Mea culpa et autres sottises

Publié le 22 mars 2009 par Britbrit


La culpabilité. Qui n’a jamais ressenti ce sentiment où le lourd poids de notre responsabilité personnelle dans une situation perçue comme fautive ? Qui ne s’est jamais tourné et retourné dans son lit en se disant que tout ce qui arrive est de son fait ? Certainement pas vous.
 Note de l’auteur : Si le contraire est vrai, ou vous mentez et ce n’est pas joli-joli, ou vous êtes Guy Georges et ça non plus, ce n’est pas terrible.

Je me suis longtemps demandée d’où venait cette impression de tort avant de tomber sur un article de Biba ou Psychologie Magazine - je ne sais plus - , qui expliquait, preuves à l’appui délivrées par les plus grands psy du monde entier, que c’était un sentiment normal lié à notre éducation de « quand on était petit ». C’est donc ça : la culpabilité, c’est de la faute à nos parents !

Enfin bref.

Même si je n’ai pas bien compris toutes ses définitions et analyses freudiennes, Kauffmaniennes et Grinbergiennes, et qu’il m’est impossible en l’état alcoolique dans lequel je me trouve de participer à la réflexion collective, j’en retiens une chose : il faut dire halte à la culpabilité négative. Il est enfin temps de prendre conscience que responsable ne veut pas forcément dire coupable (Georgina, si tu me lis…) et que « l’allègement de peine », développé ci-dessous sous forme d’exemples, doit désormais être de rigueur.

Situation 1 : La culpabilité gourmande

Elle vous a fait du gringue à travers la vitrine et vous n’avez pas pu résister à l’ouverture de votre portefeuille pour vous en payer tous les délices. Non, je ne suis pas en train de parler d’une prostituée hollandaise, mais plutôt d’une religieuse.

Au chocolat la religieuse.

Et voilà, comment en à peine trois bouchées à 1570 calories chacune, vous venez de réduire à néant deux jours et demi de strict régime Spécial K. C’est sûr, vous resterez un baleineau sans volonté toute votre vie. Et ça, c’est de votre faute.

Comment se remettre de cet échec calorique et personnel ?

Avouez qu’il est tout de même idiot de culpabiliser pour une pauvre petite religieuse de rien du tout. Qu’est-ce qu’une religieuse dans une vie hein ? Rien.

Alors, plutôt que de vous précipiter dans la première cathédrale venue pour expier votre péché de gourmandise, on réduit naturellement à néant les calories ingurgitées. Si vomir semble être la solution la plus adéquate et la plus rapide (enfin, c’est ma cousine pro-ana qui me l’a affirmé), vous pouvez aussi opter pour le sport, quoique très fatigant, en plus de nous rendre aussi fétide que l’oncle de la Famille Addams.

Situation 2 : La culpabilité de l’horloge

Que cela soit clair, il y a votre vie au boulot et votre vie perso. Deux choses bien distinctes.

Mais apparemment, tout le monde ne voit pas cet aspect des choses du même œil. Ainsi quant à 18h30 tapantes vous quittez le bureau, c’est forcément sous les regards réprobateurs et haineux de vos collègues et essuyant au passage quelques quolibets : « T’es passée au 4/5ème ? ».
Mais finalement, vous n’auriez pas dû la finir cette note avant de partir ? Et ce devis ? Et le bilan financier du trimestre ? Et…

Comment se donner bonne conscience en prouvant que vous aussi vous êtes à fond pour la performance de l’entreprise et la prospérité des actionnaires ?

Provoquez l’empathie de nos collègues afin qu’ils vous encouragent de leur propre chef à partir tôt du travail. Il vous suffit juste de démontrer que vous êtes bien plus indispensable à la société qu’ils ne le sont et que, par voie de conséquence, ils risquent de passer à la trappe avant vous en cas de plan social.

Ainsi, vous pouvez par exemple programmer votre éditeur de mails pour que tous vos messages partent dans la nuit (de préférence entre 3 et 6 heures du matin). Bien sûr, vous n’oublierez pas de mettre la terre entière en copie, et plus particulièrement Ducon, afin que tout le monde constatent vos efforts horaires.

Vous verrez qu’au bout de quelques jours, même vous, vous finirez par penser que vous en avez fait assez pour la journée et qu’il est temps de rentrer. Oui, il n’est que 15h30 et alors, vous l’avez bien mérité non ?

Situation 3 : la culpabilité du survivant

Comment auriez-vous pu résister à 15 jours de vacances alors que vous avez bossé comme un taré depuis des mois avec des horaires pas croyables (voir Situation 2) ?

