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La solitude des nombres premiers

Publié le 23 mars 2009 par Lael69
Paolo Giordano

Editions Seuil
Traduit de l'italien par Nathalie Bauer
328 pages

Paru en Mars 2009
Résumé: Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes ; soupçonneux et solitaires, certains possèdent cependant un jumeau dont ils ne sont séparés que par un nombre pair.Maffia, jeune surdoué, passionné de mathématiques, en est persuadé : il compte parmi ces nombres, et Alice, dont il fait la connaissance au lycée, ne peut être que sa jumelle. Même passé douloureux, même solitude à la fois voulue et subie, même difficulté à réduire la distance qui les isole des autres. De l'adolescence à l'âge adulte, leurs existences ne cesseront de se croiser, de s'effleurer et de s'éloigner dans l'effort d'effacer les obstacles qui les séparent.Paolo Giordano scrute avec une troublante précision les sentiments de ses personnages qui peinent à grandir et à trouver leur place dans la vie. Ces adolescents à la fois violents et fragiles, durs et tendres, brillants et désespérés continueront longtemps à nous habiter.

Alice et Mattia. Deux êtres humains à la psychologie ambigüe, deux êtres uniques au destin peu heureux. Chacun a vécu son drame, et comme une plaie qui ne cicatrisera jamais, leur vie est empreinte d'une différence frappante et dérangeante pour leurs proches. Alice est anorexique, un malaise non sans rapport avec son accident de ski qui lui a valu une jambe boiteuse à vie. Mattia se mutile, comme pour mieux se remémorer le mal qu'il a fait à sa soeur Michela en l'abandonnant seule dans un parc. Un accident de parcours qui survient à l'enfance et tout est emporté par la solitude des nombres premiers. Chacun vit une adolescence semée d'une souffrance incassable. Ils ne se cachent pas, le malaise est palpable. On le ressent. Les sentiments sont profonds mais dilués dans une existence froide et inerte. Alice ne goûte pas aux saveurs de la vie, elle est comme aseptisée au bonheur: elle se marie, devient photographe mais c'est machinal et quand vient le moment fatidique : celui de donner un enfant à son mari; tout lui explose à la figure. Et Mattia, plongé dans les mathématiques, un univers logique, neutre, sans failles alors que lui-même dérive vers une solitude inébranlable.

Alice et Mattia, deux nombres premiers, faits l'un pour l'autre et dont le jumelage vole en éclat par un isolement forcé. Ils se rencontrent, se séparent, se recroisent, ils s'embrassent mais jamais ils ne feront qu'un, séparés par le poids d'un passé qui les contient dans un monde à part. Paolo Giordano livre ici un portrait à la fois tendre, touchant et dont la précision est gênante. Mattia et Alice sont des personnages riches, violents, puissants, mais on a bien envie de secouer tout ça pour vivre un peu de bonheur. Hélàs, non. La tristesse est ancrée dans les corps, elle atteint les coeurs mais tout n'est qu'obstacle: des murs, des portes scellées. Rien n'entrave une solitude inviolable. Un roman beau et intense où Paolo Giordano pratique une véritable "autopsie" de l'humanité souffrante, sous une plume dure mais vibrante, et forment une fresque qui illustre la complexité des relations. Inévitablement, on ne peut qu'être sensible à Mattia et à Alice, ces deux blessés qui malgré tout, dévoilent leur halo de tendresse grave et nostalgique...cette tendresse qui résonnera longtemps dans nos mémoires de lecteurs.
Je remercie très sincèrement Suzanne de Chez les filles et les éditions Seuil pour la découverte de ce roman magnifique... A lire les billets de Sylvie, Yueyin, Aifelle, Armande,Nanne
La solitude des nombres premiers4/5 champignons

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