Il fait pourtant aujourd’hui la «une» de tous les journaux, en passe de rejoindre, dans la galerie des diri-geants d’entreprise sans vergogne, Antoine Zacharias, PDG naguère évincé de Vinci (BTP) qui réclamait un substantiel «parachute doré» assorti d’une non moins faramineuse «retraite chapeau»…
Or donc, Thierry Morin a été débarqué dernièrement de Valeo, équipementier automobile bien connu, qui a reçu une aide de l’Etat en ces temps de crise frappant de plein fouet l’industrie automobile. A ma connaissance, les difficultés de Valeo remontent nettement plus loin que l’automne dernier, de même que les plans de licen-ciements. Il a en outre multiplié les usines dans les pays à bas coûts, pudiquement rebaptisés «zones à coûts compétitifs»… en d’autres termes : «délocalisations» !
Le Conseil d’administration a pris cette décision en raison de «divergences stratégiques»… Selon le Figaro.fr, «L’actuel PDG a refusé le changement de gouvernance proposé par son conseil et s’est opposé à une révision de la stratégie de l’entreprise» et les Echos relèvent que le Conseil lui reprochait de vouloir «être présent sur trop de marchés et de refuser de se concentrer sur le cœur de métier de Valeo»…
1600 salariés devraient être licenciés prochainement. Eux, ne toucheront aucun «parachute doré». J’espère même pour eux qu’ils ne bénéficieront pas du régime prétendu de faveur des «conventions de reclassement personnalisé» (CRP) puisqu’à ma plus grande indignation j’ai appris que pour percevoir pendant un an 80 % de leur ancien salaire, ils devaient renoncer à leurs primes de licenciement !
C’est quand même extraordinaire : un PDG qui conduit une très grande entreprise à la quasi faillite – 207 millions de pertes en 2008 ! – qui a la prétention de percevoir un «parachute doré» de 3,2 millions d’euros – deux ans de salaire - et les 1600 salariés qui n’y sont strictement pour rien risqueraient de ne même pas toucher leurs primes de licenciement contre une simple «aumone»… Car que feront-ils dans un an ? Il n’est pas certain qu’ils puissent retrouver un emploi ni le même niveau de salaire.
L’indignation est générale. Comme titrait – entre autres journaux – Le Monde : Le parachute doré du PDG de Valeo fait scandale.
J’ai entendu tout à l’heure sur France-Info Laurence Parisot plus que remontée, dire en conclusion que c’était une insulte à l’égard des salariés autant qu’aux patrons des PMI et PME. Le patron de la CGE-PME disant exactement la même chose. Pour une fois, je ne peux qu’être d’accord avec elle…
L’Etat ayant pris une participation de 8,3 % dans le capital de Valeo a donc au moins un représentant au sein du Conseil d’administration du groupe. Ce qui lui permet en théorie d’avoir la minorité de blocage suffisante pour s’opposer aux prétentions de Thierry Morin.
C’est tout du moins ce qu’affirme pour l’instant Luc Chatel, porte-parole du gouvernement. Acceptons en l’augure en souhaitant que l’Etat – entendre Nicolas Sarkozy – ne fasse pas «flanelle» comme l’adepte du double discours nous y a si souvent habitués.
Mais ce n’est pas tout ! Selon Challenges Thierry Morin devrait également par la suite bénéficier d’une non moins substantielle «retraite chapeau» qui lui assurerait à partir de 65 ans (en 2017) une rente équivalente à 55 % de son salaire de fin de carrière, à la seule condition que d’ici-là, il ne travaille pour aucune autre société…
J’espère que cet avantage indu lui sera refusé tout autant que son indemnité de départ.
J’avoue ne pas comprendre la portée de cette clause… Que fera-t-il pendant encore 8 ans ? Je pense que sa fortune de prédateur l’a mis définitivement et suffisamment à l’abri du besoin pour n’avoir pas besoin d’occuper un emploi. Je doute que cette oisiveté forcée lui soit bénéfique pour la culture et l’intelligence : n’est pas Montaigne qui veut !
Mais à tout prendre, cette interdiction d’exercer des fonctions dans une autre société est une fort bonne nouvelle : il a fait suffisamment de dégâts chez Valeo comme ça ! Qu’il n’en fasse point ailleurs…