L’ENA se réforme pour redorer son blason

Publié le 25 mars 2009 par Etudium

Le gouvernement va dépoussiérer cette institution en perte de vitesse auprès des entreprises privées.
Alors même qu’Éric Woerth, ministre du Budget et André Santini, secrétaire d’État à la Fonction publique présentent mercredi une réforme du concours de l’ENA (la suppression du classement de sortie et une formation moins académique), les pamphlets contre cette école sont toujours aussi nombreux. Les recrues de cette prestigieuse institution seraient hautaines, isolées dans leur tour d’ivoire, technocrates, inefficaces. De moins en moins d’étudiants auraient l’idée de présenter le concours d’entrée. «L’attractivité de la haute fonction publique est-elle en déclin ?», s’était même interrogé Louis Schweitzer dans un article publié dans Politiques, il y a deux ans.
Certes, le nombre de candidats aux concours d’entrée de l’ENA faiblit légèrement, mais le nombre de postes offerts a également baissé (passant de 110 en 1996 à 80 en 2008). La sélectivité légendaire du concours reste donc toujours la même. Seule une personne sur treize inscrites au concours externe a ainsi été admise en 2008. À la direction de l’ENA, on fait observer que les concours sont toujours extrêmement difficiles. Reste qu’un passage par la fonction publique dans une carrière n’est plus autant valorisé aujourd’hui lorsqu’un énarque travaille dans le privé : les grands patrons énarques étaient 20 % jusqu’en 1995. Ils ne seraient plus que 10 % aujourd’hui, selon Jean-François Kesler, ancien directeur adjoint de l’ENA.
Concurrence accrue
Chez Michael Page, cabinet de recrutement de cadres, on indique que les entreprises «ne cherchent pas particulièrement à recruter des énarques. Même si les profils des plus jeunes peuvent être intéressants, car ce sont des têtes bien formées ». L’ENA est en réalité aujourd’hui concurrencée par les meilleures écoles de commerce et d’ingénieurs françaises ou par les cursus universitaires internationaux comme certains MBA ou les diplômes du MIT. L’école n’est plus la meilleure business school de France depuis la fin des années 1990 essentiellement pour des raisons historiques. Quand l’État avait des entreprises publiques nombreuses, par la force des choses beaucoup d’énarques avaient la possibilité d’y faire carrière.

Pour en savoir plus: Le Figaro