Les conseillers municipaux réunis lundi à l'Hôtel de ville débattaient des orientations budgétaires de la municipalité. Prévoyant, le maire n'a distribué les documents (budget 2009 et compte administratif 2008) qu'après la séance. Il est vrai qu'à la clôture des débats, il a anonné, histoire de rendre publique, enfin, l'augmentation des impôts locaux fixée à 9 %. Depuis des semaines, il tournait autour du pot mais il a bien fallu lâcher le morceau. J'ai choisi de raconter cette soirée en quelques mots.
Crise : selon le maire, la crise mondiale est responsable des malheurs de la ville. Il manque un million d’euros pour faire face aux dépenses. Qui paiera la crise ? Les Lovériens déjà victimes de…la crise.
Insultes : « sots, minables, petits »…le maire aime les qualificatifs «aimables» pour discréditer son opposition. Il aimerait avoir, face à lui, des adversaires intellectuellement à sa hauteur. Le pire, c’est qu’il le pense.
Faible : l’argumentation synthétique de Patrice Yung, adjoint aux finances. Lui a compris la loi sur le service minimum. En dire le moins possible et le plus confusément possible.
Hypocrisie : alors que le budget primitif 2009 et le compte administratif 2008 étaient imprimés, reliés et mis sous enveloppe, le maire a attendu la fin de la séance du conseil municipal et «les contre-propositions de l’opposition» pour les faire distribuer par ses services. C’est ce qu’on appelle de la tartuferie à 9 %.
Mort : « Si je n’augmente pas les impôts, Louviers est mort ! ». Quelle modestie ! Heureusement, les maires passent et Louviers reste. L’histoire d’une ville ne se résume pas au destin personnel d’un homme providentiel même animés d’états affectifs élémentaires.
Marité : En écrivant dans la revue « Bateaux » que la ville de Louviers participait au financement de la remise en état du voilier chargé d’histoire, le maire a commis une erreur qu’il a reconnue. Personne ne connaît le président de la CASE, a-t-il prétexté, alors que le monde entier connaît le maire de Louviers…surtout quand Pierre Mendès France présidait le conseil municipal.
Compétence : « fongibilité, élasticité, Euribor » tels sont, selon le maire, les trois mots à placer pour faire « compétent » sans l’être vraiment. Michel Doucet en a utilisé deux au cours de son exposé. Le maire suggère que celui qui fut son adjoint aux finances pendant quatorze ans n’est pas celui qu’on croit qu’il est. L’opinion du maire sur Michel Doucet importe peu. Seule celle des Lovériens compte. Lundi prochain (le jour de l’examen du budget) on verra de quel côté se situe la compétence.
Double peine : l’expression est de Sophie Ozanne. En augmentant les impôts et les tarifs municipaux, « les Lovériens sont victimes d’une double peine. »
Poujadistes et droite extrême : En protestant contre la hausse des impôts, l’opposition de gauche se situerait « à la droite extrême, elle serait poujadiste ». « Et je connais l’histoire politique de ce pays ». « L’impôt c’est la solidarité »…Le plus célèbre député poujadiste est Jean-Marie Le Pen. Le maire dira-t-il de Jean-Louis Destans, président socialiste du conseil général, d’Alain Le Vern, président socialiste du conseil régional, qui aident tant financièrement Louviers et la CASE, que ce sont des poujadistes ? On est toujours le poujadiste de quelqu’un et nul besoin de faire le salut fasciste (du bras gauche) en pleine séance pour moquer une intervention de Sophie Ozanne qui interrogeait le maire sur sa façon de concevoir ses rapports avec les villages voisins.
Impôt : « Un moyen de réduire les impôts serait d'organiser une élection chaque année, car il semble que l'année des élections il n'y ait jamais d'augmentation d'impôts. » Auteur anonyme. Le mot impôt n’est pas un gros mot. L’argent n’est pas sale. Tout dépend de ce qu’on fait avec l’argent. Il est des dépenses utiles, des investissements productifs pour l’avenir, mais il est aussi des coûts insupportables, des goûts immodérés pour l’emphase et le toc. Développement durable ? Parlons-en.
Miracle lovérien : 14 ans sans augmentation (ou presque) des impôts ! La bienveillance divine ayant décidé de partir en vacances, le maire programme la restauration de l’église Notre-Dame pour retrouver l’extase…et une promesse de baisse (éventuelle) d’impôt après la crise. Qui peut croire de telles balivernes. Jamais le maire ne baissera les impôts. Ce qui est pris est pris. Il ne le lâchera pas de sitôt.
Modèle : On change de cap et de modèle : « les engagements doivent être respectés sauf si la situation change ». Cela permet tous les reniements, tous les abandons, tous les mensonges. Exemple : « Le rapport sur le DOB, déclare Michel Doucet, ne nous dit rien sur ces 300 000 euros que vous avez trouvés pour arriver à 23.5 millions de recettes » alors même que le budget affiche finalement un total de recettes de 24,5 millions ! Le maire a caché un million d’euros lors du débat public ! Et il voudrait un débat contradictoire !
Logement : « Je ne loge pas les pauvres dans des logements de pauvres, moi. Je loge les pauvres dans des logements de riches. » La Villa Calderon a coûté 5 millions d’euros. Question : les pauvres sont-ils plus riches ?
Ecole de musique : le coût d’un élève (dixit Denis Laheye) est de 1116 euros. Les parents de Louviers et d’ailleurs payent 437 euros. Dorénavant, les extérieurs paieront le tambour, la peau, la caisse et les baguettes…Avis aux habitants de La Haye-le-Comte qui habitent des pavillons avec jardin de l’autre côté de la rue (qui partage Louviers et le village) et bénéficient de quatre fois moins d’imposition. L’ami Jean-Pierre Auger n’a qu’à bien se tenir. Il va falloir sortir les euros.
Cession : vente de biens communaux estimée au budget primitif et non réalisée au compte administratif. C’est ce qu’on appelle un budget non sincère.
Michel Doucet : « Franck, tu noies le poisson ».
Christian Renoncourt : « Quand on ne peut se payer qu’une Twingo on n’achète pas une grosse Berline allemande ».
Olivier Aubert : « ce débat d’orientations budgétaires est un simulacre de démocratie. »
Sophie Ozanne : « Revenez sur l'augmentation des impôts, c'est une mauvaise décision. »
Franck Martin : « Jean-Charles Houel, ici présent a écrit, parlant de l’augmentation d’impôts d’Henri Fromentin, ancien maire : « 15 % c’est raisonnable ». Le premier ministre d’alors s’appelait Raymond Barre et le taux d’inflation était de 14 %. Fermez le ban.