Dans l'article Zone Euro : entre éclatement et attraction, outre les tensions existantes en Europe sur les
taux d'intérêts des obligations des différentes états et l'attraction que la zone peut exercer sur d'autres nations à sa périphérie nous avions vu une notion
essentielle :
→ "Le risque sur un état ne s'exprime pas seulement en terme
d'endettement, de déficits, de patrimoine net ou de ratios financiers mais également en terme de devise dans laquelle est libellée la dette qu'il émet."
Les devises comme les Etats sont notées. Voici à titre d'exemple une partie d'un tableau de synthèse sur le plan de
marche de l'intégration de certains pays à la zone Euro avec comme vous pouvez le constater une évaluation de la devise (réalisée avant la
crise)
Tout risque souverain libellé dans une monnaie bien notée a tendance à en bénéficier et inversement, les investisseurs
évaluent autant les finances publiques que la devise. Les évaluations des risque souverains sont ainsi double avec pour chaque pays, une note pour le risque de crédit et d'autre part pour la
devise d'émission de la dette.
Voici maintenant en sens inverse une simulation de l'impact sur la note d'une éventuelle sortie d'un pays de la zone Euro réalisée en plein boom économique en 2006 :
- arrêt de l'intégration par insuffisance de performances économiques susceptibles de qualifier d'autres pays.
- sortie d'un pays. Peu probable vu le coût pour ce dernier une fois livré à lui-même, mais on ne peut totalement l'exclure étant donné le nombre de pays. En cas de dégradation de la crise,
la probabilité que des "expériences" soient tentées s'accroît en proportion.
- intégration à marche forcée via sauvetages, qui affaiblirait en tendance la qualité de la monnaie mais lui donnerait une dimension plus large.
Pour les USA, l'importance du dollar qui dépasse de très loin l'importance du pays grâce aux paiements en billets verts de toutes les matières premières, l'incidence
d'une dégradation de la devise pèse nettement plus que dans le cas de l'Euro. Moody's relève ainsi que la préservation du statut du dollar en tant que devise mondiale (et non seulement devise de réserve comme pour l'euro) est un des facteurs clés pour maintenir le niveau de crédit des USA.
→ Situation européenne :
Les dernières évolutions ont montré un affaiblissement de certains pays au sein de la zone euro et de grands défis à la périphérie particulièrement à l'est du continent. Pourtant si on reprend
pays par pays, l'évolution des ratings (notations) tel qu'accordés par la 3 ème agence de notation internationale Fitch, de décembre 1998, veille de l'entrée en vigueur de l'euro à juillet
2008, l'amélioration d'ensemble est assez marquée :
Union européenne,
ratings par pays 12/98 - 07/2008
et la récente dégradation observée a des impacts certains mais encore assez loin de remettre en cause la progression de
la décennie passée :
Union européenne, ratings
par pays 07/2008 - 01/2009
→ BCE : un statut particulier :
Nous avons vu plus haut quelques risques pesant sur l'Europe ou les USA liés à leur devise. Il existe une différence
par ailleurs fondamentale dans la construction européene due au fait qu'il n'y a pas de gouvernement européen, ni Trésor public européen ni agence pouvant émettre un emprunt pour le compte
de l'Union. La devise US est animée par la Fed en rapport avec un état fédéral noté AAA alors que la devise européenne est animée par la BCE dont les actionnaires sont les différents pays
européens. Voici le tableau par pays des notations associées et la part détenue par chacun au capital de la Banque Centrale Européenne.
En fait, cette entité est analysée comme une simple organisation supranationale par les agences de notations qui la
note au même niveau que la Banque Européenne d'investissement par exemple.
La convergence est loin d'être présente (une autre représentation est disponible)
Dans l'hypothèse où un emprunt européen devait être lancé, le risque est de voir une grande volatilité dans les taux accordés à une éventuelle agence européenne de la dette si elle est
bâtie sur le principe de la BCE. En période économique favorable, l'Allemagne et la France seraient prises en référence et le taux aurait tendance à être attiré par ces meilleures notations mais
en période d'aversion au risque la probabilité de voir le taux se fixer sur la base du maillon le plus faible de l'Euroland est assez élevée. Au défi technique et politique se surajoute ce
challenge financier.
→ Situation américaine interne :
La Fed et l'état fédéral cachent cependant une réalité assez peu connue au niveau des états.
Voici ci-dessous la répartition actuelle par notations suivant S&P's de la cinquantaine d'états composant l'Union. Seulement un peu plus d'1 sur 5 est noté 'AAA'. L'immense majorité est en
fait en 'AA' et ses subdivisions '+' / '-'.
Alors qu'en Europe, ce sont surtout les 'petits' pays qui sont dans le bas du tableau, aux USA, l'état le plus important, la Californie, qui se situe en la considérant indépendante quelque part
entre la 6 et la 8 ème puissance économique au monde à elle seule, dispose de la moins bonne notation à A+ au côté de la Louisiane.
Fitch vient même de la dégrader semaine dernière à 'A'. Moody's vient de dégrader la Californie, premier émetteur de dettes du pays, hors état fédéral, à 'A2'. D'autres états importants comme l'Illinois (AA-) ont
été dégradés depuis décembre et la Floride a vu la perspective de sa note passer de 'stable' à 'négative' par S&P's. Seul le nord Dakota, assez marginal, a obtenu une notation à la
hausse en 6 mois.