Hier, sur la chaîne Arte : une soirée-catastrophe !

Publié le 22 mars 2009 par Ananda
Une soirée bien volcanique nous attendait sur Arte hier !
Du super-volcan potentiellement "dévastateur" du lac indonésien Toba, nous passâmes au méga-tsunami qui, ravageant l'île de Crète, anéantit une civilisation entière, celles des Minoens.
Mais voyons ça plus en détail.

Le premier documentaire nous entraîne sur les rivages en apparence paradisiaques de l'immense lac Toba, au coeur de l'île indonésienne de Sumatra (la même île d'où "partit" le fameux tsunami de 2004).
De suite, on entre dans le vif du sujet, car on nous dit immédiatement (ce qui nous fait froid dans le dos) que cette "région idyllique pourrait anéantir la vie sur terre".
Le lac Toba constitue "une des plus grandes configurations géologiques de l'hémisphère sud", si grande qu'elle se voit de l'espace, comme on nous en donne la preuve grâce à une photo prise d'un satellite.
Ne nous y trompons pas : son éruption, voici 75 000 ans, nous le pensons désormais, occasionna "des dégâts inimaginables" et ôta la vie "à des millions de personnes", provoquant un "incendie planétaire" ganérateur de famines. Cet évènement, on insiste bien là-dessus,fut apocalyptique.
Mais comment vint-on à le savoir ?
Les voies de la recherche scientifique doivent parfois beaucoup au hasard, se révélant ainsi, comme celles du Seigneur, "impénétrables".
C'est ici l'aventure d'une découverte qui nous est contée.
Tout commença au début de l'été 1988 dans le Grand Nord, au cours d'une campagne de prélèvements. A 1265 kilomètres du Pôle Nord, en effet, "la glace vierge archive 200 000 ans de l'histoire de l'atmosphère de notre planète"
Les analyses des "carottes" prélevées dans l'épaisseur des glaces polaires révèlent leur teneur en éléments chimiques. C'est ainsi qu'on a pu constater que ladite teneur en éléments chimiques était "relativement stable durant de longues périodes".
Pourtant, les échantillons remontant à 75 000 ans posent problème : en les étudiant, une chose saute aux yeux : la teneur en sulfate y effectue un bond. Phénoménal !
On relève pour cette couche pas moins de 1900 microgrammes par m3 de dioxyde , soit "40 fois plus que de nos jours". Le dioxyde de souffre, pour ceux qui ne sont pas chimistes, porte un autre nom, beaucoup plus parlant, celui d'acide sulfurique. "2 à 4 000 mégatonnes d'acide furent, en ces temps-là, absorbés par l'atmosphère terrestre", ce qui, nous dit-on, correspond à un "évènement d'une ampleur inouïe" au cours duquel "la terre devait être enveloppée d'un épais voile jaune". Cela implique, à n'en pas douter, un véritable cataclysme, un "évènement majeur" dont la réalité se trouve confirmée par des recherches autres, d'un autre type.
Le biologiste Mark Rampino s'est ainsi penché sur des protozoaires marins minuscules, les foraminifères. Ceux-ci renseignent sur la teneur en oxygène des océans, sur leur température. M.Rampino, à force de collecter des données en provenance des mers du monde entier, a constaté, là aussi, une stabilité qui saute aux yeux. Mais, au milieu de cette stabilité, quelque chose "fait tache" : une chute "conséquente et brutale" de la température se signale à Rampino. Ce dernier note une baisse de 5° Celsius en seulement quelques milliers d'années. Très vite, il ne peut que relier ça à une "période glaciaire". et, non moins vite, il calcule la date correspondante : 75 000 ans !
Nous sommes par conséquent en présence d'un "phénomène analysé sous deux angles différents", qui tous deux débouchent sur un même résultat, une même interprétation incontournable : celle du "cataclysme".
