Forum modial sur l’eau : l’urgence avant l’imminence …

Publié le 23 mars 2009 par Ps76

Ce week-end, le forum mondial de l’eau s’est achevé à Istanbul en constatant que l’Humanité devait désormais protéger de manière formelle l’accès à l’eau car la croissance démographique et le changement climatique sont devenus une réelle menace sur les ressources. On envisageriat même le pire : Une guerre de l’eau, après une crise de l’eau.

La notion de «droit à l’accès à l’eau» que réclament les ONG et quelques pays, n’est pourtant pas encore à l’ordre du jour, c’est une forme d’échec de cette Journée mondiale de l’eau au-delà même du constat qui a été fait.
 
La population mondiale qui doit passer de 6,5 milliards d’humains de nos jours à 9 milliards en 2050, verra sa demande croître dangeureusement et atteindre 64 milliards de m3/an.
Le défi qui s’ouvre est donc double : utiliser plus de ressources en eau et les protéger, les valoriser, les conserver et même les réutiliser dans le même temps.

L’un des grands constats dramatiques est que la croissance démographique va générer une augmentation des besoins alimentaires alors que l’agriculture représente 70% des consommations d’eau. Sachant que dans l’agriculture, c’est l’élevage qui en consomme le plus. Ainsi , l’augmentation de consommation de viande dans le monde, entre autre venant des pays émergents, va provoquer une pression très forte sur les ressources en eau.

De plus, le changement climatique va assombrir encore plus ce tableau. Nombre de facteurs vont vite démontrer cela : sécheresses, inondations, ouragans, fonte des glaces ou montée des océans.

Des bouleversements climatiques vont faire apparaître des “évènements” jusqu’alors inconnus et auxquels il va falloir faire face : la sécheresse va toucher le pourtour méditerranéen (sud de la France et pays de la rive sud), le Bangladesh sous des inondations importantes, le désert de Gobi va encore progresser nettement…

Au final, ces modifications vont, dans les années qui approchent, créer des mouvements de populations inéluctables car des populations vont être chassées de leur lieu de vie habituel. On pronostique qu’1 milliard de personnes dans le monde n’ont déjà pas accès à l’eau potable et que 2,5 milliards ne bénéficient pas d’un système sanitaire décent. Ce sera l’ère des réfugiés climatiques…

Si l’accès aux ressources en eau a toujours posé des problèmes diplomatiques, cela devrait s’amplifier.

Des grands fleuves tels que le Mékong, le Congo, le Nil, le Danube, l’Amazone, le Niger, transfrontaliers, vont devenir les enjeux d’une nouvelle diplomatie.  Il faut donc anticiper rapidement des coopérations claires, utiles, stables pour limiter les effets d’une concurrence qui vont amplifier les nombreux problèmes qui se poseront.

Les tenants des ressources sont naturellement prudents au regard des analyses et des directions que réclament les régions moins bien loties. Ainsi, au nom d’une protection anti-ingérence, des pays trainent des pieds comme la Chine, en position «hydro-hégémonique».

De même, région source de conflits durs, le Proche-Orient où ”les Palestiniens ne devraient pas être contraints d’attendre qu’un accord de paix soit conclu avant d’être autorisés à utiliser une part légitime des ressources en eau transfrontalières“, a déclaré le président palestinien Mahmoud Abbas, jeudi dans un message lu lors du Forum.

Les enjeux sont forts et posés. Les délais se raccourcissent considérablement de sommet en sommet. Les alarmes retentissent de partout et des solutions peuvent émerger si des résolutions mondiales sont prises à temps.

Sans quoi, faute de pouvoir tomber à l’eau, les idées resteront en cale sèche…