(paru jeudi dernier)
Pétages de durite en série
Aujourd'hui, l'heure est grave. Car le sujet est grave. Depuis quelques jours, je n'entends parler que de fusillades. Fusillade dans une église de l'Illinois. Fusillade dans une école allemande. Fusillade en Alabama. Sans compter le drame récent survenu dans une crèche belge, que nul n'ignore, à moins de revenir d'un périple de six mois sur Saturne.
A croire que ça devient systématique, quand on va mal (enfin vraiment très très mal), de prendre une arme et de passer ses nerfs sur d'innocentes victimes.
Alors, à force d'entendre parler de ce genre de drames, j'ai développé une sorte de paranoïa aiguë et fulgurante au bureau : à chaque fois qu'un client est mécontent, je l'imagine surgissant à l'accueil, armé jusqu'aux oreilles, le corps encerclé de grenades, l'œil hagard et la bouche baveuse, assassinant mon boss, mes collègues et moi-même. Passque bon, vu que ça arrive un peu partout, ça peut tout à fait se produire dans mon petit bureau, hein, faut pas se voiler la face.
Par conséquent, j'ai échafaudé des plans pour échapper au tueur fou : m'enfermer dans les toilettes, sortir par la fenêtre en m'accrochant du mieux que je peux au grand sapin qui jouxte mon bureau, me cacher dans une armoire, utiliser un collègue grand et fort comme bouclier humain...
Y'a qu'un scénario que je n'ai pas encore imaginé dans mon esprit stressé : que ce soit moi qui pète un câble et tire un beau matin sur mon boss, mes collègues et surtout les clients, au risque de tacher les beaux murs blancs de grandes giclées de sang bien frais.