La "semaine sans pesticides", Richard Wallner la vit à l'année. En Charente, ce jeune agriculteur expérimente une agriculture naturelle sans pesticides, sans engrais et sans labours, avec une production à la surface meilleure qu'en monoculture industrielle, notamment grâce à la complémentarité des cultures.
Richard Wallner a banni de son exploitation agricole, depuis trois ans, les produits chimiques. Enthousiaste sur les résultats, il cite pour l'exemple : "le problème des limaces s'est réglé de lui-même, dés la seconde année, grâce aux carabes, crapeaux et hérissons, des alliés naturels qu'il a su attirer par des bandes enherbées et conserver en s'abstenant de traiter ses salades et de labourer. Ce jeune agriculteur s'est installé à Marsac, près d'Angoulême, pour mettre en pratique les principes d'une agriculture écologique, en totale rupture avec le modèle agricole intensif actuel. Sa ferme, au Petit Colibri, qui est aussi un écolieu pédagogique, ressemble au premier abord à une friche. Pourtant, lorsqu'on pénètre, les choux, salades et autres légumes sont bien là, sur des buttes, calfeutrés dans de la paille.
"Principe du non agir"
Richard Wallner pratique une agriculture qui préconise le non labour, interdit tout pesticide, fongicide ou herbicide, et évite l'emploi de tout compost préparé, aussi naturel soit-il. Le concepteur de cette méthode, Masanobu Fukuoka, un microbiologiste japonais des années 30, avait tant étudié la complexité des interactions au sein des écosystèmes qu'il en était arrivé à la conclusion que toute intervention humaine causait plus de dégâts qu'elle n'en réparait.
"La nature fonctionne très bien toute seule mais nous ne l'avons toujours pas comprise", résume Richard Wallner. Par exemple ses plants de tomates non taillés résistent mieux aux maladies et donnent autant de fruits, juste un peu plus petits (mais c'est leur taille naturelle, différente des standards de l'agriculture intensive dont les légumes sont tous de la même taille et du même calibre pour satisfaire le rendement maximum). Pour les arbres fruitiers également, "il faut laisser l'arbre tranquille, avec de l'espace", conclut , après avoir tout essayé, un chercheur de l'INRA, Jean-Marie Lespinasse.
Pour autant, précise Richard Wallner, "le principe du non agir n'est pas l'agriculture du rien-faire ; cette méthode nécessite beaucoup d'observation, de présence et de travail". Surtout les premières années où il faut arracher les herbes indésirables. Ensuite, la couverture du sol, le fait de ne pas labourer et quelques autres techniques réduisent la repousse.
Locale, sobre et productive
Cette agriculture se pratique à petite échelle, (moins de 10 ha la ferme) et sur la proximité. Rentable au plan économique, écologiquement et socialement viable. L'un des secrets de sa rentabilité, dés la première année, repose sur l'absence d'investissement lourd puisqu'on n'a besoin ni de tracteur ni d'intrants. On évite au maximum les transports en organisant les terres autour de la ferme, selon les principes de la permaculture. La vente se fait aussi localement. Richard Wallner a vite fidélisé des familles avec ses paniers hebdomadaires. Le concept d'organisation permaculturelle, qui fait des émules dans le monde entier, optimise toutes les énergies (humaine, fossiles et naturelles), du bâti aux cultures, en passant par la gestion de l'eau. Le mélange des cultures permet de densifier la terre. Ainsi, le verger sert aussi de poulailler. Les arbres d'ailleurs sont présents sur toutes les cultures puisqu'ils en sont les régulateurs, remontant les fertilisants à la surface grâce à leurs racines.
"La ferme est de plus en plus auto-fertile, sécurisée, et de moins en moins pénible . Le système est mature au bout de dix ans, le temps d'une bonne emprise des arbres", explique Richard Wallner.
Une expérience qui dérange
L'objectif de l'expérience de Richard Wallner est de prouver la viabilité de ce système, indépendant du pétrole et de toute subvention européenne, bénéfique pour la santé et pour l'environnement, et qui recréerait du lien social et de l'emploi dans les campagnes.
"A terme on peut envisager un hectare par agriculteur, qui nourrirait 20 à 30 familles de façon diversifiée, hors viande. Avec un million de fermes on nourrit la France sur une surface ridicule".
Le projet de Richard Wallner a débuté sur les chapeaux de roue. Ce parisien exilé, ingénieur de formation, a du arrêter les cultures commerciales pour cause de blocage de la mairie de Marsac, qui lui refuse arbitrairement le droit de construction sur son terrain, malgré le soutien à son projet du conseil général, de la chambre de l'agriculture et de la DIREN. Après 3 ans de négociations et de résistance, à vivre en caravane, Richard Wallner attaquera la mairie de Marsac en justice pour pouvoir mener son projet à bien, et nourrir l'espoir de millions de gens d'accèder enfin à une agriculture saine, respectueuse et durable.
Peut-être est-ce le succès potentiel de ce modèle qui gêne le maire de Marsac, maïsiculteur et éleveur de porcs hors-sol ?...
(source :Novethic)
Sur le web :
Site de la ferme de Richard Wallner ; et, pour soutenir son projet menacé par la mairie :
Le soutien du Conseil Régional
Le rapport du commissaire enquêteur
L'avis de la DIREN
L'opposition de la chambre d'agriculture aux intentions de la mairie
Richard Wallner a normalement toutes les chances de son côté ; mais il reste une inconnue, malheureusement non des moindres : les juges administratifs seront-ils plus sensibles à une véritable gestion écologique de l'agriculture ... ou à des intérêts, plus lourds, municipaux et surtout électoraux ?....... Sachant que les juges ont le plus souvent un intérêt particulier à être copains avec un maire plus qu'avec un agriculteur, je ne vous fais pas un dessin. C'est comme ça que de nombreux projets viables, novateurs et ambitieux tombent à l'eau chaque jour.
Pour bien comprendre son problème, il faut comprendre que l'agriculture naturelle qu'il développe dérange les idées reçues sur l'agriculture, car ce moyen de production, pourtant efficace, ne correspond pas aux modèles traditionnels de culture. Richard Wallner ne rentre dans aucun moule, et ça, comme toujours, ça dérange. On préfère les dociles petits moutons qui font gentiment ce qu'on leur dit de faire ; ici ça arrangerait bien le maire de Marsac, qui n'hésite pas à dénigrer publiquement le travail de Richard Wallner, qu'il qualifie de "jardinier du dimanche"... Mais personnellement, si le "jardinier du dimanche" me permet de me nourrir, sainement de surcroît, il est où le problème ? Tout cela est expliqué dans ce documentaire (durée : environ 20 minutes, mais c'est vraiment intéressant) :
Au_petit_colibri
envoyé par marcantoinedeprat
Je suis sensible aux gens comme Richard Wallner, qui ont des projets et qui se battent pour les faire aboutir, parce qu'ils y croient, parce que ce sont des gens passionnés par ce qu'ils font.
Que ce soit dans l'agriculture, dans la médecine, ou dans n'importe quel autre domaine, on voit bien que dés qu'il y a quelqu'un qui ose prendre d'autres chemins que les modèles imposés, on fera tout pour lui mettre des batons dans les roues, l'empêcher de réaliser ses projets, tout ça parce que des intérêts politiques, personnels ou financiers risquent d'être contrariés. Ce n'est, à mon sens, pas acceptable.
Pour soutenir son projet, vous trouverez toutes les informations utiles sur son site : http://aupetitcolibri.free.fr/
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