Le Tournoi est terminé. L’heure est au bilan. Celui de l’équipe de France est mauvais (Un bon match contre le Pays de Galles, une victoire sans grande signification contre l’Italie, trois matches ratés contre l’Irlande (deuxième mi-temps), l’Ecosse (en dépit de la victoire), et la branlée contre l’Angleterre.
En cause, le staff de l’équipe de France. Les critiques commencent à tomber sur Marc Liévremont et son équipe. La plus intéressante est venue de Pierre Berbizier, ancien entraîneur de l’équipe de France et de l’équipe d’Italie (quand celle-ci parvenait à gagner 2 matches dans un même Tournoi).
Dans le Journal du Dimanche Pierre Berbizier déclare : "Le XV de France n’est pas un laboratoire". Et je partage cet avis. Il s’insurge contre le discours de Jo Maso quand il affirme : "On va être champions du monde dans quatre ans" et lui répond : "Il faut définir un jeu efficace et faire la meilleure équipe du moment, pas une équipe virtuelle pour 2001."
J’apprends que certains dirigeants de la Fédération Française de Rugby voudraient remplacer Liévremont par Galthié ou Lagisquet. Le Président Camou s’y oppose. Il conserve sa confiance à l’actuel entraîneur du XV de France mis en place par la DTN. Et sous influence de cette DTN me dit on.
Si Marc Liévremont doit rester aux affaires, il faut au moins qu’il tire les enseignement d’un bilan personnel plutôt mitigé : 8 victoires pour 7 défaites. (Bernard Laporte n’avait pas fait mieux s’agissant de 15 premiers matches de son premier mandat).
La première erreur du sélectionneur national c’est de persister à construire une sélection sans un "buteur professionnel". Le match Galles-Irlande, terminé en partie de football (drop de Stephen Jones contre drop d’O’Gara, pénalité de la gagne manquée par Stephen Jones) a démontré, si besoin était, qu’au niveau international le rôle du buteur devient essentiel quand le match est serré et quand le résultat se joue au foot dans les dernières minutes.
La deuxième erreur de Liévremont a été de changer de cap par rapport à ses intentions de départ quand il s’est présenté comme le sélectionneur de la rupture. Pour mémoire je vous rappelle le premier match international de l’ère Liévremont en ouverture du Tournoi 2008 :
Trois essais, du jeu et de belles intentions, le XV de France a marqué les esprits et les corps écossais en s’imposant à Murrayfield (27-6).
"Dimanche 3 février 2008 à Murrayfield (Edimbourg), France bat Ecosse 27-6 (mi-temps : 17-6)
Arbitre : Alain ROLLAND (Irl)
Ecosse : 1 pénalité (28) et 1 drop (3) Parks
France : 3 essais Clerc (12, 65), Malzieu (23), 3 transformations Elissalde (10, 22), Skrela (63) 2 pénalités (17, 52) Traille
ECOSSE : R. Lamont - Walker, De Luca, Henderson, Webster - (o) Parks (Paterson, 59) - (m) Blair (Cusiter, 65) - Barclay, Callam (Brown, 49), Ja. White (cap) - Hamilton (McLeod, 54), Hines - E. Murray (Kerr, 57), Ford, (Thomson, 75), Jacobsen
FRANCE : Heymans - Malzieu, Marty, Traille, Clerc (Rougerie, 72) - (o) Trinh-Duc (Skrela, 57) - (m) Elissalde (Parra, 65) - Dusautoir, Vermeulen (Bonnaire, 53), Ouedraogo - Nallet (cap), Jacquet (Mela, 61) - Brugnaut (Mas, 49), Servat (Szarzewski, 49), Faure."
Certains de ces joueurs n’ont pas été reconduits cette année dans le Tournoi pour cause de blessure ou choix de l’entraîneur : Marty, Clerc, Rougerie, Skrela, Elissalde, Vermeulen, Jacquet, Mela et Brugnaut.
En revanche on a vu réapparaître en cours de Tournoi des anciens tauliers de l’ère Laporte : Marconnet, Thion, Bonnaire, Traille. Et surtout Chabal dont Liévremont ne voulait pas quand il a pris les clés du camion.
Cela ressemble à de la navigation à vue. Un pas en avant, un pas en arrière. Pourquoi ? Je cherche la réponse. Je ne la trouve que dans cette réflexion de Pierre Berbizier : "Le rugby français est organisé pour que durent les gens en place, pas pour gagner. Où ont été réinvestis les bénéfices de la Coupe du Monde ?"
Si la France est dans le creux de la vague, l’Angleterre aussi qui n’a rien gagné depuis 2003, année de sa dernière victoire dans le Tournoi et de sa victoire en Coupe du Monde. Comme par hasard, le rugby français repose sur le même modèle que le rugby anglais, celui des clubs.
Pendant ce temps, l’Irlande - qui a été très longtemps le mauvais élève de la classe du temps du rugby amateur - récolte les fruits du rassemblement de son élite autour de trois provinces, 3 Coupe d’Europe gagnées : Munster deux fois et Ulster, et Grand Chelem dans le Tournoi 2009, ce qui ne lui était pas arrivé depuis 1948.
On comprend mieux ce que veut dire Marc Liévremont - qui n’a pas tous les tords dans les échecs du rugby français - quand il suggère de regarder vers l’Irlande et de s’inspirer de ce modèle.