Rémunération des dirigeants : Le bal des faux culs

Publié le 26 mars 2009 par Slovar
Ceux qui avaient choisit hier soir de regarder le JT de France2 ont pu voir un grand moment de télévision.
En effet, en écoutant David Pujadas interroger Laurence Parisot, on avait l'impression d'assister à un tournant dans les rapports cordiaux qui unissent le pouvoir politique et le MEDEF. Ce tournant s'est notamment manifesté lorsque évoquant les salaires et bonus des patrons dont elle est la responsable syndicale et sur lesquels Henri Guaino (le vice premier ministre) entend mettre une ligne rouge, elle a déclaré :
« Il faut faire attention en ce moment à ne pas aller de rodomontade en fanfaronnade. C'est comme ça que la sauce peut monter très vite, alors qu'il me semble très important aujourd'hui, premièrement de savoir raison garder, deuxièmement d'avoir une ligne directrice claire. » « Je ne rejette pas » cet ultimatum, a néanmoins ajouté la présidente du Medef, estimant que le gouvernement « a raison d'être préoccupé » par les récentes affaires de bonus. Elle a en outre indiqué qu'elle "ne s'oppose pas formellement à une loi" mais estime que « l'autorégulation peut apporter beaucoup, peut-être même plus que des lois » Source Les Echos
Traduction : Je n'ai pas les moyens de m'opposer à mes collègues grands patrons et je préférerai une loi, de préférence co rédigée avec les juristes du MEDEF, ce qui me permettrait d'expliquer que j'agis sous la force et que je peux être reconduite à un nouveau mandat lors de la prochaine élection du mouvement. Bien joué !!! on a même faillit y croire.
Seulement, ce texte qu'elle serait prête a accepter, ne concernerait bien entendu que les entreprises ayant obtenu une aide de l'Etat. Car si l'affaire de Valéo, de la Société Générale et du Crédit Agricole entre autres font les choux gras des politiques, on continue dans d'autres secteurs d'activité à profiter allègrement des bonus divers
Tensions à GDF-Suez. Le versement de 1,13 million de stock-options à ses deux principaux dirigeants, une information révélée mercredi par le site MediaPart et confirmée ensuite par le groupe, a suscité la colère des salariés. En pleines négociations avec la direction sur le pouvoir d'achat et alors qu'elle "traîne des pieds", la CGT a appelé mercredi les salariés des terminaux méthaniers GDF-Suez de Montoir-de-Bretagne en Loire-Atlantique et de Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône à une grève reconductible qui a débuté depuis mercredi soir 21 heures.
Les stock-options qui ont tendu le climat ont été allouées le 12 novembre dernier. C'est à cette date que le conseil d'administration du géant gazier a accordé 830.000 stock-options au pdg du groupe, Gérard Mestrallet, et 300.000 à son vice-président, Jean-François Cirelli. "C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. On a du mal à avaler ce genre d'annonce quand on n'arrête pas de nous parler de crise et d'impossibilité d'augmenter les salaires", s'est emporté Robert Rozy. Ces stock-options sont exerçables à partir de 2012 au cours de 32,75 euros par titre, soit plus que le cours actuel de l'action, fixé à 27,79 euros mercredi, à la clôture de la Bourse de Paris. Lors de leur attribution en novembre, les stock-options accordées à Gérard Mestrallet ont été estimés à 7,7 millions d'euros et celles versées à François Cirelli à 2,8 millions d'euros
Le groupe énergétique a enregistré en 2008 un bénéfice net de 6,5 milliards d'euros, en hausse de 13 %. Il a fait savoir qu'il verserait un dividende de 4,8 milliards d'euros au titre de l'année 2008, dont une partie en actions. L'État français est son premier actionnaire, à hauteur de 35,7 % - Source Le Point
Car dans son discours de Saint Quentin, le Chef de l'Etat a cultivé l'ambiguïté : "Pour le moment, les orientations arrêtées mercredi ne concernent que les entreprises aidées par l'Etat, actuellement au centre de la majorité des polémiques sur la rémunération de leurs dirigeants. Le cas des entreprises non aidées par l'Etat pourrait être réglé dans le cadre d'un projet de loi sur le partage de la valeur et des profits dans l'entreprise, que Nicolas Sarkozy souhaite voir déposé au Parlement l'automne prochain"
Donc, la vie continue d'être belle pour les entreprises qui vont licencier et attribuer des bonus et stock options de "gala" à leurs dirigeants. Les b..... comptez-vous !!!
