Germinal, le mois de tous les dangers pour les épiciers ne faisant pas crédit

Publié le 23 mars 2009 par Chantalserriere

Germinal! Un mot qui à lui seul annonce le printemps! En effet, septième mois du calendrier républicain (utilisé en France de 1793 à 1805), il correspondait selon les années, à la période allant du 21 mars au 19 avril de notre calendrier actuel.

Comme on le sait, Germinal est aussi le titre du célèbre roman de Zola . Publié initialement sous forme de feuilleton, l’ouvrage est apparu dans le magazine Gil Blas entre novembre 1884 et février 1885. Evidemment, son titre n’est pas anodin. En le choisissant, Zola fait référence à la période de germination des plantes qui devient ainsi la métaphore de la gestation de la révolte ouvrière.

Le roman décrit l’enchaînement des événements lors d’une grève provoquée par la réduction des salaires des mineurs du nord de la France. “Outre les aspects techniques de l’extraction minière et les conditions de vie dans les corons, Zola y dépeint les débuts de l’organisation politique et syndicale de la classe ouvrière ainsi que ses divisions.”

C’est toute la dimension tragique de la misère quotidienne, de la dureté du travail, de l’absence d’espoir qui se trouve ainsi révélée à travers le feuilleton de ces damnés de la société industrielle. Le réalisme des faits trouve son  paroxysme dans la colère des femmes, ivres de vengeance, contre l‘épicier Maigrat qui leur refuse tout crédit au pire moment de la crise. Les exactions de ce dernier, les viols, son arrogance ne sont plus supportables. Alors la violence des femmes ne connaît pas de limites. Elles le tuent. L’émasculent. Promènent ses organes génitaux à travers leur folle déambulation.

Chaque ouvrage de Zola a donné lieu à nombre de critiques: à droite, on l’accuse  de trivialité et de pornographie, mais à gauche on lui reproche de « salir le peuple ».

Salissait-il le peuple en mettant à jour le désespoir  et la colère des plus démunis face aux injustices d’une société qui les prive non seulement de pain, mais de leur dignité d’hommes et de femmes? Salissait-il le peuple en osant s’attaquer aux tabous de la bienséance?

Les “épiciers” de chaque époque, en tout  cas, devraient certainement relire Germinal. Surtout au printemps.