Au risque de froisser les tenants d’une certaine orthodoxie économique, avec l’intrusion de paradigmes et de modčles non certifiés, une utopie s’affirme sans doute lŕ oů une stratégie pour cesser de penser en rond s’impose.
La Figure de Fraser, comme l’étude sérieuse, philosophique, du ressassement, nous confirme que le changement prend des chemins qui généralement sont buissonniers avec quelques épines. Pas d’autoroutes sécurisées pour envisager demain. Parmi les images offertes, nous serions engagés sur un pont qui nous mčnerait nul part et l’emprunter, surprise, ce nul part est digne d’intéręt.
Les trop pleins avec les mots-dits caractérisent l’Economie Sociale et Solidaire, un excčs d’amour dans un monde de brutes, c’est le roman " Gros câlin " d’Emile Ajar (Romain Gary) qui vient ŕ l’esprit pour faire un détour littéraire et facétieux.
Les déliés, en manque de liens, la société globale fracassée oů surnage ici et lŕ des archipels de solidarité, les trop pleins. Suivant le principe de la percolation avec l’aimable complicité de l’honorable profession des cabaretiers (qui vont répercuter la baisse de la TVA concédée par Bruxelles) suivant le principe de la percolation, la société globale va intégrer un dose d’ESS pour devenir plus vivable et plus présentable. Cette thčse ou hypothčse, satisfaisante et applaudie pour et par les nantis, n’est pas satisfaisante si nous sommes attentifs ŕ la longueur du lien et ŕ sa résistance aux contraintes. Tous les matelots, maçons et montagnards escaladeurs (avec les mains, la tęte et les jambes) connaissent ces nécessités vitales.
L’ESS a autant de ficelles que de gros cordages parfois un peu érodés, mais elle ne manque pas de liens. Les déliés non plus si nous y regardons de plus pręt, sauf que structurellement les liens chez les déliés ont une durée de vie surdéterminée par une surproduction de liens éphémčres (les ficelles), des objets consommables dans l’urgence avant d’ętre rapidement périmés. Ce trop de biens-faux liens laissent déliés.
La distance qui sépare les voisins męme impose une plongée vers quelques racines et exigences communes qui font dire au philosophe Paul Ricœur que c’est en profondeur que les distances diminuent. Donc plongeons !
L’apparente distance en surface entre les pratiques culturelles, économiques et sociales de l’ESS et celles des " autres " justifie le jeu superficiel du " je t’aime , moi non plus !" . Une économie relationnelle qui s’impose pour exister dans l’immédiat mais pas pour durer quand une légčre agitation sous la surface met en lumičre les enjeux qui ne sont pas que du paraître, mais existentiels. Le développement durable et les acteurs de " la gouvernance " ŕ tous les étages sont concernés.
Animafac, le MRJC et la JOC viennent de réaliser une étude portant sur les spécificités des associations de jeunes. Ces travaux insistent sur le fait que ces associations développent une ingénierie de formation, formelle et informelle, qui permet ŕ leurs membres d’acquérir de nombreuses compétences. Des savoir-faire et savoir-ętre qui seront par la suite mobilisables sur un C.V. Pour mettre en débat les conclusions de cette étude, Animafac, le MRJC et la JOC organisent le samedi 4 avril ŕ la Cité des Sciences ŕ Paris, un colloque intitulé " Apprendre ŕ diriger ; les associations de jeunes comme vivier de compétences ", Le Haut-Commissaire ŕ la Jeunesse Martin Hirsch interviendra ŕ cette occasion.
Sous la surface donc, s’agitent des acteurs qui écrivent des scénarii pour demain et aprčs-demain. Pas un film, pas seulement du spectacle vivant, la vie devant soi (nous dedans ?) sur la vaste scčne du monde réel.
Si l’ESS ne prend pas la mesure de l’urgence de mettre en culture chez les enfants et les jeunes ce qui la distingue au sein de l’économie plurielle, elle aura une drôle de figure pour se plaindre d’avoir été flouée par les maquignons que l’auront soldée sur l’autel de la compétitivité.
Bienvenue dans cette lecture solidaire de l’espace-temps qui déroule ses arcanes, soumise ŕ l’objection.
Objectez et étonnons-nous, nécessités démocratiques !