En période de crise, le peuple doit se taire. Pour lui, il importe non seulement de manifester en silence, mais également de souffrir sans le moindre
bruit. Hier à Saint-Quentin, Nicolas Sarkozy n’a pas entendu les manifestants devant la Bourse du travail. Au propre comme au figuré, il en était loin. L’exercice d’autosatisfaction du Palais des
Sports n’autorisait, il est vrai, aucun sifflet, aucune fausse note. Tout était d’ailleurs organisé pour qu’il en soit ainsi. La ville cadenassée, les manifestants tenus à distance : le meeting
présidentiel ne serait pas gâché.
Il en est désormais ainsi. Alors que la crise s’installe plus profonde et plus durable, que les 300 000 demandeurs d’emplois supplémentaires prévus cette année seront atteints dans les six
premiers mois, le Président de la République se paie de mots. Qu’importent les maux, les autres, ceux justement subis par les autres.
A Saint-Quentin, comme dans la vie, d’un côté les amis, de l’autre ceux qui défilent et qui défient. Aux premiers les égards, aux seconds le mépris. Nicolas Sarkozy est ainsi redevenu le
Président qu’il n’a jamais cessé d’être : celui d’un parti. Le sien. S’il en a donné les clefs à Xavier Bertrand, il en a soigneusement conservé tous les doubles.
Aucune remise en cause. Aucune erreur reconnue. Un zeste d’indignation, un geste de compassion : de plus en plus, chez lui, obstination rime avec inaction. Une énième loi promise pour
encadrer les bonus patronaux, une nouvelle promesse en faveur de l’emploi des jeunes, le monde change, sauf le discours présidentiel.
Par Jean-Jacques THOMAS,
Premier Secrétaire Fédéral de l’Aisne du Parti Socialiste.