Alors, quand Mumuche vous a proposé ce plan de dernière minute à Vias-Plage, il ne vous a pas fallu plus de 10 minutes pour faire les valises, 5 autres pour briefer la concierge sur le ramassage du courrier et 2 secondes pour fermer la porte d’entrée à double-tour. Heu, vous n’auriez pas oublié quelqu’un dans l’appart ?

Comment se dire que si Marcel le poisson rouge est mort, c’est que son heure était arrivée et par forcément de votre faute ?

Commencez par croire à la destinée et refaites-vous le schéma du cycle de la vie appris en Sciences Nat’ en 6ème ; vous allez voir, ça aide.

Ensuite, voyez le bon côté des choses. Entre Marcel et vous, ce n’était plus vraiment le grand amour surtout. Depuis le jour où vous vous êtes aperçue que non seulement les poissons font caca, mais qu’en plus ils nagent dans leurs excréments, vous le regardiez d’un autre. Marcel n’était en fait qu’un gros porc et ça, vous ne lui pardonnerez jamais.

Finalement, le Destin fait parfois bien les choses.

Situation 4 : La culpabilité du mensonge

Ce jour-là, vous ne savez finalement pas trop ce qui vous a pris ? Vous discutiez tranquillement entre amis très cultivés et, d’un coup d’un seul, vous avez lancé à la cantonade : « On pourra dire ce que l’on veut, mais Houellebecq est un écrivain talentueux, sensible et spirituel. D’ailleurs, j’ai lu toute son œuvre en une après-midi ». Tout le monde a retenu sa respiration et vous a soudain regardé avec des yeux dans lesquels vous avez vu de l’Admiration avec un grand A.

Comment supporter le fait d’avoir menti à ses amis alors qu’en fait, vous vouliez juste faire votre intéressant ?

D’abord, il faut bien constater que vos amis sont peu perspicaces quant à la véracité de vos propos quand on sait que l’œuvre de l’auteur ne peut se lire en moins d’une après-midi sauf si on est sous cocaïne (comprenne qui voudra).

Cependant, si vous tenez à vos amis, avouez.

N’oubliez pas que « faute avouée, à moitié pardonnée ». Bon, ça c’était pour caser un adage populaire toujours du meilleur effet.

Mais surtout, cela vous évitera, d’une part, de vous voir offrir les nouveaux romans et autres essais de l’écrivain pendant les trente prochaines années, voire plus. A la place, vos amis vous offriront cette fois un cadeau de bon goût.

D’autre part, vous soulagerez tout le monde. Car ce que vous avez cru voir dans les regards de vos amis, ce n’est pas de l’admiration mais de la compassion. Ah, le langage des yeux…

Situation 5 : La culpabilité parentale

Amour de votre Vie avait décrit le petit Théo, fruit de son premier mariage, comme un véritable petit angelo. Alors quand vous avez décidé d’aménager tous les trois ensemble, c’était dans l’espoir secret de former une parfaite petite famille.

Le problème, c’est que finalement le petit Théo n’est pas tout à fait aussi adorable qu’imaginé. Non seulement il est chiant, nul à la maternelle et supporter du PSG, mais en plus il ressemble au Prince Harry. Autant le dire: vous n’aimez pas le morveux et il vous le rend bien.

Comment ne pas se sentir une mauvaise marâtre (ou un mauvais parâtre) ?

Dites-vous que cet enfant, vous ne l’avez jamais voulu et surtout que ce n’est pas le vôtre. Vous n’auriez d’ailleurs jamais osé mettre bas un tel con de gosse.

Ce n’est donc pas vous le fautif, mais les parents.

Par contre, pensez à bien vous prémunir contre les méfaits du fourbe nain (c’est le surnom que vous lui avait donné).

Oubliez l’idée du congélateur et assurez-vous seulement de lui fournir le gîte, le couvert et 15 minutes de X-Box par jour. Cela devrait suffire pour ne pas être dénoncée par la voix enfantine auprès d’Amour de votre Vie ou aux services sociaux (il connaît par cœur le numéro d’Enfance et Partage).

Au regard de ces cinq exemples et quelle que soit la situation de culpabilité dans laquelle vous vous trouvez, que cet événement ait été ou non provoqué par votre action propre, j’aimerais surtout que vous reteniez cette phrase de Joseph Fouché, ministre de la police et de l’intérieur au début du XIXe siècle, : « Beaucoup se sont trompés, il y a peu de coupables ».