C'est le printemps pilou pilou

Publié le 23 mars 2009 par Anaïs Valente

En ce 21 mars, étant donné le soleil magnifique qui règne, dès le saut du lit, je plonge sous la douche, je m'habille et je fonce, à pied ma bonne Dame, au marché, dans le but de m'acheter des petites fleurs.

C'est une habitude annuelle, dès que le soleil pointe enfin le bout de son nez en mars, j'ai des envies de fleurs.  Des folles envies de fleurs.  Pas en bouquets, j'aime de moins en moins les bouquets de fleurs mortes (au moins ça sera économique pour homdemavie), nan, des vraies fleurs avec racines et tout et tout, qui vivent longtemps et enjolivent ma vie et mon balcon.

Bref (mot que je devrais rayer de mon vocabulaire, j'en ai conscience), me voilà en train de marcher, au soleil, Hana Pestle dans les oreilles.  Que du bonheur.

Le marché est envahi d'une foule en délire, je déteste ça, mais c'est inévitable avec le soleil.  Quand je serai célèbre, je ferai comme je ne sais plus quelle star qui réserve Harrod's pour elle, je réserverai le marché rien que pour moi, un samedi par mois.

Je ne suis pas célèbre, je slalome donc entre les badauds pour rejoindre le « rayon » fleurs.  Là, il est essentiel de comparer, car des fleurs y'en a de toutes les qualités et de tous les prix.

En général, j'opte souvent pour des pensées, mais cette année, soyons fous (enfin soyons folle), ce sera des primevères.  Acheter des primevères le premier jour du printemps (printemps = primavera), c'est symbolique non ?

Je repère donc l'endroit où les primevères sont jolies comme tout, et pas chères ma bonne Dame, et je hèle la vendeuse.  Comme elle est francophone, ce qui n'est pas systématique, j'ose une question qui m'a été inspirée par une réflexion que l'on m'a faite la veille. Comme ma question est conne, je la formule de la sorte « Dites Madame, j'ai une question à la con : eske ça résiste au gel ces petites bêtes là ? »

Question à la con passque je me doute que si ça s'appelle primevères, c'est passqu'on peut les planter au printemps.  Question à la con passque je plante presque chaque année des pensées dans mes petits pots et que je sais que pensées / primevères, même topo.  Question à la con passque je connais la réponse, mais la réflexion de la veille m'a mis un gros doute, comme si j'étais devenue bête d'un coup (qui a dit que je l'avais toujours été ?).

La Madame, elle rigole bien de mon expression « question à la con », elle confirme que cette question est con, in fact, puis elle me répond que oui ça résiste mais qu'en dessous de -2 ou -3 degrés, les fleurs fanent, faudra attendre les suivantes.  Pas si con que ça ma question, cette dernière info, je l'ignorais.

J'ai donc confirmation que je peux acheter mes petites fleurs, et je fais mon choix : deux jaunes, deux roses, un mauve, une bleutée (comment ça, vous vous foutez de mon choix de couleurs ?).

Surgit alors une charmante dame, fort intéressée par mon achat, qui s'adresse à la Madame-vendeuse et lui dit « tiens, ces fleurs, ça résiste au gel ? »

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah.

La Madame-vendeuse et moi, on rigole bien, passque j'en profite pour ajouter que je suis pas la seule à poser des questions débiles (j'ose pas l'expression « à la con », des fois que ça choquerais la gentille dame).  Mais confirmation est faite que beaucoup de gens s'interrogent sur les vices et les vertus du gel sur les petites fleurs.

Et la charmante dame d'ajouter « donc ça tiendra tout l'hiver ».

Et moi, confortée dans mon idée que, finalement, j'en sais pas mal en matière de jardinage en pot, je lui réponds « ah ben non Madame, c'est pour une seule année les primevères, faudra en remettre après l'hiver prochain ».

Elle conclut alors « vous voyez, y'a plus bête que vous ».

Et on rigole encore et encore.

C'est fou comme le printemps, ça crée des liens.

Je quitte les lieux, avec mes primevères jaunes, roses, bleues et mauves, non sans recevoir un charmant sourire de Madame-vendeuse qui me gratifie d'un « à bientôt » signifiant qu'elle a bien aimé ce petit intermède-sourire.

Vive le printemps.

Illu de Petit Bordel, oui, bon, ce sont des pensées, mais c'est symbolique, hein.