Janvier 1995, hôtel Yalta à Prague. Youki Robin, vingt-six ans, renaît à la vie après de lourdes épreuves... Pour cette jeune étudiante française, ce voyage est une sorte de quête à la recherche de ses origines. Elle désire rencontrer le prix Nobel et poète tchèque, Pavel Kampa, dans le cadre de sa thèse sur Robert Desnos (Kampa avait recueilli le dernier souffle de ce dernier, en 1945, à la sortie du camp de Terezin).
L'interview
La mort du poète Robert Desnos dans le camp de Terezin en 1945 est au coeur de votre roman. Y a-t-il eu réellement une polémique autour des poèmes que Desnos a écrit en captivité ?
Olivier et Patrick Poivre d'Arvor : Ces poèmes sont l'intervention des romanciers que nous sommes. Cependant, deux infirmiers tchèques ont bien découvert Desnos quelques heures avant sa mort et l'ont reconnu. Et un poème qu'il portait sur lui a été pris pour un inédit, puis traduit et publié à Prague... Il s'est avéré ensuite qu'il s'agissait d'un texte ancien J'ai tant rêvé de toi... Quoi qu'il en soit, nous voulions que Desnos soit le fil poétique de notre roman.
Le tatouage que porte votre héroïne Youki, un ours regardant une comète, a un rôle majeur. Est-ce en quelque sorte la clé du roman ?
Olivier et Patrick Poivre d'Arvor : C'est la rencontre impossible entre deux mondes, l'épaisseur virile, la fugacité des étoiles. Une rencontre gravée dans la chair, érotique, reproduite de mère en fille. C'est l'amour avec son lot de dérision, de tendresse.
Tout le récit se passe en une journée de janvier 1995, pourquoi avoir choisi cette date ?
Olivier et Patrick Poivre d'Arvor : Ce 27 janvier 1995, Solenn, la fille de Patrick, s'est donné la mort. On ne conjure pas pareille disparition, mais nous avons toujours besoin de dédier cette journée, chaque année, à autre chose que la douleur : en l'occurence, avec un roman, de la création, de la vie. La poésie est un abri, disait Desnos. Les femmes et les hommes d'aujourd'hui ont besoin de se protéger, en s'abritant derrière la poésie, on voit le monde autrement.