De la neige sur Mars.

Publié le 23 mars 2009 par Wilverge


Ushuaia, Argentine.


À partir d'aujourd'hui, ça devient du sérieux.On s'en va en Terre de Feu, une île au climat inhospitalier, où il peut faire soleil, pleuvoir ou neiger dans la même demi-heure.

Mais, ça ne nous fait pas peur, on est Québécois !

Suite à l'étude du trajet de plus de 4000 kilomètres de Salta à Ushuaia, en comparant les possibilités, on a rapidement compris que l'avion était beaucoup plus avantageux.

Assis dans l'appareil, excités à l'idée de changer de paysage, on est surtout surpris qu'il nous serve un déjeuner !J'aime bien les compagnies qui n'offrent pas le « restaurant on board ».

-Nous nous préparons pour l'atterrissage

-Il est 10h15 AM, le temps est mauvais, les vents sont violents, il pleut et la température extérieure est de 5°C

-De la part de tout l'équipage, nous vous souhaitons la bienvenue à Ushuaia

Après des douanes qui cherchent plus des sandwichs que de la drogue, on essaie d'appeler le camping qui offre un « free pick-up ».On nous répond que l'homme qui fait le service est malade aujourd'hui. On ne pourra même pas profiter de la seule chose gratuite.C'est faux, ce n'est pas la seule, on peut marcher aussi.

L'aéroport est situé sur une presqu'île à quelques kilomètres de la ville. On marche contre le vent puissant admirant les montagnes enneigées, faisant peur aux quelques lièvres maîtres de la place.

Un gémissement au loin nous donne espoir de voir des lions de mer.Malheureusement, dans un quartier résidentiel, les chances sont beaucoup plus fortes que ce soient des chiens ! Des dizaines et des dizaines de chiens qui défendent leur territoire, plus enragés les uns que les autres, derrière leurs clôtures, heureusement.

Le camping est superbe.Au pied d'une pente de ski, la vue sur la ville et la baie, la chose qui nous plaît le plus reste le refuge chauffé au bois.Nous passons la soirée en bonne compagnie française à se raconter des anecdotes de voyage.À minuit, le refuge qui doit fermer est encore plein et personne ne veut sortir affronter le froid et la pluie de la nuit.Surtout pas nous avec mon sac de couchage 15°C et celui de Nad que nous avons acheté dans une épicerie à Buenos Aires !

La première nuit est difficile.C'est plus dur qu'on pense dormir en grelottant.Disons que la nuit porte conseil, nous nous achetons deux autres duvets, pas question de geler une autre fois.

L'Argentine promeut Ushuaia comme la ville la plus au Sud du Monde; « la fin del Mundo » comme ils disent, bien que Puerto Williams au Chili soit plus austral.Sur les dépliants touristiques, ils n'hésitent pas à mettre desphotos de manchots Empereurs même si c'est seulement en Antarctique qu'ils vivent. Bref, de la grosse publicité mensongère.

À la fin du Monde, on n'est pas dans la misère.Vous pouvez vous acheter un ordinateur dernier cri, des bijoux luxueux ou de l'équipement de camping digne de la Nasa.À la fin du Monde, vous pouvez vous acheter des bottes de marche à 500 CAD et les mettre dans un aquarium.Ici, à la fin du Monde, les taxis ont des compteurs, les épiceries sont bien garnies et les cafés sont Wi-Fi.Ici à la fin du Monde, c'est le point de départ pour les croisières haut de gamme en Antarctique, ce qui explique tout.

Mis à part les quelques voyageurs au camping qui achèvent leurs descentes des Amériques, commencent leur voyage à vélo ou, achèvent leur sixième mois de tour du Monde, on croise beaucoup plus de retraités aisés qui attendent leur départ pour le continent blanc.

Ne pouvant pas se l'offrir, on magasine un peu les tours en bateaux afin d'explorer, du moins, le canal de Beagle.

Les prix sont complètement fous! On va se contenter du parc National.

Ushuaia n'est pas tant un endroit pour les backpackers.À titre d'exemple, la navette pour aller au parc National Tierra del Fuego, à seulement 12 kilomètres du centre-ville, coûte 20 CAD. Ça ne vous paraît peut-être pas cher, mais croyez-moi, c'est de l'abus.

On partage finalement un taxi avec Jane et Jean de Paris pour s'y rendre.Quel beau parc.

Bien que l'environnement ressemble à celui du Canada, même si les castors sont importés de notre pays, on est heureux de marcher dans cette nature intacte. Au bord de l'eau, le vent qui à sculpté les arbres est infini.L'eau saphir contraste avec les montagnes à la cime blanche, c'est franchement magnifique.


La baleine qui nous offre un spectacle dans la baie couronne le tout.Les deux Français qui nous accompagnent sont d'autant plus affolés à la vue du grand mammifère.C'est même un baptême balénien pour Jean !

À quand Tadoussac mon ami ? Tu capoterais!

Ushuaia offre aussi une bonne possibilité de trek.On choisit de faire celui qui va au glacier Martial, une attraction hautement publicisée ici.Par mégarde, on laisse la carte dans la tente, trop paresseux pour retourner la chercher.On se fit alors à nos instincts pour trouver notre chemin et choisir entre les différents embranchements de sentier.

Dernière fois que j'oublie une carte.

Impossible de se fier au sens de l'orientation féminin, surtout pas en forêt.La femme perdue qui ne veut pas se l'avouer est facilement irritable et c'est difficile de s'en sortir sans égratignure.

Sans blague, à deux on s'est rendu assez rapidement malgré le fait qu'on a emprunté un sentier qui ressemblait davantage à une tourbière.

Arrivés là-bas, deux options s'offrent à nous : monter en télésiège ou marcher.Vous connaissez notre choix.

C'est en haut qu'on a la surprise, on se rend compte que le glacier Martial n'est qu'en fait le tas de neige que l'on voit du centre-ville.On pensait qu'il serait caché par le flanc de montagne, mais non.Quelques mètres cubes de neige un peu sale sur un tas de roches un peu salissantes.

Vous appelez ça un glacier ?

C'est gros comme les bancs de neige devant nos maisons !

Enfin, la fin du Monde est finie, on reprend la route demain.Des pingouins attendent notre visite avant de repartir en Antarctique.

-Will