Cela faisait 20 ans, voire davantage qu’Isabelle Adjani avait disparu du cinéma français . Depuis « Camille Claudel » qui avait été couronné par la critique et par les cinéphiles, elle était absente . Vivante mais absente malgré quelques incursions furtives et peu marquantes (notamment un remake des Diaboliques avec Sharon Stone) . Sorte de Gréta Garbo française elle était devenue un nom, un souvenir, une impression. Et puis , la star de tous les festivals de cinéma des années 70 et 80, l’icône de François Truffaut (l’histoire d’Adèle H) ou d’André Téchiné (Barocco) resurgit un soir à la télévision sur Arte alors que plus personne ne l’attendait . Dans la Journée de la Jupe de Jean-Paul Lienenfeld, les Français la rédécouvre plus épaisse et changée mais toujours aussi magique dans son regard, dans sa voix , dans son front qui se plisse, dans sa colère , dans ses larmes. L’émouvante adolescente de la Gifle est devenue une inquiétante passionaria de la laicité et de la cause des femmes . L’audimat de la chaîne franco-allemande atteint un pic inédit, les blogs s’enflamment à nouveau pour elle et l’image forcée d’une banlieue anxiogène s’efface derrière un texte percutant et une mise en scène audacieuse et théâtrale (Merci à Denys Podalydès, contrepoint romanesque malgré ses improbables habits de chef du GIGN..) .
Ces 20 ans n’auront finalement été qu’une parenthèse . Avec Adjani c’est le temps retrouvé.