bug identitaire...

Publié le 25 mars 2009 par Tdeb



Le visage, la silhouette, l'apparence... si importants dans la vie relationnelle, sont, tout le monde le sait, primordiaux dans la vie policière... Identifier, reconnaître, décrire... préoccupations constantes de ce métier ont toujours conduit à utiliser au mieux tous les moyens scientifiques et techniques du moment (portrait parlé, portrait-robot, photographie, cinéma, vidéo, reconnaissance de l'iris, d'un doigt etc).  
Mais a-t-on pensé qu'un jour un bug de l'identification puisse survenir ?
- Oh là TDB, tu es bien docte d'un coup ?
- Non, pas vraiment, car le dessin, cool,  est de moi et j'aurais pu vous présenter ma thèse comme un sujet de criminologie...
(je me suis en effet décarcassé pour être diplômé de cette spécialité avec deux ans de travail parallèlement à la maîtrise et un beau parchemin... pour rien : dans la police, en France,  ils s'en foutent ; je vous raconterai une autre fois)
-Non, je vais utiliser le subterfuge d'une fausse séance de l'Assemblée Nationale avec débats sur ce sujet.



Première séance du mercredi 29 juin 2013


242e séance de la session ordinaire 2013-2014

PRÉSIDENCE DE M. LADEPOUILLE Gaston


M. le président

(La séance est ouverte à quinze heures.)


1

SOUHAITS DE BIENVENUE
A UNE DÉLÉGATION PARLEMENTAIRE ÉTRANGÈRE


M. le président.
L'ordre du jour appelle les questions au Gouvernement. Mes chers collègues, je suis heureux de souhaiter la bienvenue, en votre nom, à une délégation de la chambre des députés de la République Mooniste du SIAMEL, conduite par son président, M. Astrabal IJIDIRKURITSCUV. (Mmes et MM. les députés et les membres du Gouvernement se lèvent et applaudissent.)
. La séance est ouverte.


2

QUESTIONS AU GOUVERNEMENT


M. le président.

Nous commençons par une question du Groupe de Sauvegarde Nationale.

IDENTITTÉ NATIONALE


M. le président.

La parole est à M. Augustin Biscoteau, pour le Groupe de Sauvegarde Nationale.


M. Augustin Biscoteau.
  Monsieur le Premier ministre, une commission d'enquête sur l’identité nationale et les moyens de la relever a été mise en place alors que vous étiez ministre de l'intérieur, des cultes, des sectes autorisées et des minorités.
Présidant cette commission, je ne souhaitais pas m'exprimer avant la fin de ses travaux. Mais le rapporteur général du budget s'est permis de faire hier des déclarations d'une démagogie inacceptable.

(Protestations sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour
la Majorité qui a Gagné - Applaudissements sur plusieurs bancs du Groupe de Sauvegarde Nationale.)

Si on me laisse parler normalement (Rires) je vais tenter chers collègues de vous expliquer où nous en sommes exactement pour pouvoir mieux demander à Monsieur le Premier Ministre si son Gouvernement possède une réelle volonté de légiférer en la matière ou si nous travaillons pour rien !


Je précise que la mise en place de cette commission correspond à une préoccupation de notre groupe qui estime que l’individualisation de chaque citoyen devient quasi impossible du fait des derniers progrès des industries de l’apparence. Je citerai notamment le procédé de la mue ou Pygmalion de Rhône-Poulenc Gauthier.


M. le Président.

Pas de publicité de marques s’il vous plaît.


M. Augustin Biscoteau.

Ce procédé, je le rappelle, est issu des recherches les plus pointues dans les matériaux synthétiques des tissus d’habillement comme des prothèses médicales et de l’expérience acquise en matière d’effets spéciaux ; il permet de doter tout un chacun d’une peau nouvelle et complète que l’on revêt pardessus sa peau. C’est plus qu’une peau d’ailleurs car par endroit il y a de la matière en épaisseur.


Un logiciel introduit dans l’ordinateur propose à partir des mensurations de la personne en trois D un assortiment d’apparences physiques rectifiées et calcule point par point le volume de matière synthétique qu’il faudra créer pour atteindre les nouvelles cotes.
Ainsi on peut ressembler sans effort à Alain DELON ou Louis XIV si les mesures corporelles de départ le permettent.
Les données ainsi calculées sont transmises à une machine matricielle qui se charge de fabriquer par injection plastique l’objet attendu appelé « mue ».
 

L’individu abonné obtient ainsi une enveloppe complète de matière synthétique exactement adaptée à sa structure avec simili cheveux et poils ; il n’a plus qu’à l’enfiler, ce qui n’est guère plus difficile que de revêtir une combinaison de plongée.
 Cet emballage améliore son volume personnel pour lui faire atteindre celui, idéal, d’un individu type… je n’ai pas dit « typé » Monsieur Bardaillan (Rires.) Le problème c’est qu’à la vue on ne reconnaît que la variante fabriquée par la machine avec des traits préétablis et plus du tout l’individu qui porte la mue.


