Elle me demande si j’en suis. Interloqué que l’on me questionne ainsi sur mes préférences sexuelles, je réponds : « de quoi ? ». -Du blog, là, les 3 anonymes qui parlent du milieu de l’édition parisien, précise-t-elle en me fixant droit dans les mirettes. C’est écrit sur mon front où quoi ? En ce moment, il faut que je fasse gaffe, ça enquête sévère. Mais, je suis un excellent comédien et je sais parfaitement inventer des diversions incroyables. -Tu veux encore une coupette, chérie ? -Non merci, je trouve que vous vous voyez souvent X, X et X… Elle ne lâche pas le morceau la mignonne. -Sinon, tu as lu le Yasmina ? Stop ! Je tiens à préciser que ce livre est le sujet numéro un des conversations littéraires actuelles. Il serait bon, parce que ça va bientôt faire un mois que ça dure, de choisir un autre livre à détester. Je ne sais pas moi, le nouveau Éric Reinhardt, trop long, très chiant… Cette Cendrillon-là, je la laisse dormir tranquillos. Il veut dresser un bilan de l’état de la France le Reinhardt, soit, mais cela mérite-t-il un pavé ? Hop ! Dans la mare le bouquin. Je poursuis. -Non, parce que moi, je n’ai pas lu cette crotte. -Comment peux-tu dire ça si tu ne l’as pas lu ? Tu n’as pas l’impression d'hurler avec les loups ? Effectivement, je suis un monstre de mauvaise foi. Parler ainsi d’un chef d’œuvre. J’ai honte. Bref, ma suspicieuse collègue relance la conversation. -En tout cas, je trouve que ce qu’ils écrivent n’a aucun intérêt. Les petits ragots et potins du milieu, tout le monde s’en moque. D’autant plus qu’on peut déjà tout lire dans le mensuel Lire. Depuis que Busnel est à la tête du magazine, la méchanceté est partout… -Tu as raison, ça dépote ! -Oui, mais au moins, lui et son équipe de journalistes sont objectifs, eux. Tu sais les lecteurs de « Je résiste à tout » commencent à s’apercevoir de la supercherie de ce blog. Ils demandent du fond, de la forme, en tout cas, pas uniquement les comptes-rendus des soirées littéraires complaisantes. -Sais-tu que je me moque complètement de ce que tu me racontes. -En plus, j’veux pas dire, mais ils ne se foulent pas des masses en ce moment. Une ou deux notes par semaine à trois. Quel boulot intensif ! Bon, là, elle a raison. Je tiens juste à rappeler que c’est une période de l’année assez dense pour nous trois. Donc, nous faisons ce que nous pouvons avec le temps qu’il nous reste. Bref, ceci pour préciser une nouvelle fois que nous ne nous prenons pas au sérieux, que l’on n’oblige personne à venir lire nos délires et qu’il y a pléthore de blogs "littéraires" plus conventionnels, sérieux et instructifs pour que nous puissions en toute liberté et sans pressions, continuer à écrire ici. Nous allons tenter de faire évoluer la bête, mais ne comptez pas sur moi pour intellectualiser ce petit monde dans lequel nous évoluons. Ça ne m’intéresse pas du tout. Dorian et Ripley peut-être, mais moi, je continue mes notes superficielles et légères. Besoin intense de contrebalancer avec ma vraie vie professionnelle. Vous me comprenez j’espère.
Je suis fatigué de cette rentrée littéraire. Tellement fatigué... Rastignac (un peu énervé en ce moment mais qui, au fond, a besoin de beaucoup d’amour)