Prescription de Médicaments : Les Experts Dénoncent une Dérive Inquiétante !

Publié le 25 mars 2009 par Frédéric Duval-Levesque

A l’occasion de la remise de la pilule d’or :

lors d’un débat organisé par la revue Prescrire,  des psychiatres, psychologues et chercheurs ont dénoncé une “dérive” du marché des médicaments psychotropes.

Monique Debauche, psychiatre belge, a rappelé que le volume de vente des antidépresseurs a doublé en France en 10 ans alors qu’ils peuvent être inutiles,
“la plupart des états dépressifs s’améliorant spontanément en quelques semaines”.

Elle attribue cette forte augmentation à

- la demande des patients,

- à la formation des médecins “centrés sur le médicament”,

- et surtout à l’influence des firmes pharmaceutiques, “omniprésentes” dans la formation et l’information des médecins.

Barbara Mintzes, chercheur canadienne en santé publique, a dénoncé le “façonnage” de maladies, qui vise “à élargir la définition d’une maladie pour augmenter la vente de traitements.

Elle s’est insurgée contre la tendance à élargir le marché des psychotropes vers les enfants pour l’hyperactivité, la dépression et les troubles bipolaires, en dépit de leur manque d’efficacité et de l’importance des effets secondaires.

Gilles Mignot, pharmacologue, a constaté unepanne de l’innovation et l’absence de progrès thérapeutique au cours des cinq dernières années dans le domaine des médicaments psychotropes.

Parmi les médicaments qui “n’apportent rien de positif pour les patients”, il a cité les antidépresseurs augmentant le taux de suicide chez les jeunes et les neuroleptiques (antipsychotiques) entraînant une surmortalité cardiovasculaire chez les personnes âgées.

La France est la championne d’Europe de la consommation de médicaments psychotropes (anxiolytiques, antidépresseurs, somnifères, antipsychotiques – neuroleptiques, …)

(la pilule d’or de la revue Prescrire est un prix attribué aux médicaments qui constituent un progrès thérapeutique décisif dans un domaine où malades et praticiens étaient totalement démunis. Pour l’année 2007, elle est accordée au Carbaglu qui permet une survie normale et prolongée chez les enfants atteints d’un trouble rare et mortel du cycle de l’urée)