temps soit peu de la compétition. Armstrong et son épaule rafistolée, n'a plus désormais d'autre choix que d'espérer avoir suffisamment de temps pour s'y remettre et retrouver ce sixième sens avant l'été. Sinon, ses rêves de grand huit risquent fort de partir en brioche…