Est-ce l'actualité autour du salon du livre avec le Mexique comme invité de l'année qui influence ces vagabondages ? Non, l'attirance pour les sonorités latines, la chaleur des couleurs, l'insolence des tempéraments m'ont toujours boulversée. La raison se trouve peut-être dans une enfance trimbalée par un père toujours avide de découverte: une escale à Accapulco en 1971 comme un court séjour en 73 entre Buenos-Aires, Santiago et Rio ont fixé à jamais les sensations.
Ici, Lila Downs magnifique chanteuse remarquée dans le film de Salma Hayek, Frida Kahlo, où elle partage l'environnement musical avec Chavela Vargas, reprend une composition de Alvaro Carillo grande figure de la scène mexicaine. Son apparence exotique, typée dans ses choix vestimentaires, marque une appartenance à une culture comme le faisait déjà Frida à son époque. Il faut une réelle fierté et du talent pour arborrer ces signes distinctifs puisés dans un patrimoine tout en proposant une vision personnelle et contemporaine d'un art.
Tout récemment une attitude et des paroles de la part d'une "créatrice" de mode m'ont interpelée à propos des produits bretons que je fabrique et peins, le sous-entendu étant "produits à touriste" à qui l'on ote la noblesse de la Création. Sans doute suis-je susceptible ou ai-je perçu une pointe de mépris là ou il n'y en avait pas. J'avoue être inspirée par la forte identité du pays que j'habite et qu'ont chéri quelques ancêtres avant moi, mais aussi être influencée par la diversité des talents extérieurs. Après tout, si les kokeshi poupées japonaises perdurent depuis cinq siècles, l'autochtone à qui s'adresse en premier lieu l'objet et le touriste étranger ont peut-être bon goût, et, les Breizh Kokeshi une longue carrière devant eux ?