A la faveur de la crise, le populisme a bonne presse en ce moment aux Etats-Unis. La presse en revanche fait régulièrement les frais de cette colère sourde à l’égard des élites, des profiteurs et de tous ceux qui « savaient » ou auraient dû savoir. Et comme il faut toujours un bouc emissaire à désigner à la vindicte populaire, c’est la chaine CNBC, le CNN de la finance, qui prend.
Jon Stewart, l’animateur de l’hilarant Daily Show (une sorte d’émission à la Karl Zero en plus drôle) diffusé en prime time a pris pour cible Jim Cramer, l’insupportable animateur d’une émission genre la Bourse pour les nuls. Directement pris à parti par l’humoriste, Cramer, ancien gérant d’un hedge fund, s’est vu accusé d’être soit incompétent, soit du côté des escrocs de la finance. Le bouffon n’est plus celui que l’on croit, et le rire devient grincement de dents…
Après une passe d’armes par plateaux interposés durant une semaine, le duel tant attendu (et monté en épingle par les autres medias par l’odeur du sang alléchés) a fait des étincelles. Jon Stewart, appuie la ou ca fait mal, assène des leçons d’éthique journalistique, comme il l’avait fait il y a trois ans sur le plateau de Crossfire sur CNN dans une séquence d’anthologie (Crossfire a été suspendu dans la foulée), et se fait le porte-parole des « travailleurs, travailleuses » face au transfuge de Wall Street.
Comme l’a dit Cramer au lendemain de l’émission, il a de la chance d’avoir toujours sa tête sur ses épaules. Il n’en est pas moins reparti la queue entre les jambes…