J’avais déjà assez peu d’estime pour le personnage depuis que, travaillant bénévolement pour un ami qui s’occupait de la réinsertion de personnes en difficultés, notamment dans la rue – SDF et prostitué(e)s – j’avais eu vent de la position de celui qui n’était qu’alors que coadjuteur du cardinal Lustiger : «surtout pas de social !».
Ben oui, quoi : avec 10 Pater et 3 Ave - plus une conversion - tous les problèmes sont réglés…
Pour moi, cela relevait de la pure mentalité magique et, fort heureusement, une grande majorité de ceux que je côtoyais à l’époque dans cette assoc ne semblaient nullement convaincus du bien fondé de cette démarche. Sauf une fille, qui était à côté de moi lors d’un séminaire de travail et que j’ai entendu proférer une ânerie de première bourre : «le baptême réglerait tous les problèmes»… Je ne vous dis pas comment cela m’a fait rigoler in petto et le clin d’œil complice d’une psychanalyste que j’appréciais fort.
Il n’est donc pas inopportun de rappeler que selon un sondage, 55 % des catholiques français désapprouvent le Pape sur sa prise de position au sujet du préservatif – contre seulement 20 % d’opinions défavorables sur Benoît XVI il y a mois ! comme quoi le Pape devrait s’en tenir à son magistère : les questions de religion. Sans doute aussi «l’affaire Williamson» et la levée de l’excommunication des lefebvristes, n’est-elle pas étrangère à ce désamour des cathos
Cela n’empêche nullement André Vingt-Trois de récidiver dans l’absurdité : «La polémique actuelle est une occasion de se payer le Pape». Comme si l’on voulait à toutes forces «bouffer du Pape» !
C’est proprement ridicule et c’est sans doute une façon de raviver non les «guerres de religions» mais les «CROA-CROA» de la lutte anticléricarde des débuts de la Troisième République… Rome considérant alors la République – nommée «La gueuse» par les royalistes et les réactionnaires de tout poil - comme une «usurpatrice»…
Je rappellerais que depuis le XIVe siècle et la célèbre controverse entre Philippe Le Bel et Boniface VIII, la France a toujours maintenu une farouche indépendance à l’égard de Rome, que ce fut sur les questions religieuses ou, a fortiori, politiques. C’est encore plus vrai depuis que la laïcité est inscrite aux frontons des écoles de la République.
Je ne suis nullement choquée d’entendre le Pape rappeler des règles morales. Il est dans son rôle, surtout quand la société tend à les oublier : ne tenir nul compte des êtres humains, notamment en matière d’économie. Lutter contre la barbarie des guerres, etc…
Mais encore faudrait-il que cette morale tienne compte de la réalité de la société et ne relègue pas dans le péché ceux et celles qui mènent leur vie comme bon leur semble : divorcés, homosexuels, personnes qui recourent à la contraception ou se protègent – heureusement ! – du sida en utilisant un préservatif.
A l’évidence, il n’est plus dans son rôle quand il prétend les imposer «urbi et orbi» à une communauté internationale où la catholicité est loin d’être prépondérante.
Et s’il voulait réellement remettre la morale et la personne humaine «au centre» des questions de société et de civilisation, il favoriserait plutôt le dialogue avec les autres religions et toutes les personnes de «bonne volonté».
Cela me semble plutôt mal barré à parcourir la presse ce matin… Affrontements sur le parvis de Notre-Dame entre des manifestants notamment d’Act-Up – pacifiques – et plusieurs dizaines de jeunes cathos excités… Que je sache, le parvis de Notre-Dame est encore un lieu public et n’a nulle vocation ecclésiale.
Une bonne dame – catholique pratiquante – déclarant :
«Je suis indignée de voir une manifestation sur le parvis de Notre-Dame pour insulter le pape, dont les propos ne sont pas exactement ceux qui ont été relayés dans la presse», ajoutant, «Le pape prône la fidélité et la chasteté, ça ne me paraît pas aberrant»…
Que le Pape ait fait vœu de chasteté, de même que les prêtres et tous les religieux/ses est une chose. Mais de là à en faire la voie normale pour toute la population, quand bien même serait-elle catholique, c’est bien cela qui me paraît de la dernière aberration.
Encore une fois, c’est à chacun(e) de trouver sa morale, pour essayer de vivre du mieux possible. Diaboliser le plaisir sexuel, n’est-ce pas «contre-nature» ? C’est en même temps culpabiliser – le péché à tous les étages ! – et une forme de «dolorisme» qui m’insupporte grave. A l’égard du plaisir et notamment celui des femmes, je signale un intéressant article de Madame Agnès du «Monolecte»…
Bien évidemment, rien d’innocent dans cette «contre-manifestation»… Ce ne sont nullement des catholiques de base ! C’est même le Figaro qui vend la mèche : Des militants écologistes et communistes se sont frottés à des militants catholiques affiliés à l’extrême-droite lors d’un rassemblement hostile aux propos du Pape sur le préservatif.
Comme je l’ai déjà souligné, l’Eglise catholique était jusqu’à présent présentée comme une «secte qui avait réussi»…. En s’orientant dans une position ultra-sectaire elle risque de perdre encore plus de fidèles qui ne s’y reconnaîtront plus…
D’ici que Notre-Dame de Paris devienne une simple annexe de Saint-Nicolas du Chardonnet…
SOURCES
Le Figaro
Bousculade entre militants devant Notre-Dame de Paris
Libération
Incidents devant Notre-Dame entre militants d’Act-Up et jeunes catholiques