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Petite Lady, roman d'aventure

Publié le 26 mars 2009 par Plume

« Ecoute, Ashley, dit-il avec douceur, il faut reconnaître une chose : Amy et Jay vont au devant de sérieuses difficultés s'ils s'unissent... »

Comme elle le dévisageait avec incrédulité, il enchaîna, l'air las :

« Tu as le cœur si bon que tu ne sais pas voir le mal. Amy et toi avez été élevées dans une ignorance totale de la cruauté du monde. Ashley, ce que les pirates ont fait alors n'est rien à côté des méchancetés gratuites que le peuple d'une même nation peut infliger à ceux qui s'écartent de la norme admise. Amy et Jay seront toute leur vie en but au mépris et aux moqueries, en Angleterre parce qu'il est hindou, aux Indes parce qu'elle est anglaise. Nulle part ils ne trouveront la paix parce qu'aucune nation ne tolère la marginalité. Sais-tu ce qu'il adviendra de leurs enfants ? Ils seront considérés comme des métis, dédaignés des hindous parce qu'un sang anglais coulera dans leurs veines, rejetés des anglais parce qu'un sang indien coulera dans leurs veines. Dans aucunes de leurs Patries ils ne seront les bienvenus...

- Oh ! Mon Dieu ! Oh ! Mon Dieu ! Que vont-ils devenir ? Le monde est-il donc si... cruel ?

- Hélas ! Soupira Martin. Et je suppose qu'ils en sont conscients...

- Nous en sommes conscients, oui, Monsieur ! » Déclara une voix masculine tout à coup.

Ils sursautèrent et se levèrent d'un bond, le cœur battant. Amy et Jay venaient d'entrer à pas de loup et étroitement enlacés les observaient tristement.

« Amy ! » S'écria Ashley en s'élançant vers sa sœur.

Cette dernière courut aussitôt se jeter dans ses bras.

« Oh ! Amy ! Amy ! Comme j'ai eu peur...

- Ne pleure pas, je t'en prie, murmura Amy, bouleversée. Je n'ai que toi pour me soutenir et m'aider à garder confiance. Penses-tu que te voir aussi chagrine va m'encourager ?

- Non... Non, je sais, bredouilla l'aînée, secouée de spasmes nerveux. Pardonne-moi. Mais... Mais je suis si terrifiée par ce qui vous attend... Amy, que comptez-vous faire ? »

Jay Iravan marcha de long en large, sombre mais décidé.

« Nous avons entendu la fin de votre conversation, dit-il calmement. Nous savons que nous serons calomniés de tout côté si nous nous unissons... Mais nous nous aimons ! »

Il chercha l'approbation dans le regard de Martin Lorient. Ce dernier hocha la tête :

« Nous savons...

- Vous seuls pouvez comprendre vraiment ce que c'est, s'exclama Amy avec ardeur, vous qui vous aimez, vous comprenez que Jay et moi nous ne pouvons plus désormais vivre l'un sans l'autre. Si je devais renoncer à lui, je préfère me tuer tout de suite...

- Amy ! »

Horrifiée, Ashley tituba, flancha et ne dut son salut qu'à ses bras secourables :

« Pardonne-moi, Ashley ! Mais ... Mais j'aime Jay. Et... et je ne peux plus envisager de vivre sans lui. Même toi, et tu sais pourtant combien je t'adore, même Loïs, et tu connais mon affection pour elle, même Martin, et tu sais qu'il est comme mon frère, vous ne pourriez m'empêcher de...

- Pour l'amour de Dieu, tais-toi ! Interrompit Ashley d'une voix étranglée. Je sais ce dont tu es capable mais je... Je... Oh ! Jay ! Je t'en conjure ! Empêche-la de faire pareille folie ! »

Jay Iravan détourna la tête, incapable de soutenir la détresse de la jeune femme. Mais il répondit avec sérénité et une grande douceur :

« Lady Ashley, nous nous aimons. Cette alternative ne sera pas nécessaire si nous nous unissons. Nous avons pensé à nos enfants, à ce que ce serait pour eux d'avoir un sang mêlé mais nous les protégerons comme notre amour nous protégera, Amy et moi... »

Martin ferma un instant les yeux, se rendant compte avec amertume que ni Amy ni Jay n'étaient objectifs. Pas qu'ils ne le veuillent point. Aveuglés par la passion, ils ne pouvaient pas l'être. Et il réalisait à cette seconde que ni Ashley ni lui n'arriveraient à leur faire entendre raison.

« Cependant, continuait Jay, nous avons besoin de votre bénédiction... »

Brusquement il posa un genou à terre et son front dans les paumes de Martin :

« Vous êtes les seuls sur qui nous pouvons compter et qui comprennent vraiment la situation inextricable dans laquelle nous sommes. Capitaine, aidez-nous, s'il vous plait... »

Martin Lorient l'obligea à se relever. Il le prit à bout de bras et le regarda droit dans les yeux :

« Tu sais que vous avez notre soutien, Jay ! Déclara-t-il fermement, malgré tout décidé à ne pas leur voiler la face. Mais l'avoir ne résout pas tous les problèmes qui se profilent à l'horizon, tu le sais aussi !

- Martin... Voulut protester Ashley, défaite.

- Pardonne-moi, ma chérie, mais il faut que les choses soient claires pour tout le monde ! Jay, je suppose que vous tenez si fort à vous marier que vous n'hésiterez pas à outrepasser les ordres du Baron De Loxley ?

- Oui, Capitaine.

- Tu es également conscient de ce à quoi Amy renonce par amour pour toi ?

- Oui, Monsieur.

- Très bien. Mais cela étant qu'allez-vous faire ? Notre appui ne vous permettra pas de survivre ! Où irez-vous, poursuivis par la colère du Baron ? Comment vivrez-vous au milieu du mépris de tous ? »

Jay Iravan se mordit les lèvres et fuit son regard sévère. Au bord de la syncope, Ashley se traîna jusqu'au lit où elle s'assit et commença à se balancer, ne sachant comment supporter le malaise affreux qui l'envahissait. Livide, elle fixait sa jeune sœur :

« Nous y avons pensé aussi, répondit Amy, volant au secours de son ami. Vous savez, Martin, que le Roi souhaite le retour de Jay en Inde afin qu'il soit l'ambassadeur de la paix entre les colons et les indiens. Alors... Nous partons là-bas ensemble. Le bateau appareille demain.

- Amy... »

Ashley perdit la respiration. Ses lèvres bleuirent, ses yeux s'écarquillèrent...

«  Il le faut, Ashley ! Insista Amy, consternée. Je saurai me faire des alliés des indiens et me faire accepter. Leur sagesse est immense. Eux ils comprendront, j'en suis convaincue. Je rencontrerai auprès d'eux plus de tolérance que tous les anglais réunis n'en ont eue. Pardonne-moi, Ashley. Mais c'est la seule solution pour que Jay et moi puissions vivre ensemble. Tu comprends, n'est ce pas ? Mais nous ne pouvions partir sans vous dire au revoir et être sûrs que vous serez d'accord... Martin, je vous en prie ? »

Crispé, le Capitaine Lorient baissa les yeux, sans trouver les mots pour exprimer son désarroi.

« Ashley ? » Implora Amy en tendant une main tremblante vers sa sœur.


(Parution toujours prévue en mai 2009.)


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