S’il est vrai que peu de personnes s’offrent pour le moment ce genre de prestation, celles qui en bénéficient peuvent changer d’apparence tous les jours si elles le souhaitent, circuler avec des papiers portant une photo et des mentions de caractéristiques physiques ne correspondant plus à rien.
Elles ne risquent pas non plus de laisser des empreintes digitales ni, très probablement, de traces d’ADN. Ces individus ont aussi possibilité de se faire passer pour d’autres : je vous renvoie aux expérimentations et aux articles de presse correspondants.


M. Vivien Descluat.

Cela peut être utile ou agréable ! (Rires)


M. Augustin Biscoteau.

Je concède volontiers que la chose est parfois cocasse mais je ne sous-estimerai pas la représentation nationale au point de croire qu’elle n’a retenu que cet aspect de la situation. Nos travaux ont en effet largement démontré qu’il y a ici et encore une fois s’agissant d’un progrès humain ouverture à la meilleure ou la pire des utilisations.


M. Vivien Descluat.

La meilleure, la meilleure !


M. Augustin Biscoteau.

Pas pour vous Monsieur Descluat : il faut maigrir d’abord sinon l’ordinateur ne pourra pas vous calculer une enveloppe, il ne rajoute que de la matière ! Et encore à l’extérieur… il ne peut combler ce qui manque dans certaines cavités sommitales ! (Rires)


M. le Président.

S’il vous plaît revenons à la question.


M. Augustin Biscoteau.

Bien Monsieur le Président, je ne demande que çà. Je disais que la mue ne possède ni empreintes, ni poils, ni cheveux différenciés, qu’elle ne peut laisser que peu de traces quand on sait qu’elle est lisse comme un gan et que même la transpiration est inhibée et stockée par les micro capsules assurant le confort de contact. Ne parlons pas du visage modifiable pratiquement à l’infini, reste vaguement la taille et la gestuelle de l’individu… c’est bien peu pour une identification.


M. Vivien Descluat.

Oui mais on peut l’identifier en tant que porteur d’une mue l’Oréal-Gauthier, excusez-moi Monsieur le Président, et trouver que c’est probablement un habitant du XVI ième ou du Marais.


M. Augustin Biscoteau.

Pour illustrer l’efficacité de l’effet masque de la mue je vous rappelle qu’une émission de télévision de K-NUM-TV a montré qu’une jeune femme pouvait s’être trompée de quarante ans sur l’âge de son flirt de dancing et que ce dernier, un vieillard vêtu non d’une peau d’âne mais d’une mue Pygmalion, avait pu la ramener chez lui le soir même !


M. Jean-Paul Limancho.

Oui mais ils ont arrêté là la démonstration… est-ce que la suite était assurée par le kit en l’état actuel du progrès ? (Rires sur tous les bancs - sonnerie du Président) :


M. Augustin Biscoteau.

Comment la société peut se défendre, connaître ceux qui l’agressent quand on a multiplié les règles interdisant d’identifier les individus.
Est-ce que le grand public sait qu’on ne peut demander à tout moment et en tous lieux à une personne de justifier son identité ? …
La société s’interdit de connaître qui fait quoi sauf en certaines circonstances prévues par la loi : infraction venant de se commettre, recherche d’un individu ayant un signalement donné, opération policière ayant l’aval du procureur etc.
En dehors de ces cas on ne peut plus exiger la justification de l’identité. Ce coup de grâce a été donné après la disparition des fiches d’hôtel pour les voyageurs, après la suppression du carnet anthropologique pour les sans domicile fixe, les policiers ne peuvent plus compter sur le hasard des contrôles qui avait permis par le passé d’élucider tant d’affaires.

Si vous ajoutez à cela une loi imbécile qui permet à tout un chacun d’anéantir la continuité de son nom de famille dont il a hérité depuis des générations (les Delabranche disparaissent au profit de Bécassine si le dernier Delabranche (un certain Jocrisse) épouse une Bécassine et que le petit couple opte pour le patronyme Bécassine) (sifflets et bruits divers sur de nombreux bancs)

M. Augustin Biscoteau. J’oubliais l’autocensure pratiquée par les forces de l’ordre qui n’osent plus interpeller un membre d’une minorité par peur de se voir accuser de sélectivité ou de racisme… vous obtenez ainsi une société dont les individus ne peuvent plus être individualisés au présent ni rattachés à un passé familial, ni considérés à un moment ou à un autre comme plus sensibles et donc plus sujets à des contrôles.

M. Vivien Descluat. Nous allons pleurer : c’est de la démocratie musclée que vous voulez, hein Biscoteau !

M. Augustin Biscoteau. Nous voulons tout simplement que chacun puisse être reconnu par les représentants de la loi et à tout moment, quel est le problème quand on n’a rien à se reprocher ? (Brouhaha)


M. le président

. Ne nous égarons pas ; Monsieur Biscoteau vous arrivez au bout de votre temps de parole.


