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AZF : la thèse de l'attentat écartée par les experts
Le chef du collège d'experts judicaires, spécialiste en explosifs, met en avant la forme du cratère observée sur le site.
[FIGARO] Face aux
avocats de la société Grande Paroisse qui échangent des sourires gourmands en attendant de pouvoir l'interroger, Daniel Van Schendel fait songer à une proie qui, cernée par une meute de grands
fauves, aurait décidé de vendre chèrement sa peau. Tout au long de l'enquête sur l'explosion de l'usine AZF, le chef du collège d'experts judiciaires a vu ses compétences vertement mises en cause
tant par la défense que par certaines parties civiles. Mardi, à l'occasion de sa première déposition devant le tribunal correctionnel, il s'est efforcé de défendre la première «note expertale»
remise au parquet de Toulouse, le 28 septembre 2001.
Un peu tassé dans sa veste sombre, large calvitie et visage émacié, Daniel Van Schendel retrace les observations qui l'ont conduit à privilégier, dans ce document rédigé une semaine après la
catastrophe, «une origine accidentelle liée aux mauvaises conditions de stockage et à l'hétérogénéité du nitrate d'ammonium entreposé». Cet expert artificier affirme s'être fondé sur
l'observation du cratère dont la «profonde dissymétrie» l'a, explique-t-il, «profondément interpellé». «Clairement, il nous est apparu qu'un attentat causé par un explosif placé au cœur du tas de
nitrate n'aurait pas abouti à un cratère de ce type», résume-t-il à la barre.
«Il s'agit d'un dérapage»
Intrigué, le président Le Monnyer l'interroge : «Dans une affaire aussi complexe, sept jours pour livrer une première hypothèse, cela paraît très court.
N'aurait-il pas été préférable de prendre un peu plus de temps ?
- Effectivement, on s'est un peu positionné… On aurait pu être plus prudent.
- Le procureur de la République, qui était sur le point d'ouvrir une information judiciaire, vous a-t-il poussé à produire cette note aussi rapidement ?
- Il est vrai qu'il en avait besoin… Mais nous avons bénéficié d'une totale liberté d'action tout au long de notre travail.»
Veste bleue et cravate rouge, silhouette arrondie, voici justement le procureur Michel Bréard qui se présente pour évoquer, d'une voix basse et posée, les circonstances dans lesquelles il a
indiqué, trois jours seulement après l'explosion, qu'il privilégiait la piste accidentelle «à plus de 90 %». «À l'époque, j'étais contraint d'opter rapidement soit pour la thèse volontaire,
soit pour la thèse accidentelle, tente de justifier le magistrat. J'ai donc eu cette formule malheureuse lors d'une conférence de presse. Aujourd'hui, je reconnais qu'il s'agit d'un
dérapage.»
Cherchant à pousser cet avantage, Me Jean-Luc Forget se lève alors pour interroger le témoin sur les informations qui l'ont, à la même époque, conduit à évoquer «un processus
physico-chimique qui a pu s'étendre sur quatre-vingts ans». «J'avais pris conseil auprès de Daniel Van Schendel», justifie Michel Bréard, non sans un certain embarras. Dans la salle, un murmure
parcourt les rangs de la défense. Interrogé un peu plus tôt sur la question de savoir si cette hypothèse lui paraissait, ou non, sérieuse, M. Van Schendel avait, il est vrai, répondu :
«Je pense que non. D'ailleurs, je n'ai jamais rien dit de tel à M. Bréard.»