Une fois les formalités remplies, nous voilà officiellement au Liban. On remonte à bord de notre vieille Cadillac jaune qui fait la liaison Damas, Beyrouth. L'ambiance dans le taxi est tout à coup un peu mois détendue, on se regarde, en silence, pas trop certain d'avoir choisi le meilleur moment pour visiter la région, les tanks et les bunkers que l'on croise y sont peut-être pour quelque chose.
Juste avant de traverser un immense ravin, la route bifurque vers un chemin de fortune, le pont qui devrait le traverser est en morceaux, un gros trou au milieu, gracieuseté d'Israël!!! C'est avec une boule dans la gorge que l'on poursuit vers notre destination en pensant à tous ces innocents qui sont morts pour rien en essayant de fuir pour la Syrie en effectuant le trajet inverse.
On commence à être un peu anxieux de voir l'état de Beyrouth après avoir vu l'ampleur des dégâts que peut faire une bombe, en sachant combien Israël en a utilisées. On voit bel et bien un immeuble détruit par-ci par-là, mais ce qui frappe le plus c'est l'envergure de la reconstruction. La ville est un immense chantier de construction. Un Libanais nous a dit, donnez-nous un an sans problème et on construit la plus belle ville du monde. Je crois qu'ils sont vraiment sur la bonne voie, reste voir côté politique.
Chaque rue menant à la place de l'étoile où se trouve le parlement, des petits cafés et des restos chics sont bloqués par des militaires bien armés qui fouillent tout le monde sans exception et ne laissent passer aucune voiture. Le centre-ville est donc désert, c'est une sensation bizarre que de se retrouver en plein coeur d'une ville hyper moderne sans un son et surtout sans personne aux alentours.
Juste avant les checkpoints, il y avait pourtant des centaines de tentes installées en pleine rue pour protester contre le gouvernement, mais aucun signe d'agitation, tout est tellement calme. À l'heure du coucher de soleil, toute la ville semble se diriger vers le bord de la mer pour un narguilé ou une partie de pêche entre amis en admirant la vue.
Le soir venu, la rue Monot, avec sa cinquantaine de bars plus branchés les uns que les autres, attire la jeunesse libanaise sur leur 36 en voiture de luxe. Nous, dans nos habits un peu défraîchis, on prend une bière en face du liquor store, parce que les prix ici sont dignes de l'Europe, la preuve, dans les guichets on a le choix entre des livres libanaises et des dollars américains. Après quelques bières, on se laisse convaincre par une fille complètement saoule de la suivre pour un concert rock dans un pub un peu plus loin. C'est plutôt drôle à dire, mais pour nous, Beyrouth a été une oasis de paix. Après presque deux mois au Moyen-Orient, un peu de modernité ça fait du bien.