M. Augustin Biscoteau.

Je terminerai en affirmant que ces quelques considérations montrent bien que le problème évoqué est grave et complexe,

que si la commission que je préside n’a pas encore rendu son rapport c’est dans un souci d’envisager tous les aspects de la question particulière des mues et, au-delà de celle-ci, de refondre l’ensemble de la réglementation concernant le contrôle de l’identité des citoyens de ce pays…

qu’il est donc inutile de faire pression sur nos travaux en organisant des fuites laissant entendre que les réformes proposées vont être antidémocratiques et dispendieuses…

Ma question s’adresse donc à Monsieur le Premier Ministre : sommes-nous toujours soutenu dans notre action ou souhaite-t-on, en manipulant l’opinion, vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ? Merci Monsieur le Président.


M. le président

. La parole est à Monsieur le Premier Ministre.


Monsieur le premier Ministre.

Messieurs les représentants, cher collègue. Il n’est pas du tout dans l’intention du gouvernement d’assassiner l’ours même s’il flotte un peu dans ses peaux… (Rires) ;

on flotterait à moins.

Nous sommes tous conscients que ce dernier raffinement de l’art de l’apparence qu’est le procédé dit de la mue pose effectivement des problèmes nouveaux et peu évidents à résoudre et nous vous laisserons tout le temps nécessaire pour trouver la martingale qui pourra à la fois sauvegarder les libertés individuelles essentielles et individualiser assez les citoyens entre eux pour qu’ils puissent obtenir leurs droits et satisfaire à leurs devoirs sans fraude ni échappatoire.


Je ne pense pas cependant, à titre personnel, qu’il faille s’affoler l'opinion et déboucher sur des interdictions : il n’est pas interdit de porter des gants et pourtant les cambrioleurs en mettent pour ne pas laisser d’empreintes derrière eux.
Au-delà des aspects folkloriques qui ont été cités ici (Rires) j’estime que le protocole Pygmalion comporte des avantages incontestables pour certaines personnes comme celles qui sont affligées de graves maladies de peau ou de cicatrices inesthétiques voire des ravages injustes de l’âge !
Pour le grand public comment s’opposer à cette tentation ? On sait que beaucoup de nos contemporains consentent à dépenser des sommes considérables pour l’aspect de leur demeure, de leur véhicule, d’eux même… nombreux sont ceux qui ont investi déjà en chirurgie esthétique, voire en soins cosmétiques.
Il ne faut pas leur refuser ce progrès autant en adéquation avec leur quête profonde, à nous simplement de le prendre en compte et de l’aménager pour qu’il permette l’identification comme il permet le bien-être !


Pour ce qui est des conclusions à attendre, sans déflorer les résultats de vos travaux Monsieur le président, je crois pouvoir révéler que la solution devrait ressembler à celle que nous avions choisie pour l’explosif et qui donne toute satisfaction : l’incorporation de poussières chimiques traçantes dans la matière même de fabrication ; leur recueil même en quantités infinitésimales permettra de connaître la matrice de la mue, la date de fabrication de la mue et son propriétaire d’origine ;
il faut encore réfléchir à une traçabilité impliquant les nouveaux acquéreurs et le porteur du moment.
Je suis personnellement favorable à l’obligation faite à un contrôlé de quitter sa mue dans certaines circonstances très particulières à déterminer comme les modalités d’exécution du contrôle.


En réponse à votre question, Monsieur Biscoteau, je tiens à vous assurer de la volonté politique du gouvernement d’aboutir à une solution intelligente et exhaustive pour que ces difficultés d’identification ne perdurent point.
Je propose donc de créer une sous-commission (rattachée à la commission que préside si efficacement Monsieur Biscoteau) et chargée d’examiner ce problème particulier pour y apporter solution, notre souci étant de disposer d’un instrument fiable pour les forces de police mais respectueux des libertés essentielles des citoyens : je compte donc là, plus que jamais, sur votre soutien éclairé. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour
la Majorité qui a Gagné)


Proposition adoptée …

-.-


Rassurez-vous c’est de la fiction, ces débats n’ont pas eu lieu :
je les situe en 2013…n
i Rhône-Poulenc, ni Gauthier, n’ont inventé Pygmalion, la mue qui tue le tu. (Pas mal)


Ils pourraient pourtant y arriver, je leur fais cadeau de l’idée et je suis persuadé qu’un jour ou l’autre cette fabrication existera : aussi me direz-vous on a le temps d’aviser !


Par ailleurs pour les explosifs rien n’a été réalisé non plus
(petit commissaire j’avais proposé cette astuce : on ne m’a pas écouté…)
...et il y a toujours des explosifs qui disparaissent de dépôts pourtant administrativement en règle et qui sautent…sans que l’on sache d’où ils viennent (cela arrange bien du monde : les entreprises ou dépôts secondaires qui n’ont pas à rendre l’explosif inutilisé, les malfaisants qui trouvent sur le marché tout ce dont ils ont besoin.)