Il arrive parfois qu’un étrange phénomène se produise : que l’idée personnelle, individuelle, devienne une réalité tangible sans même solliciter notre intervention.
En un claquement de doigt, un mur s’écroule : les univers se rencontrent, s’entremêlent, et poussent à se questionner sur cette barrière invisible entre le réel et l’imaginaire. La vérité éclate : l’un et l’autre ne sont pas antagonistes, contre toute attente.
Quelques scénaristes, écrivains, créateurs, ont ça et là des histoires semblables à raconter : des instants où leur vérité propre est devenue, l’espace d’un instant, une vérité pour tous.
J’avais prévu le 11 mars. Mon 11 mars à moi avait lieu en 2007, aux Etats-Unis. 11 mars 2007 : 6 ans et 6 mois après le World Trade Center. La date me paraissait tellement prévisible.
Le 11 mars 2004 (3 ans et 6 mois, 911 jours - ésotérisme, quand tu nous tiens), des bombes explosent, des hommes meurent, cela se passe à Madrid. Ma vérité hypothétique est devenu un fait.
Le 15 janvier 2009, un avion se pose dans l’Hudson river à New York. Novembre 2008, dans mes carnets, le même script : un avion au départ d’une ville américaine qui se poserait sur l’eau, aucun mort.
Mars 2009 : je tente d’écrire mon premier roman (affaire à suivre, s’il y a des curieux, dites-moi, il me faudra des relecteurs quand le point final sera là), en jouant sur la multiplicité/perte des identités et la culpabilité. Ce roman se veut semi-fictif : les faits sont partiellement réels, la justification de ceux-ci tombent en pleine fiction. Je deviens moi-même un élément de cette perte d’identité dans les pages que j’écris…
Sauf qu’une fois encore, les faits me rattrapent : dans la réalité qui me sert de canevas et à laquelle j’assiste, je deviens un élément actif aux yeux de certains, qui en viennent à me donner une fausse identité.
Le lecteur abusé, c’est eux. Et pourtant, ils n’ont pas lu le texte… Cherchez l’erreur.