M6 enquête sur le logement précaire

Publié le 24 mars 2009 par Objectifliberte

Dimanche soir, la chaîne M6 diffusait, lors de l'émission zone interdite, plusieurs reportages relatifs aux marchés "troubles", pour ne pas dire glauques, du "mal-logement". Ce type d'émission, bien que n'ayant pas de valeur statistiquement fiable, dénote à quel point la situation du logement est devenue calamiteuse non seulement dans les grandes agglomérations, mais aussi parfois dans des métropoles provinciales plus petites.

Les situations de mal-logement dont j'analyse froidement les causes dans mon livre deviennent, le temps d'une émission, des visages de personnes et de familles vivant dans des conditions indignes d'un pays prétendûment développé. Et pourtant, il faut garder la tête froide pour ne pas sombrer dans la pseudo-analyse émotionnelle à deux sous, façon Christine Boutin et ses amis socialistes, de droite ou de gauche.

Toutefois, si l'émission ne fut pas tendre avec les propriétaires accusés de tirer parti de la misère immobilière qui frappe ce pays, elle a fait preuve de bien trop de mansuétude vis à vis de l'état, premier responsable de cette décrépitude. Certes, "Zone Interdite" n'est pas "capital", et l'on ne peut demander à toutes les émissions d'aborder le volet économique des choses. Mais l'incurie de l'état (au sens large...) ne faisait que transparaitre à travers plusieurs reportages: la gestion difficile des parcs de logement des offices HLM, création 100% étatique, le détournement par des aigrefins de dispositifs d'aide sociale au logement d'urgence absolument ubuesques, dommages et intérêts prononcés par la justice au détriment de propriétaires manifestement véreux absolument insignifiants (la justice Française refuse le principe des dommages punitifs...)...

Loin de moi l'idée de défendre les loueurs de caves ou de taudis : à partir du moment où l'état place simultanément des barrières légales à leur location, et où il crée toutes les conditions de la pénurie de logements "normaux" (cf. Mon ouvrage, si ce n'est pas de la publicité, ça, qu'est-ce que c'est ?), alors il place de facto le logement "de secours" entre les mains de margoulins dénués de scrupule, dans une zone grise sans contrats. Mais cela ne retire rien au fait qu'aujourd'hui, la seule alternative au taudis de secours, c'est la rue.

Depuis le début des années 80, la construction de logements a été inférieure de 50 à 100 000 unités annuelles à ce qu'il aurait fallu ériger pour non seulement accompagner la démographie du nombre de foyers, mais aussi conserver une bonne fluidité du marché du logement pour accompagner les migrations géographiques et le renouvellement des unités devenues insalubres. Et si il y a aujourd'hui environ 1,9 Millions de logements vacants, seuls un petit quart d'entre eux le sont du fait de propriétaires qui ont volontairement retiré un logement sain du marché, généralement après une expérience malheureuse avec un locataire indélicat. Les autres sont des unités soit insalubres, soit en indivision en attente de règlement de divorce ou de succession, soit en cours de rénovation entre deux locations, soit situées là où le besoin est plus faible...

Les raisons en sont simples: le marché du locatif a été tué par une fiscalité abusive et les lois Quilliot (contrôle des loyers) au début des années 80 (remplacées depuis par les lois Mermaz Malandain, elles mêmes amendées, de même philosophie, en à peine plus soft...), et reste totalement indésirable pour les investisseurs aujourd'hui, sauf carottes fiscales dont on sait qu'elles favorisent le sur-investissement dans les villes à faible tension locative, et ne permettent pas de financer le surcoût de la rareté dans les agglomérations les plus tendues. Quant à l'acquisition, la rareté foncière induite par des règlements anti-construction de plus en plus draconiens en rend le prix trop élevé pour tous les ménages modestes. Et le traitement "social" du mal logement par les HLM, vous savez ce que j'en pense !

Le cas des propriétaires de mobil homes bitterois est symptomatique de l'ineptie des pouvoirs publics, qui édictent une loi littoral qui multiplie le coût du foncier littoral par 10, permettent tout de même, (dans des conditions qui auraient mérité investigation ?), l'édification de mobil homes touristiques, puis s'étonnent qu'environ 10% des propriétaires de ces mobil homes, chassés du logement "normal" par la hausse des prix et la paupérisation salariale, viennent habiter leur mobil home, et décrètent un beau jour que ces gens, à qui on dénie le droit de construire en dur sur des parcelles pourtant viabilisées et qui leur appartiennent, doivent détruire leur seul logement, car le préfet, par application des lois environnementales, veut rendre la zone à l'état "de pure nature". Les 500 familles mises à la rue peuvent pleurer les dizaines de milliers d'euros investis dans un logement de fortune et un terrain qui, par décision administrative, ne valent plus rien. Bon, maintenant que ceux là sont passés à la télévision, ils ont un petit espoir de voir leur situation évoluer dans le bon sens. Mais quid des milliers de familles dans des situations similaires ailleurs ?

Nous ne sortirons de cette crise du logement en libéralisant le foncier et en redonnant de la sécurité juridique à l'investissement locatif privé. Ces mesures ont un coût budgétaire proche de zéro, et feront beaucoup plus que n'importe quel plan Boutin ou amendement Scellier pour permettre aux familles modestes de retrouver un toit digne de ce nom, et avec, l'espoir de revivre une vie normale.

Et, pour gérer la transition, il faut intégrer au cadre juridique légal le "logement de secours", fut il peu respectueux des normes de salubrité et de confort actuelles, afin d'éviter, dans les 3 à 5 ans que durera le retour à la normale dans un cadre libéralisé, que les familles en difficulté n'aient affaire à des quasi mafieux pour trouver un toit. La libéralisation du foncier et de la construction permettra sous quelques années de supprimer du marché par "sélection naturelle" tous les logements indignes qui sont actuellement la seule solution accessible à bien des gens, à leur corps défendant.
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