On ne peut qu’éprouver une certaine compassion à l’égard de la pauvre Martine Aubry, obligée de faire un discours au zénith, devant une salle au 2/3 vide. Rien n’est plus « traumatisant » qu’un tel camouflé. Recouvrir des sièges avec des bâches pour tenter de faire disparaître le vide doit être éprouvant.
Ce bide n’a que peu d’importance au fond, comme le souligne la première secrétaire : «Ce n’est pas si mal pour un parti qui reprend l’habitude de travailler». Mais ça fait un peu désordre.
S’il y a « faute », c’est à l’organisation qu’il faut s’en prendre. En premier lieu, on n’annonce pas à grand renfort de trompes une belle et grande manifestation quand on est pas certain du succès.
Ensuite, le thème choisi doit être particulièrement mobilisateur et manifestement « les libertés menacées » ne l’a pas été.
Nos concitoyens ne ressentent pas la menace ; ils sont en revanche soucieux de leur sécurité et le PS refuse toujours le sujet. Cette méconnaissance profonde de la réalité populaire est assez préoccupante quand on se veut être « le » parti de ce peuple. Faute de pouvoir présenter un programme alternatif crédible, Aubry se réfugie dans la politique du slogan. Présenter la France de Nicolas Sarkozy comme un quasi-État policier et affirmer que “bientôt il sera trop tard“, c’est évidemment taper à côté de la plaque.
Manuel Valls, proche de Ségolène Royal, résume assez bien la question quand il juge que le livre noir a «raté sa cible». Pour lui, le PS doit «refuser le faux choix entre la liberté et la sécurité» avec plus loin, «C’est même précisément parce que la droite échoue à rétablir cette sécurité dans les quartiers populaires que nous devons rappeler -sans honte et sans faiblesse- qu’elle est l’une des premières liberté des citoyens qui y vivent». David Assouline, faussement conciliant, a quant à lui opposé cette manifestation ratée au succès du «rassemblement de la fraternité» organisé en septembre dernier au même endroit en des termes choisis : «C’était un rassemblement populaire et festif, là c’est un forum de débat» … Un enterrement de première classe …
Il est toujours très mauvais de vouloir copier l’adversaire, en l’occurrence Ségolène Royal, sur son propre terrain. La dame du Poitou avait réalisé une véritable performance scénique au Zénith, controversée d’ailleurs, en mêlant adroitement les groupes de rock, le star système, les chanteurs et une batterie d’artistes à un discours politique qui finalement n’occupait que 20 minutes du « spectacle » : « Fraternité … fraternité … ». Sanseverino n’a pas fait le poids !Les deux méthodes pour remplir une grande salle ne souffre aucune comparaison. Martine Aubry devrait comprendre qu’en s’engageant dans ce type de concurrence, elle a perdu d’avance. On ne va jamais jouer sur le terrain de l’autre et il y a toujours gros à perdre en abandonnant sa propre personnalité.
Quand on va au Zénith, on se donne les moyens de le remplir. Très critiquée à l’époque par la vieille garde du parti, Ségolène Royal avait mobilisé un samedi après-midi plus de 5 000 personnes. « Qui d’autre au PS peut faire mieux?” s’était-elle interrogée. La réponse vient d’être donnée : personne ! Martine Aubry à l’époque critiquait cette approche “spectacle” de la politique : elle est tombée dans le piège mais en faisant le bide !Le prochain bide, ce sera les “européennes” et la Dame du Poitou pourra ainsi entonner à nouveau :“Qui peut faire mieux que moi, 27% au premier tour ?”
Afin de calmer cette angoisse donnons le mot de la fin à Harlem Désir : « La seule question est de savoir si la salle était bien formatée pour la réunion» ? On ne peut faire plus pragmatique.
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