Peu importent les jours et les nuits, les saisons qui défilent et l’équinoxe qui revient s’abattre sur nous en tempête de pluie battante et froide.
Peu importent la mer qui mugit et ses vagues en colère qui déferlent contre les falaises de la mort.
Peu importent ces navires au large qui tanguent dans la tourmente et pour qui tous les ports sont désormais hors d’atteinte.
Peu importent les heures qui passent et qui repassent au cadran de l’espoir.
Peu importent, vous dis-je, les départs sans cesse différés, les voyages toujours reportés et ces mille pas inutiles qui ne nous conduisent nulle part.
Parfois, une corne de brune hurle dans le noir et annonce des dangers imminents, tandis qu’un phare, au bout du monde, tente de trouer l’obscurité.
Peu importe, ils ne reviendront plus les exilés, ils auront péri en mer avant d’atteindre le port. Le poème sera leur tombeau et s’ils survivent, ce sera dans une chanson de marins, un de ces refrains qu’on reprend en pleine mer pour se donner un peu d’espoir, quand l’attente est trop longue et que la cause est perdue.
Peu importe la nuit au cœur de mon texte, peu importent cette page et ces mots qui s’envolent.
Peu importent ton cœur et ton sexe et tous tes mots qui m’ont fait rêver.
Peu importent les jours et les nuits.
Peu importe.
Reste le poème.
Je te le dédie.