Un bon souvenir africain
Un jour de juillet 2007, le président français s'était fendu d'un discours mémorable à Dakar, préparé par son conseiller spécial Henri Guaino. Il suscita un tollé sur place.
"Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain [.] dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine ni pour l’idée de progrès. Dans cet univers où la nature commande tout, [ il ] reste immobile au milieu d’un ordre immuable où tout semble être écrit d’avance. Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin."L'empreinte Kouchner
Plus tard, un jour de février 2009, un livre sortit en France. Il traitait des étranges missions de conseil de Bernard Kouchner, avant qu'il ne devienne ministre des Affaires Etrangères de la République. Le ministre était accusé d'avoir été remunéré plutôt confortablement pour un rapport sur l'assurance maladie au Gabon. Le dit rapport se révéla très léger en recommandations concrètes. Et on apprit que Bernard Kouchner, en parallèle de sa présidence d'une organisation parapublique qui conseillait les Etats africains en matière de santé, collaborait via diverses sociétés de conseil établies par des proches.
Nicolas Sarkozy ne vient pas pour cela. Il veut "recoller" les morceaux de la relation franco-RDC, après ses déclarations controversées de l'année dernière: il avait parler d'un "partage des richesses" entre la RDC et le Rwanda L'ambassadeur de France en RDC a prévenu que "la France a la même vision que le gouvernement congolais sur le schéma de la reconstruction de l'Est qui doit passer par le rétablissement des services publics, notamment les écoles et les hôpitaux, le rétablissement d'une justice transactionnelle, le rapatriement des réfugiés et le retour des déplacés."
La Françafrique demeure
Nicolas Sarkozy n'a pas rompu avec l'emprise néocolonialiste de la France sur ses anciens territoires africains, faite de soutiens militaire, économique et politique aux régimes en place. Quand Jean-Marie Bockel, son éphémère secrétaire d'Etat à la Coopération, commis l'imprudence de réclamer une vraie rupture en 2008 (en déclarant voulant signer « l’acte de décès de la Françafrique »), il fut exilé au Anciens Combattants, et le discret Alain Joyandet fut nommé à sa place en mars 2008. Le dictateur Omar Bongo qui s'était plaint du trublion Bockel fut ainsi rapidement rassuré. En juin dernier, Alain Joyandet a expliqué son plan pour l'Afriquelors de sa première conférence de presse : ses « 8 chantiers pour l’Afrique » sont le soutien au secteur privé, la relance des agricultures africaines, le renfort du rôle des femmes dans les projets de développement aidés par la France (20 millions d'euros), le triplement en 4 ans la présence des volontaires internationaux sur le continent, l'accompagnement des ONG françaises, le développement de l'enseignement de la langue française, la valorisation de "l’action de nos différents médias à l’étranger" , et le soutien aux "pays d’Afrique dans leur transition vers plus d’autonomie et d’intégration régionale."
Sarkozy à Dakar vs Tintin au Congo - part 1
par npesblog
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