Entre les murs se positionnait comme un pseudo documentaire qui à partir de scènes proches du “vécu” essayait de faire passer le désordre, le copinage et la démagogie pour une méthode d’enseignement.
La journée de la jupe est une fiction pure qui à partir d’une histoire improbable et violente (une prof de français s’empare du révolver d’un élève et glisse vers la prise d’otages) dénonce les tabous des “cités” et les renoncements du système éducatif (le principal qui ne soutient pas ses profs, le prof qui “s’adapte” et cite le Coran…).
Là où Bégaudeau à force de compromis et de lâcheté “achète la paix sociale” tout en masquant mal son mépris, Mme Bergerac prend ses élèves de front et les met face à leurs contradictions, leur violence verbale, leur hypocrisie religieuse, leur antisémitisme, leur machisme. Parce qu’au fond elle les estime assez pour vouloir à tout pris les faire accéder au théâtre de Molière.
Quand Bégaudeau traite une élève de “pétasse” en feignant ignorer la charge sémantique de ce mot, Mme Bergerac réclame une journée de la jupe pour que ce vêtement ne soit plus le signe de la pute, ce que la ministre, restée aux revendications féministes des années 70, ne comprend pas…
Isabelle Adjani joue très juste et est magnifique, ce qui ne gâche rien (tiens ! père algérien, mère allemande, prénom français, carrière atypique : serait-ce encore possible aujourd’hui ?).
Ce film qui a fait un record d’audience sur Arte vendredi dernier (2,2 millions de téléspectateurs) sort demain dans les salles. A voir absolument.
Hep ! Au fait, la journée de la jupe, ça existe, c’est le printemps de la jupe.