Nicolas Sarkozy et son gouvernement désignent depuis plusieurs mois les patrons, et leurs rémunérations jugées excessives dans certains cas, comme bouc-émissaires de la crise. Le président, relayé par son premier collaborateur Fillon, a rappelé qu'il était prêt à légiférer sur le partage de la valeur. Jeudi dernier, François Fillon a exigé des patrons une modération de leurs rémunérations variables.
Mais, au fait, combien coûte notre cher Président aux contribuables français ? Quelle est sa rémunération ? S'est-il lui aussi modéré depuis la crise ?
La rémunération
On se rappelle tous la belle augmentation de salaire que le président s'est accordé quelques mois après son accession à l'Elysée. Il touche désormais « 250 302 euros bruts par an, soit 20 858 euros bruts par mois », comme le rappelait le député René Dosière. De l'argent de poche, puisqu'il est nourri, logé, blanchi, "voyagé" aux frais de l'Etat (ce qui est normal)... et même invité gratuitement dans certaines destinations.
Globalement, les frais de réception et de déplacements de l'Elysée ont subi une envolée extraordinaire depuis que Nicolas Sarkozy est président : +100% pour les réceptions (2009 versus 2008), +30% pour les déplacements en 2009 (versus 2008). Ces derniers ont triplé par rapport à la présidence Chirac.
Les cadeaux
Par définition, ils ne coûtent rien au budget de l'Etat (même s'ils posent d'autres soucis éthiques). On pourrait qualifier de "cadeaux d'affaires" les multiples invitations privées dont bénéficie régulièrement Nicolas Sarkozy. Ainsi au Mexique le 5 mars dernier, un groupe d'industriels lui a offert 2 jours et demi de villégiature de luxe, pour un coût estimé à 50 000 euros environ. A Mégève en février dernier, le couple présidentiel s'est fait prêté quelques 4X4 Nissan pour un week-end en amoureux dans la station de ski.
Dans certaines grandes entreprises, les cadeaux d'affaires sont très strictement encadrés, voire interdits. Pas en Sarkofrance.
Les déplacements pharaoniques
Chaque préfet conserve en mémoire le triste sort de leur collègue de la Manche, muté en quelques heures à cause de manifestants bruyants lors des vœux à l'Education Nationale le 12 janvier dernier à Saint Lô. Désormais, chaque déplacement présidentiel en province ressemble à une opération "ville morte" tant le déploiement des forces de l'ordre est massif.
Ainsi le 3 mars dernier, Sarkozy venait dans la Drôme de 11h à 14h, pour visiter l'école de Chatuzange-le-Goubet et discourir dans la salle polyvalente d’Alixan: 1265 gendarmes déployés, garde 24h sur 24 de la gare et de l'aérodrome de Chabeuil, acheminement par convoi exceptionnel depuis Lyon d'un escalier pour la descente d'Airbus (Sarkozy est venu en Airbus, plutôt que d'utiliser l'un des Falcon de la République), 60 voitures normalement garées à la gare envoyées à la fourrière, mise à disposition de deux hélicoptères pour le président sur place, vin d'honneur avec 3 000 personnes.
Le 5 mars dernier, lors de son voyage au Mexique, l'avion présidentiel a mis 19 heures pour rallier sa destination quand un avion de ligne met environ 12 heures. Quand il a emmené Carla Bruni en déplacement pré-nuptial en Egypte, pendant les vacances de Noël 2007, 3 avions ont accompagné le couple présidentiel.
Les avions
Nicolas Sarkozy aime effectivement voyager en avion. C'est coûteux, mais rapide. Au budget de l'Elysée pour 2009, les déplacements en avion auraient été chiffrés à 10 millions d'euros. Même pour un déplacement en province, il part en flotte ou en Airbus: Dijon (décembre 2007; 2 avions), Pau (janvier 2008, 3 avions); Drôme (mars 2009; un Airbus). Quand il voyage à l'étranger, Nicolas Sarkozy prend désormais son nouvel Airbus. L'été dernier, du 21 juillet au 29 août, le président est resté quelques 5 semaines en vacances, interrompues par des allers et retour avec la résidence du Cap Nègre. Le mensuel Terra Eco avait publié, en octobre dernier, le bilan carbone du président français. Un bilan meilleur que ses collègues allemand et anglais grâce à son avion de l'époque (un A319).
Depuis, il s'est équipé d'un A330, plus gourmand, et même doté d'une cafetière à 25 000 euros. Pour les mêmes déplacements que ceux effectués en 2007/2008, le bilan carbone de Nicolas Sarkozy aurait excédé ses partenaires européens s'il avait utilisé un tel avion:
"Un minimum de 7061 tonnes équivalent CO2 : voici la quantité de gaz à effet de serre rejetée dans l’atmosphère par Nicolas Sarkozy au cours de ses déplacements officiels des onze derniers mois. C’est-à-dire depuis la signature du « Grenelle de l’environnement », le 26 octobre 2007, en présence du prix Nobel de la paix Al Gore. Précision : le renouvellement en cours de la flotte élyséenne, et le changement pour un avion long courrier plus lourd que l’avion présidentiel actuel, devrait avoir un impact à la hausse sur ces chiffres. Selon nos estimations, si Nicolas Sarkozy maintient le rythme de ses déplacements pour l’année à venir, ses émissions de gaz à effet de serre passeraient de 7061 tonnes équivalent CO2 à 13956 tonnes."L'essentiel de ses voyages sont professionnels. Mais les destinations les plus prestigieuses s'accompagnent régulièrement de jours de repos privés: ce fut le cas des voyages officiels en Egypte en décembre 2007, en Jordanie en janvier 2008, en Afrique de Sud en février 2008, à New York en septembre 2009, à Rio de Janeiro en décembre 2008, à Mégève en février 2009, ou au Mexique en mars 2009.
On résume : 250 000 euros, environ 5 voyages internationaux privés à 50 000 euros le bout. Fichtre ! Si l'on ajoute les billets d'avions et la blanchisserie élyséenne, le train de vie présidentiel dépasse les 500 000 euros par an !
L'Elysée est une "petite entreprise qui ne connaît pas la crise."&alt;=rss