Pétrole, gaz, déchets nucléaires : en Europe, près de 8% des marchandises transportées sont jugées dangereuses et nécessitent des précautions spécifiques. Car tout accident -qu’il soit routier, ferroviaire ou fluvial- peut avoir d’énormes conséquences sur les individus situés à proximité et l’environnement. Sommes-nous suffisamment protégés ? Aujourd'hui, les députés débattent de l’harmonisation des règles sur le transport des marchandises dangereuses. Attention, rapport explosif ! Près de 110 milliards de tonnes-kms de matières dangereuses circulent chaque année au sein de l’Union Européenne (UE). La majorité est transportée par la route (58%), 25% par le train et 17% par voie fluviale. Globalement, le transport ferroviaire a tendance à décroître, tandis que la route et les voies d’eau sont de plus en plus plébiscitées pour le transport de matières dangereuses.
Précautions indispensables
Sous l’appellation « marchandises dangereuses », on regroupe des produits pétroliers (plus de la moitié des matières transportées), des gaz, des liquides inflammables, des substances corrosives et chimiques (acide sulfurique, pesticides etc.). Dans une moindre mesure, transitent aussi près de chez nous des substances infectieuses et du matériel radioactif. Cette liste n’est pas exhaustive : les développements technologiques viennent constamment l'accroître.
Quels sont les risques ? Feu, explosion, brûlures chimiques et dommages environnementaux : les accidents impliquant des matières dangereuses peuvent être spectaculaires...et dramatiques. En 1978 en Espagne (Los Alfaques), un camion-citerne transportant du gaz a explosé à proximité d’un camping, provoquant la mort de 216 personnes. C’est la plus grande catastrophe routière du genre.
S’il reste difficile d’obtenir des statistiques sur les incidents de transports impliquant des matières dangereuses, on a néanmoins dénombré 74 accidents ferroviaires en 2005 dans l’UE des 25. Ne sommes-nous pas en danger ?
Boguslaw Liberadzki, auteur polonais (PSE) du rapport sur le transport de matières dangereuses, explique : « Il existe un danger si par exemple les moyens de transport utilisés ne sont pas adaptés, si les opérateurs et les conducteurs n’ont pas reçu de formation spécifique, et si l’on n’a pas au préalable étudié le meilleur itinéraire pour ces matières dangereuses. Car vous pouvez imaginer les risques du passage dans des zones fortement peuplées, par exemple ».
La législation sur le transport de matières dangereuses : réguler pour protéger
Pour s’assurer que les conditions de sécurité sont les meilleures, de nombreuses règles existent, que ce soit pour indiquer la matière transportée sur un camion, pour imposer des formations régulières au personnel travaillant avec ces substances, ou encore pour interdire certains tracés. Mais la législation européenne était jusqu’à présent complexe et dispersée : cette semaine, les députés se prononcent pour sa simplification.
Ainsi, pas moins de quatre directives et deux décisions devraient être rassemblées sous un seul texte. Plus claire et lisible, cette législation couvrira le transport de matières dangereuses par la route, le rail, mais aussi les voies d’eau, qui n’étaient auparavant pas incluses dans la législation européenne. Notons par ailleurs que cette législation se veut conforme aux règles internationales recommandées par l’Organisation des Nations Unies : « Ce n’est pas une nouvelle législation ou un nouveau règlement », précise ainsi Boguslaw Liberadzki, « mais l’unification de plusieurs conventions contraignantes, sous parapluie onusien ».
Dans son rapport, plusieurs amendements tendent à préserver le droit des Etats-membres d’interdire le transport sur leur territoire de marchandises dangereuses, pour d’autres raisons que la sécurité (par exemple pour protéger l’environnement). Mais Boguslaw Liberadzki demeure prudent : « Bien sûr, cette proposition ne va pas éliminer le risque. Elle va le limiter. » Vote ce mercredi.
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