Cette lettre d’information spéciale « financements » arrive ŕ point nommé. En quelques mois la situation économique et sociale a changé du tout au tout. Si notre mission est de témoigner des réalités vécues aujourd’hui par les associations, nous avons le devoir de voir plus loin et de dresser des perspectives. En ce sens, la crise est une opportunité pour repenser notre rapport ŕ l’économie et le rôle respectif du marché, de l’Etat et de la société civile pour construire une société plus juste. Si nous ne comprenons pas les problčmes de cette crise, ils se reproduiront ŕ coup sűr. Nous constatons donc la faillite d’un systčme financier non régulé, nous constatons également la grande difficulté qu’ont les Etats, derniers recours, ŕ répondre de maničre efficace aux conséquences de cette crise. Les grandes entreprises, elles, poursuivent leur processus de concentration dans une économie objectivement oligopolistique.
« Les gens sont la solution, pas le problčme ». Cette maxime est aujourd’hui celle de la plupart des dirigeants des pays en crise. Si on la prend au pied de la lettre, elle devient un puissant levier de changement. Ainsi, nos propositions pour un partenariat associations/pouvoirs publics - basé sur le modčle de la convention de financement - visent le maintien et la préservation de l’initiative citoyenne. Cet outil juridique est un préalable ŕ la mise en œuvre de l’action publique en partenariat avec les associations. L’extension de la commande publique et de la marchandisation n’est pas la solution aux défis que nous avons ŕ relever pour répondre ensemble aux besoins sociaux et sociétaux. Nous pouvons faire de grandes choses demain en faisant confiance au secteur non lucratif pour des missions d’intéręt général.
Cette société plus juste, de l’aprčs-crise, nécessite une vision plus ouverte de la place de l’Homme dans notre société et notre économie. Combien de personnes se sentent inquičtes pour leur avenir, s’estimant trahies dans leur adhésion ŕ la société de consommation ? Il faut soutenir – y compris par une politique associative ambitieuse – une diversification des modes de vie. Ne pas tout miser sur une relance de l’investissement ou de la consommation pour produire plus ou consommer plus. Il faut aussi stimuler la citoyenneté, l’engagement responsable des femmes et des hommes pour répondre ŕ leurs inquiétudes actuelles légitimes. La fonction éducative des associations peut permettre de développer un « capital social », un véritable réseau de sociabilité, mais aussi des compétences et des connaissances pour mieux travailler demain.
Nous avons la confirmation aujourd’hui que ce tiendra une Conférence nationale de la vie associative ŕ la rentrée 2009. Elle sera présidée par le Président de la République et préparée par le Haut Commissariat ŕ la Jeunesse. La CPCA aura un rôle majeur ŕ y jouer, nous souhaitons qu’elle soit le moment d’un nouvel accord de fond, durable, entre les pouvoirs publics et le mouvement associatif pour contribuer ŕ une société plus juste, plus solidaire, plus associative.
Enfin, avec plus de 15 000 téléchargements, nous avons pris acte de votre intéręt pour La Vie associative n°11 consacré au financement des associations. Nous vous remercions pour votre intéręt. Devant ce succčs, nous vous proposons cette lettre d’information hors-série financement au format atypique : tribunes, analyses, et reportages complčtent nos rubriques habituelles.
Bonne lecture ŕ vous
Jacques HENRARD