Louis SAVARY :"Voici venu le temps des larmes", éditions Arcam, 2008

Publié le 25 mars 2009 par Ananda
La vie n'est ni tragique, ni comique, elle serait, au fond, plutôt tragicomique, c'est, me semble-t-il, ce que la maître de l'aphorisme Louis Savary tente de nous faire comprendre ici.
En couverture, un - au combien explicite - crâne à nez de clown annonce déjà le propos.
Louis Savary joue des mots, joue avec les mots d'une manière brillante et subtile, avec cette légèreté résignée des vrais philosophes ; de ceux qui ont compris que la vie était, par essence, instable, fragile, légère (cruelle ?).
Ici, nous le sentons, le manque de sérieux frôle les gouffres et se veut le reflet de l'inanité des choses, de la profonde absurdité existentielle.
Le Belge Louis Savary célèbre le rire et ses vertus cardinales en courts aphorismes aussi percutants que des haïkus, aussi fulgurants et surprenants que des sketches de Raymond Devos.
Et l'on se prend à méditer (comment faire autrement ?) sur des phrases telles que : "le rire est plaisir solitaire / dont on augmente l'intensité / quand on le prend en groupe", "L'amour, c'est du cul qui se prend la tête", "je n'entends pas souvent / la voix de ma conscience / par contre je n'arrête pas / de l'entendre rire", "que bien lourd est ce handicap / de l'enfant qui jamais / n'a entendu rire / ses parents", "à trop bien se connaître / on finirait par ne plus / se faire rire", "toute une vie  / à en rire /  sans penser qu'à la fin / de nous / elle se rira", "entre le risible / et ce qui ne l'est point / la marge parfois est si ténue / que prudemment on se retient", "le coq hilare / chante sur son fumier / le rire existentiel / chasse la nausée".
Si le rire est le propre de l'homme, il n'est jamais loin des larmes ou du grincement. Qu'on se le dise !
Ce petit régal pour l'esprit nous y aidera.


P.Laranco