Avoir un grain...

Publié le 26 mars 2009 par Pascal Boutreau

Et voilà, c'est le grand jour. rendez-vous ce vendredi à Orly à 4 heures du mat, décollage à 6 heures. Arrivée à Ouarzazate puis transfert en bus (5 heures) vers le bivouac où nous passerons notre première nuit. Le samedi sera consacré aux diverses formalités comme le contrôle du matériel obligatoire ou le certificat médical (obligation d'avoir un électro cardiogramme de moins d'un mois). Deuxième nuit au bivouac et dimanche matin, début de l'aventure et de la course. Le petit-déj de dimanche lancera la période d'autosuffisance alimentaire où plus rien si ce n'est l'eau ne nous sera fourni. Nous découvrirons le road-book dans l'avion mais en théorie le programme des réjouissances prévoit généralement 30 bornes pour la première journée, 35 pour la deuxième puis 40 pour mardi. Mercredi, le quatrième jour, est celui de l'étape de 80 bornes pour laquelle nous avons deux jours. Généralement on arrive dans la nuit et on peut se reposer le lendemain. On repartira donc vendredi pour un marathon et conclusion samedi matin par un décrassage de 20 bornes. Dimanche repos et remise des prix et retour à Paris lundi en début d'am. Voilà la théorie... Nous verrons ce que l'on nous réserve.

Le sac à dos est prêt. Alors petit point sur l'état du bonhomme. Très sincèrement pas fameux. Physiquement, je n'ai pas perdu un seul gramme depuis le début de l'opération. Trop de choses à penser, trop de trucs en tête pour avoir la volonté de faire attention. Bon, je vais positiver (comme toujours), en me disant que pour moi, avec mes 85kg, le sac à dos de 12kg ne représentera qu'un surplus de 14% contre 17% pour un gringalet de 70kg. On se rassure comme on peut. J'ai réussi à caser quelques séances de plus de deux heures mais pas suffisamment. Je vais manquer un peu de bornes, c'est une évidence. Mais le Marathon des Sables c'est surtout beaucoup de marche et de mental. Donc j'essaierai de compenser notamment par mon expérience de ces courses de longue haleine. Généralement, sur les courses en plusieurs jours, je finis mieux que je ne commence. Si je n'ai pas (trop) de problèmes de pieds, on va essayer de bien  gérer cette affaire et de ramasser ceux qui seront partis un peu vite les premiers jours et qui le paieront par la suite. Mais attention, je n'ai strictement aucune ambition de résultat. L'idée est de profiter, de débrancher le cerveau en arrivant et de m'en mettre plein les yeux pendant une semaine dans des paysages fabuleux (cf la photo). Et si je suis à la rue au niveau du classement, je m'en fous royalement !  

Mentalement, je pars complètement vidé. Les deux derniers mois ont été très très intenses à tous les niveaux et m'ont pompé beaucoup d'énergie. Cette énergie me fera forcément défaut à un moment de la semaine à venir. Mais bon, on fera avec. L'avantage d'avoir eu une vie de taré depuis deux mois, c'est que je n'ai pas eu le temps de trop penser à la course et donc de "stresser". Ce n'est que depuis le début de la semaine, avec l'achat du lyophilisé et de tout le matos au Vieux Campeur que je suis réellement entré mentalement dans la course. C'est d'ailleurs aussi une petite frustration car le Marathon des Sables, pour beaucoup, c'est un projet de vie, une course à laquelle 'on pense des mois durant. Toute cette phase fait aussi partie du "charme" d'une telle épreuve (les triathlètes Ironman me comprendront car l'aventure d'un Ironman est similaire et se construit au fil des semaines et des mois). Là, j'ai un peu l'impression de partir "consommer" une course.  Le choc risque d'être important entre mon état actuel et celui que je vais devoir adopter rapidement une fois sur place.  

Côté pratique, le sac à dos est prêt. Bien rangé. Enfin le mieux possible pour le moment.  Le premier challenge constituait à tout faire entrer. Pas évident. Un petit sachet en plastique pour chacun des jours de course, le tout soigneusement étiqueté.  L'idée est donc de déconditionner la nourriture lyophilisée et de la mettre dans des petits sachets type congélation. Gros avantage, c'est moins lourd et chaque gramme gagné est un gramme que l'on n'aura pas sur le dos...