Si le Président nous a encore honoré d'une promesse de gascon, l'un de ses ministres les plus inefficace du moment : Patrick Devedjian, s'est montré beaucoup plus clair. Profitant d'un satisfecit pour le moins étonnant sur RTL : "Patrick Devedjian est optimiste. Alors que le nombre de chômeurs a encore grimpé de 79.900 en février , le ministre en charge de la Relance a affirmé jeudi matin : "Le plan de relance produit déjà ses effets." "La France est le premier pays qui s'est mobilisé pour la relance. Nous sommes au moment du démarrage effectif. L'argent est arrivé dans les circuits économiques"
Il a été très clair sur l'avenir de la promesse de son Président : "L'État n'a pas vocation à fixer tous les salaires du pays"
Interrogé sur la rémunération des dirigeants des grandes sociétés, qui fait débat dans les rangs de la majorité comme dans ceux de l'opposition, et qui provoque des tensions entre le gouvernement et le patronat , Patrick Devedjian a tenu à distinguer deux situations "complètement différentes". Pour lui, les entreprises "qui bénéficient d'une aide publique" ne peuvent pas s'accorder de primes ou de bonus supplémentaires. "Ou bien ils le comprennent, ou bien il faudra prendre des mesures"
Pour "les entreprises dans lesquelles l'État n'intervient pas", il a prôné la liberté. "L'État n'a pas non plus vocation à fixer tous les salaires du pays. Nous sommes dans un pays de liberté", ne trouvant par exemple "pas choquant" les bonus accordés aux dirigeants du groupe GDF-Suez . "C'est une rémunération très confortable. Cela dit, l'État n'a pas mis d'argent, et c'est une entreprise qui en gagne, et qui embauche"- Source Le Point
Quant à Frédéric Lefebvre, pour le cas des entreprises n'ayant pas reçu d'aide de l'état il se contente de dupliquer la proposition de Nicolas Sarkozy
Interrogé sur le cas de GDF-Suez, Frédéric Lefebvre a estimé "qu'on est exactement dans le cas de figure sur lequel on va légiférer en juin". "Notre objectif, c'est d'essayer trouver un certain nombre de mécanismes pour que la rémunération variable, en fonction de la performance de l'entreprise, permette à tous les salariés et pas simplement aux patrons de récupérer une partie de ces profits" Outre les entreprises aidées par l'Etat, "il va y avoir un deuxième sujet pour le plus long terme, c'est le partage de la richesse", a-t-il ajouté. "Dans les entreprises où les salaires augmentent de l'ordre de 4%, et qu'au même moment la rémunération des patrons augmente de 57% dans le CAC-40: il y a de l'injustice, il ne faut pas qu'il y ait une captation par un petit nombre des profits".
Et puis ajouterons nous :
- La mémoire des français n'excède jamais 30 jours,
- En juin, il fera certainement beau, les français commenceront à se préoccuper de leurs congés d'été .....
Et puis, on aura toujours le temps de définir les contours du serpent de mer de la participation pour faire patienter le petit peuple ...
Jean-Paul Belmondo dans "le voleur" de Louis Malle disait au début du film : "je fais un sale métier mais j'ai une excuse, je le fais salement" voila un dialogue que notre Président, ses ministres, conseillers et porte paroles devraient faire graver au dessus de leurs bureaux.
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