L’alcool bientôt interdit aux moins de 18 ans
L’Assemblée a voté lundi dernier l’interdiction de toute vente d’alcool aux mineurs de moins de 18 ans. A la Réunion, cette loi risque de ne pas être appliquée par tous. La preuve.
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Place du Barachois, devant l’un des camions bars, Stéphane, 16 ans, parvient sans aucune difficulté à se procurer deux canettes de bières. « On ne m’a même pas demandé mon âge », s’étonne le jeune homme après coup. Cette loi, qui doit encore être votée par le sénat, sera-t-il appliqué sur l’île ? Pas sur. « Je refuse de vendre de l’alcool si la personne me parait trop jeune mais il est vrai que je ne demande jamais leur âge ni leur carte d’identité », avoue le commerçant, gêné. Avant d’ajouter que la nouvelle loi ne changera rien à ses habitudes.
Nouvelle tentative une heure plus tard dans un autre camion bar à proximité. Opération réussie.
Stéphane obtient deux bières de plus. « Je ne pensais pas qu’il était si facile d’acheter de l’alcool », confie le jeune homme. « J’aurais un an de moins que ça n’aurais rien changé ». Une fois de plus on ne lui demande ni son âge, ni de pièce d’identité. Interrogé, le propriétaire du camion bar se montre peu coopératif. « J’ai beaucoup de clients et je ne peux pas leur demander leur âge à chaque fois. Que ce soit ici ou ailleurs, ils finiront par avoir ce qu’ils veulent » , rétorque-til avant de vaquer à ses occupations. Habib et Kevin, âgés de 15 et 16 ans respectivement, le confirment. Ils pourront aisément s’acheter des boissons alcoolisées, ce malgré la nouvelle loi. « Les commerces que nous fréquentons nous vendrons de l’alcool. Autrement, on pourra toujours s’en procurer en les faisant acheter par un ami un peu plus âgé ». Même constat dans un bar-billard du centre- ville de Saint-Denis. Le barman vend sans poser de questions.
« Une loi embarrassante »
Tous ne sont pourtant pas si laxistes. L’opération est renouvelée deux jours plus tard dans un camion bar au Moufia. Stéphane demande sa bière. Surprise !!! Il est cette fois refoulé. Les quelques minutes de négociations seront vaines. Il repart les mains vides. « Il me parait un peu jeune. Je ne veux pas avoir de problèmes avec la police », reprend la femme âgée d’une cinquantaine d’années. « Cette nouvelle loi est une bonne chose mais elle pourrait effectivement embarrasser ceux qui comptent beaucoup sur la consommation des jeunes », précise-t-elle. Pour rappel, sur les trois camions bars testés, aucun écriteau interdisant la vente d’alcool aux mineurs n’était visible.
Danietza JEAN-LOUIS
Etudiant en journalisme à Info-Com