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"Ayez confiance, je m'occupe de vous". C'est par ces mots et sans rire que Nicolas Sarkozy a balayé les inquiétudes et les questions que les professeurs osaient lui adresser suite à la lecture de la lettre qu'il vient d'envoyer à tous les enseignants de France pour leur expliquer la philosophie de son projet pour l'Ecole (d'après ???).
Cette propension à tomber dans les formules messianiques semble parfaitement bien partagée par le couple présidentielle si on en juge par les sorties de Cécilia Sarkozy dans l'Est Républicain. A la lire, elle mériterait au choix, soit le prix Nobel de la Paix, soit une canonisation expresse façon Mère Térésa, qui de toute façon ne peut rivaliser avec sa bonté et son amour d'autrui. Elle l'avoue humblement elle-même : "toute ma vie, j'ai aidé les gens qui souffrent, je ne vais pas changer aujourd'hui" avant d'ajouter "on ne m'empêchera jamais d'essayer d'aider ou de soulager la misère du monde, dans quelque pays que ce soit".
Ne prenant même pas la peine de citer le travail des émissaires de l'Union européenne, ce qui n'est tout de même pas très charitable de la part d'une aspirante sainte, la femme du chef de l'Etat explique avoir "négocié sans relâche pendant 50 heures avec tous les dirigeants libyens concernés par le dossier" et l'avoir fait avec son "coeur" et sa "détermination". Sans doute touchée par l'Esprit Saint, elle précise avoir tenue ces conversations "en anglais et en tête-à-tête, sans interprète" avec le colonel Khadafi. Suite à quoi, ce dernier aurait "compris qu'avec elle il pouvait faire un geste humain susceptible d'améliorer son image". Mais que pouvait faire le dictateur libyen face à une femme qui affirme "je suis arrivée sur place en tant que femme, en tant que mère, sans forcément m'attarder sur la complexité des relations internationales, mais avec la ferme intention de sauver des vies" ???
Finalement et même si le mythe doit en prendre un coup, Cécilia Sarkozy finit par avouer que sa seule force de persuasion n'a pas suffit à faire libérer les infirmières bulgares, puisque contrairement à ce qu'assure envers et contre tout (notamment envers et contre l'évidence) son mari, il y a bien eu des compensations : "à mon niveau, il ne s'est agi que de contreparties d'ordre médical. J'ai offert à l'hôpital de Benghazi des médecins chargés de former leurs homologues libyens, des équipements, des traitements contre le Sida et des visas rapides pour que des cas urgents puissent venir se faire traiter en France".
Elle qui ne supporte pas l'injustice, comme elle dit si bien, aura sans doute à cœur d'aller soutenir son beau-fils au tribunal le 11 septembre où il sera jugé pour délit de fuite. Sans doute un comportement aussi peu citoyen n'aurait-il pas eu lieu si Nicolas Sarkozy s'était appliqué à lui-même en tant que parent la "refondation" qu'il propose désormais à "tous les éducateurs"…