Une drogue est un composé capable d'altérer activités, capacités et communications. Une drogue peut modifier les fonctions psysiologiques ou psychiques. Certaines drogues peuvent engendrer des dépendances, et leur mode et leur fréquence de consommation influent directement sur l'accoutumance ou la dépendance au produit.
L'addiction est une conduite reposant sur une envie que le sujet n'arrive pas à maîtriser. L'addiction implique une forme de dépendance, état dans lequel la personne qui la subit ne peut fonctionner physiologiquement en dehors de la consommation de la substance responsable.
Tout à l'heure, en écoutant d'une oreille distraite l'émission de Guillaume Durand "L'objet du scandale", consacrée aujourd'hui à l'alcool, ses dangers et ses dépendances, il m'a semblé par moment que les (très bons) spécialistes de la question auraient pu tout aussi bien, en parlant des addictions à l'alcool, en dire autant sur la télévision. Plus précisément, on aurait pu remplacer le mot "alcool" par "télévision", tant les discours sur le média de l'image le plus populaire est souvent négatif, et tant on présente souvent la télévision comme "le mal". C'est ainsi que j'ai eu envie de poser cette question, volontairement abusive : et si la télévision était une drogue ?
De quoi on accuse la télé ?
Précision liminaire : je n'ai aucune intention de défendre la télévision, ce n'est pas moi qui construit les programmes. J'analyse, et j'observe dans le même temps les discours autour du média.
On accuse souvent la télé de tous les maux. Mauvais programmes, pas de culture, trop de rapidité, pas d'explications dans le champ de l'information, trop de publicité, de la manipulation politique, des programes abrutissant les enfants, etc.
De fait, le plus souvent, on confond chaînes privées et service public, mettant tout le monde sur un pied d'égalité, ce qui n'est pas le cas. Le cahier des charges de chaînes telles que France 2 ou France 3 n'est pas celui de TF1, qui est une chaîne privée, et qui se comporte comme une entreprise privée. Dès lors, les exigences ne peuvent être les mêmes. Depuis quand demande-t-on le même service à une école privée qu'à l'université ? OK, cet exemple est actuellement très délicat.
Concernant la question de l'addiction, il s'avère que l'on entend souvent, parler d'une forme de dépendance à la télévision : elle est toujours allumée, il n'y a que cela à faire, etc. Depuis quand est-on obligé d'allumer la télévision et de la laisser tout au long de la journée ?
Pourquoi on accuse la télé ?
Ce qui est très gênant, dans ces accusations, c'est que l'impression qui se dégage est que la télévision serait comme "obligatoire". En ce sens, ce sont les attentes vis-à-vis de ce média qui sont trop fortes et les discours critiques et généraux ont tendance à considérer la télévision au même titre que l'école ou l'éduction parentale : il s'agirait de quelque chose d'obligatoire. Or ce n'est pas le cas. Car si, en effet les chaînes de télévision mettent en oeuvre un discours institutionnel (au sens de l'institution selon Michel Foucault), il ne s'agit cependant pas d'institutions du même ordre que l'éducation ou les transports.
Le plus souvent, ces accusations me semblent trop faciles, mêlant le privé et le public, les programmes d'information et de divertissement, le réel et la fiction. On "tape" sur une mystérieuse inconnue baptisée "télévision", mais ce terme ne signifie pas grand chose, tant qu'on n'a pas tenté une forme distinction minimale, entre les chaînes, puis entre les programmes eux-mêmes. Par ailleurs, ces interprêtations érronées relèvent fréquemment d'une forme de démission de ceux qui jugent la télé : il est facile d'accuser la télé d'abrutir les enfants lorsque dans le même temps on semble avoir suffisamment confiance en la télé pour laisser les petits devant, il est tout aussi aisé d'accuser la télé de manipuler politiquement les foules, tandis qu'on oublie que l'acte politique se déroule préalablement ailleurs que sur le petit écran.
Non, la télévision n'y est pas pour rien dans les maux de la société, mais elle n'a pas inventé le mal : elle en est plutôt le symptôme. Il est clair que la télévision n'est pas une drogue, ni douce ni dure, et il est aussi évident qu'elle fait peur. Trop souvent, c'est la méconnaissance qui crée la crainte, que l'on associe ensuite à une forme de facilité et de démission. La liberté du téléspectateur signifie qu'il peut choisir les programmes qu'il va regarder, et même éteindre la télévision. Alors : Télévisionophile ? Télévisiolique ? Téléphagie, éventuellement, mais il est temps de dire que l'individu est responsable de ses pratiques médiatiques.