L'un des problèmes majeurs est de résister à la tentation du "on sait jamais" qui vous fait ajouter un plat, une barre, une soupe etc... Il faut arriver à se mettre dans le crâne que l'on n'y va pas pour faire des gueuletons et qu'il faudra bien se contenter du minimum. Dans l'idée, j'ai pris pour chaque jour un petit déjeuner (muesli, gaufrette, confiture), une soupe pour le midi à l'arrivée de l'étape et un plat consistant pour le soir. J'ai ajouté un second plat pour le Jour 3, à la veille de la grande étape de 80 bornes et un petit-déj plus costaud le Jour 4. Par contre, pour le Jour 7, un seul petit déj suffira puisqu'à l'arrivée de l'étape ce sera TER-MI-Né. J'ai aussi fini par me laisser convaincre par des anciens de prendre des barres ou des gels (de 2 à 4 par étapes)

Pour le reste du sac, on y trouve du matos de secours (miroir, sifflet, couverture de survie, aspivenin, antiseptique, lingettes), de quoi "cuisiner" (gamelle, mini-réchaud, briquet, couteau, couverts en plastique), des affaires pour le bivouac et dormir par des nuits annoncées frettes (sac de couchage, duvet, collant long, tee-shirt manches longues, cagoule, combinaison légère de peintre, manchettes, tongues), un peu de "technologie" (ipod, portable mais pour faire des photos, chargeur solaire) et un peu de crème solaire écran total of course.

Ne reste plus qu'à partir en espérant que je n'ai rien oublié. En espérant aussi mon usure tant mentale que physique du moment ne sera pas trop handicapante. Chaque soir, je suis censé écrire une chronique qui sera donc consultable sur www.lequipemag.fr J'essaierai de vous y retranscrire les émotions de la course et de partager ainsi avec vous cette belle aventure. Vous avez été nombreuses et nombreux à me transmettre vos encouragements. Merci infiniment. Sachez qu'ils seront bien précieux. Je vous emmène donc avec moi dans le Sahara.  Et si j'ai coup de moins bien, je compte sur vous pour me booster un peu...

.........

Même si je ne serai pas là, j'ai programmé une petite news sur ce blog en milieu de semaine prochaine... Vous y trouverez les articles qui doivent paraître ce week-end dans L'Equipe (que ça ne vous empêche pas d'acheter le journal hein...)

Et puis of course merci à New Balance, à LRP et à Oakley, qui ont généreusement équipé l'équipe L'Equipe-Sport sans Frontières que Walter, Fabrice et moi représenteront du mieux possible.

.............................................

Chose promise chose due, un "miam miam fifilles" spécial pour Morgan en remerciement de son accueil à La Plagne. A sa demande, voilà donc l'homme le plus rapide de la planète, à savoir le Jamaïcain Usain Bolt. Mesdames, en plus vous avez du bol, puisque votre miam miam étant intégré à la news, il restera... Messieurs, je vous ai mis la dame de FBI Portés disparus...

...............................

Un mot de cinéma pour vous encourager à aller voir "Welcome", le film qui relate l'aventure d'un réfugié irakien arrivé dans le Nord avec l'espoir de rallier l'Angleterre où il espère retrouver sa copine. Arrivé après un long périple, il découvre que la traversée de la Manche n'est pas aussi simple qu'il ne l'imaginait. Il va tomber sur un maître nageur, remarquablement interprété par Vincent Lindon, qui va lui apprendre à nager. Un film intelligent et très bien fait avec un coup de chapeau à Vincent Lindon, décidément au top comme il l'était déjà récemment dans "Pour elle" où il aidait la jolie Diane Kruger à s'échapper de prison.  

...................

Pour info, sachez aussi que la demi-finale aller de la Coupe d'Europe féminine de foot entre Lyon et Duisburg, sera diffusée ce samedi en direct sur Eurosport, à 17 heures. Allez les filles (merci Hervé pour l'info). J'y reviendrai of course à mon retour.