La Femme modèle
(Designing woman)
USA, 1957
Réalisation: Vincente Minnelli
Chorégraphies: Jack Cole
Mike (reporter sportif) et Marilla (fashion designer) se rencontrent lors d'une soirée arosée. Après seulement une semaine de vacances amoureuses au bord de l'eau ils décident de se marier et d'emménager ensemble une fois rentrés sur New York. Mais une fois chacun retourné à ses petites habitudes ils se rendent rapidement compte qu'ils n'ont finalement pas grand-chose en commun et quelques squelettes dans leurs placards.
Ce que j'apprécie particulièrement dans ce film c'est son côté très minnélien. On retrouve les traces du réalisateur un peu partout. Dans la construction de l'intrigue, dans l'esthétique très structurée et colorée de touches de rouge-vert-or sur fond blanc, dans le rapport aux arts, dans la façon d'introduire des scènes de danse l'air de rien, sans oublier le personnage de Marilla (Lauren Bacall) qui est finalement une sorte de version féminine de lui-même, un designer devenu décorateur de théâtre. Mais finalement le film ne va pas plus loin que ça: un screwball de Vincente Minnelli sympatique à regarder. L'intrigue traine un peu en longueur et Lauren Bacall, toujours égale à elle-même, se vautre dans un sur jeu parfois déconcertant mais finalement approprié à ce genre de film.
Venons en aux scènes de danse qui sont ici au nombre de sept. Ce nombre assez important de numéros musicaux ne fait par pour autant de ce film une comédie musicale puisque, à l'exception de la dernière scène, il ne s'agit à aucun moment de séquences intimement liées à l'intrigue, permettant de faire avancer l'histoire, de faire évoluer les personnages. Comme énoncé un peu plus haut, Marilla se voit embauchée comme costumière et décoratrice d'un show sur Broadway, ce qui permet ainsi à Minnelli de montrer des extraits dudit show, des répétitions, et les passages créatif du chorégraphe.
La première séquence dansée se situe en début de métrage après que Marilla et Mike soient rentrés sur New York. Celui-ci se rend sur le plateau de tournage d'une comédie musicale pour annoncé à sa petite amie, Lori Shannon (Dolores Gray) une actrice-chanteuse-danseuse, qu'il en a épousé une autre (à noter que comme par hasard, Lori se retrouvera être l'actrice principale du show de Marilla, on est dans un screwball après tout). La chorégraphie met donc en scène Lori devant les caméras du studio entourée d'un quatuor masculin chantant There'll be some changes made de Overstreet, Higgins et Edwards.
Les deux séquences dansées suivantes sont des improvisations du chorégraphe du show Randy Owens (interprété par le chorégraphe du film Jack Cole qui a notamment travaillé sur Les hommes préfèrent les blondes et Certains l'aiment chaud). La première le met en scène dans l'atelier de Marilla alors qu'il essaye de la convaincre de faire partie de l'aventure. La deuxième a lieu chez Marilla et Mike pendant qu'il travaille avec l'équipe du show sur les numéraux qu'il conte faire. Ces séquences se veulent toutes deux comiques avec des bouts de chorégraphies complètement erratiques permettent de mettre en place le personnage de Randy (montrer sa passion débordante et sa créativité) et sa relation avec Mike.
Les séquences dansées 4 et 5 sont elles consacrées à des moments de répétitions. L'intérêt dans ces scènes n'est clairement pas la danse, mais montrer la relation entre Marilla et Lori. La première de ces deux scènes et en fait la réalisation par Marilla de l'identité de Lori et se focalise sur le physique de cette dernière. La deuxième scène est elle centrée sur les sentiments de Marilla face à cette réalisation. Pour appuyer cette idée Minnelli garde la danse la plupart du temps en hors champ évoquée principalement par des ombres projetées, et quand Lori apparaît elle a le corps découpé au premier plan laissant entrevoir une Marilla pensive au second plan.
La sixième séquence nous montre elle des extraits du show depuis les coulisses. Une fois de plus la danse n'est pas l'élément principal ici, elle sert juste de décors comme une tapisserie mouvante derrière Marilla qui s'interroge sur son mariage.
Enfin, la dernière séquence mettant en scène de la danse est certainement celle qui se rapproche le plus de la notion de comédie musicale. Alors qu'il sort chercher Marilla pour ajuster quelques costumes, Randy se rend compte qu'a lieu une bagarre acharnée dans la cours arrière du théâtre. Il met à profit ses qualités de danseurs dans ses mouvements de bagarreur et étale tous ses adversaires. La chorégraphie apparaît ici assez ingénieuse et très bien mise en valeur par la réalisation de Minnelli. Cette séquence est directement liée aux deux précédentes mettant en scène Randy. Alors que pour Mike, Randy, de par son statut de chorégraphe, était tout sauf un homme viril, le voici qui doit revoir intégralement son jugement. Lui l'amateur de boxe il a été sauvé par un fan de sauts de chats et grands jetés. Une façon pour Minnelli de redorer le blason la danse aux yeux du public masculin?
Note:
Vous avez aimé ce billet? Abonnez vous à mon flux RSS
ou votez chez