Sur ce, les savants se demandent ce qui a pu causer un tel cataclysme. Cela pourrait être une météorite, vue son ampleur. Cependant, "les volcans sont capables d'éjecter d'immenses qunatités de dioxyde de souffre".
Les volcans, certes. Mais quels volcans ?
Il s'agit maintenant de se mettre en quête du "volcan exceptionnel", aussi "sulfureux" qu'"explosif".
Le savanr Craig Chestner étudie le grand lac Toba "depuis des années". Il en a constaté, avec stupeur, la "dimension hors-norme" ainsi que "l'incroyable profondeur", qui ne pouvaient que l'intriguer : "le fond du lac descend abruptement, presque à la verticale, ce qui est rare pour un lac". Voilà qui suggère un "évènement géologique" lui aussi hors norme.
Sur les versants du lac, Chestner découvre "d'immenses dépôts de cendres", plus exactement encore, des "parois constituées de cendres sur un rayon de 3000 km autour du lac". D'où proviennent ces cendres ?
Pour tenter de répondre à cette question pour le moins intrigante, Chestner fait parvenir des échantillons des dites cendres à son collègue, le spécialiste en cendres volcaniques John Westgate. Ce dernier nous explique que "en ce concerne un volcan, la composition des cendres équivaut à la signature ADN", ce qui veut dire qu'elle "permet d'identifier le volcan".
Dans le cas qui nous occuppe, Westgate identifie des "échantillons très riches en silice répandus jusqu'en Arabie Séoudite et jusqu'en Mer de Chine". Leur âge ? 75 000 ans.
Conclusion : l'évidence du "lien avec les recherches menées au Groënland par Gregory Zelinski". On continue de soupçonner une "éruption volvcanique phénoménale". Reste, arrivé à ce stade, à en chercher, et à en trouver le responsable.
On ne songe pas tout de suite au lac Toba, les scientifiques tâtonnent. Ils se tournent vers divers volcans-"candidats", dont la Laki, en Islande.
Jusqu'au moment où un fait les frappe, et attire leur attention : "les cendres non identifiées sont nettement plus concentrées dans le sud-est asiatique". Ce qui amène les savants à se tourner vers le Pinatubo, un volcan philippin bien connu pour faire des dégâts que, cependant, l'analyse de ses cendres par Westgate écarte vite.
En définitive, seuls "les échantillons du lac Toba correspondent avec les cendres d'origine inconnue de John Westgate".
"L'aire du dépôt de ces cendres couvre une bonne partie de l'hémisphère sud".
Reste alors le problème : où se cache le volcan sur le site Toba ?
C'est à ce moment-là qu'on fait appel à la notion de "super-volcan" : "à Toba, du magma s'est glissé entre deux plaques tectoniques dans les profondeurs du lac, créant une chambre magmatique gigantesque". Il y a bien eu, là, un supervolcan qui a balayé l'Océan Indien !
Mais "où est passé le supervolcan ?"
Les savants analysent sans relâche le site Toba et expliquent : "l'eau du lac est de la pluie accumulée dans le cratère depuis des millénaires". Toba est "un des plus grands trous creusés dans la croûte terrestre".
On se livre à une reconstitution virtuelle de la catastrophe et, là, c'est le choc : l'adjectif "impressionnat" serait presque un doux euphémisme. La musique de fond heurtée, angoissante n'est pas faite pour atténuer cette impression.
On nous apprend que "des milliers de tonnes de cendre ont été dispersées à travers le globe durant pas plus qu'une semaine".
On en vient, du coup, à la question-clé : "quelles furent les conséquences pour la vie terrestre ?"
Il faut savoir qu'à l'époque, "les hommes n'étaient pas très nombreux" (60 millions à tout casser). Comme on l'imagine "la respiration des cendres fut asphyxiante, mortelle". Il y eut un "bouleversement du climat" radical, le soleil étant caché, barré par les "nuages acides". Il en résulta une "mini-période glaciaire d'environ 1000 ans".
