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Cher Émile

Publié le 25 mars 2009 par Maxime Jobin
Cher Émile

Présentation de l'auteur

Éric Simard est actuellement responsable de la promotion pour les éditions du Septentrion. Il a été libraire pendant plus de quinze ans. Par le passé, il a également travaillé pour une compagnie de disque, une maison d'édition et pour une compagnie de théâtre. Il en est à sa cinquième année à la barre de l'émission littéraire Encrage, diffusée sur les ondes de CKRL à Québec. Il a fait des chroniques littéraires à la télé de Radio-Canada et à TVA ainsi que dans le journal Le libraire pendant cinq ans (sans oublier La Recrue!). Il a deux romans à son actif Cher Émile (Hamac) et Martel en tête - titre épuisé (Intouchables). Il a été scénariste pour la populaire émission jeunesse Macaroni tout garni.

D'Éric à Émile, des lettres tantôt tendres tantôt ravageuses, des mots d'espoir, d'abandon et de colère, mais, surtout, un appel à l'aide criant et dévorant. Car l'auteur des lettres s'est perdu. Il ne sait ni qui il est ni qui il veut être. Une marée d'histoires amoureuses tordues l'a roulé sur le gravier, il est écorché vif. Pour s'en sortir, il essaie à plusieurs reprises de se retirer, dans le calme et la réflexion, mais l'angoisse refait surface, la solitude pèse sur ses blessures et il se retrouve invariablement dans les bras d'hommes qui retiennent la marée pour qu'il s'y noie davantage. Les poumons encombrés d'eau noire et putride, il revient chaque fois vers Émile, son cher Émile, pour qu'il lui sorte la tête de l'eau. Au moins un instant...

Avec Martel en tête, son premier roman, dur et tranchant, Éric Simard frappait fort, tellement que je perdais l'équilibre et ne pouvais dire à la fin si j'avais aimé ou non. Cher Émile, tout en ayant la même fibre noire et dense, m'a ébranlé mais ne m'a pas fait douter : j'ai clairement aimé ce deuxième roman. Déjà, ne jugez pas la teneur du livre par son nombre de pages. L'écriture d'Éric est si touffue et riche qu'on se croyait en pleine forêt amazonienne. Le lire nous oblige à faire arrêt, nous pousse à réfléchir à nos propres travers et problèmes. Néanmoins, aucune lourdeur, et c'est là l'exploit de l'auteur que je ne saurais expliquer. Le roman est à la fois consistant et léger, profond et parfois même drôle, comme si l'auteur s'était amusé à jongler avec plusieurs balles à la fois, et, je précise, comme un jongleur professionnel.

Cher Émile a aussi été pour moi une première expérience de roman épistolaire. L'idée d'utiliser des lettres, des correspondances, comme outil de narration m'a plu et intrigué dès le départ. Je me suis posé des questions quant à l'effet qu'amenait la lecture des lettres d'Éric sans connaître les réponses d'Émile. J'ai finalement convenu avec moi-même que cela ajoutait au récit, en lui donnant une autre dimension, un mystère qui laisse place à l'imagination du lecteur. Émile pourrait, finalement, n'être que le fruit de l'imagination du narrateur, un prétexte pour coucher ses émotions et ses délires sur papier. C'est là dire à quel point l'espace créé par l'absence de communication à deux sens est vaste et donne du pouvoir au lecteur.

Bref, cher Éric (ben quoi, je ne le connais un petit peu quand même), je ne suis pas surpris que tu en sois rendu à ton troisième livre. Cher Émile me donne envie de lire Être, le tout chaud tout neuf recueil de nouvelles d'Éric (placement de produit bien mérité ici), que j'irai chercher en librairie à mon retour au Québec.

Pour lire Éric sur son blogue, c'est par ici.

Bonne lecture à tous!

Quatrième de couverture

Se perdre dans l'amour, se perdre dans l'autre, se perdre aux confins de soi est un risque que l'on prend à chaque nouvelle rencontre. Pendant cinq ans, à travers la correspondance houleuse qu'il entretient avec Émile, le narrateur tentera de répondre aux questions qui le hantent. Pourquoi l'échec d'une histoire d'amour fait si mal ? Est-ce que le fait d'être homosexuel peut en être la cause ou est-ce seulement une difficulté supplémentaire ? Tous les états du désespoir amoureux, du questionnement identitaire profond à la déception rageuse, de la soumission pathétique à l'élan de reconstruction salutaire défilent dans ces lettres à Émile.

" C'était une telle confusion dans ma tête. Une grosse masse informe innommable. Un début de cancer, probablement."

" En ce moment, je n'existe pas."

" Je t'avertis tout de suite, n'ameute pas les services sociaux ou les autorités. IL N'Y A PAS DE MESSAGE SUICIDAIRE DANS MA LETTRE!"

" Je n'étais plus seul, j'étais des millions. Je traînais enfin derrière moi la force du monde. [...]Hier soir, j'ai porté le monde en moi. Il était léger."


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