Cependant, certains scientifiques s'avérant sceptiques, la NASA s'intéressa elle aussi au problème : sa modélisation numérique menée par Dru Schindel fit ressortir que " l'augmentation des surfaces enneigées" avait "prolongé le refroidissement même après la disparition des nauges acides". Au cours de ce que l'on pouvait bien appeler un "hiver volcanique", sans doute "60% des êtres humains auraient été anéantis".
Et la conclusion vient, flippante mais, hélas, si logique : "si le Toba entre à nouveau en éruption, les conséquences seraient encore plus dévastatrices pour notre vie moderne".
Il y a des choses auxquelles, décidément, il vaut mieux ne pas trop penser !

Passons à présent au deuxième "documentaire-catastrophe"
de la soirée : là, il s'agit d'"une fouille archéologique menée comme une enquête policière, en Crète".
La Crète...voilà qui fait rêver. Entre autre, parce qu'on la relie à la brillante "civilisation engloutie" que décrit Platon quand il évoque la fameuse légende de l'Atlantide.
Mais que n'a-ton pas dit sur la Crète Minoenne, terre du "labyrinthe" du Minotaure dévoreur de jeune chair humaine encore vivante ?
Le savant Sandy McGillivray explore des mines dans le centre de l'île. Ces mines, "lieux maudits", seraient le fameux labyrinthe du monstre cannibale. Alors, sacrifices humains ?
En tous les cas, "peuple puissant" (que redoutaient les anciens Grecs), "civilisation de l'Age du Bronze particulièrement avancée", qui créa "les premièrs routes pavées d'Europe" en même temps que "des chefs d'oeuvre d'urbanisme" (en particulier, à Cnossos). Peuple de commerçants actifs qui avaient réussi à se tailler un "vaste empire maritime" (on trouve la trace de leur présence jusqu'en Espagne ou en Mésopotamie, et en Anatolie où ils possédaient, pour sûr, des "comptoirs"). Peuple, enfin, d'artistes au grand sens esthétique, qui initia des "révolutions dans le domaine de l'art"
On sait tout cela sur les Crétois. Mais dire qu'on les connait vraiment !
"De nouvelles découvertes nous amènent à revoir nos connaissances sur ce peuple" : par exemple, on vient de s'apercevoir que le "palais de Cnossos" n'était en rien un palais, mais un "temple solaire", où "le soleil au solstice illuminait le trône occuppé par une grande prêtresse" (la fameuse "prêtresse aux serpents "?)
Autre exemple : le décodage de l'écriture longtemps mystérieuse des Crétois, encore appellée "linéaire A" révèle, à notre grande surprise, que "la langue minoenne s'apparente, en fait, à la langue primitive d'Iran, née dans les montagnes d'Iran et, par la suite, diffusée jusqu'en Inde".
Ainsi apparaît-il que "les Minoens auraient été plus asiatiques qu'européens". En voilà, une découverte !
Actuellement, les efforts des spécialistes dissipent bien des voiles sur ce peuple qui a toujours intrigué en raison de son raffinement tout "oriental".
Mais un mystère demeurait, peut-être le plus difficile à résoudre : "comment disparurent-ils ?"
Pour résoudre le problème, on se tourne vers l'île égéenne voisine de Santorin qui non seulement "abrite un volcan très explosif" mais encore "abritait, à l'époque, une colonie crétoise qui l'ignorait".
A Santorin comme à Cnossos, on trouve de somptueuses fresques qui nous renseignent sur le mode de vie des habitants du lieu (entre autres, la récolte du safran qui était utilisé en tant qu'épice mais aussi en tant que médicament) et nous apprenons de la sorte qu'ils menaient "une vie agréable et confortable".
Cependant, "vers 1600 avant notre ère, la ville minoenne d'Akrokriti est secouée par un violent tremblement de terre qui précéda l'explosion (laquelle donna lieu à des dépôts de 60 m d'épaisseur) avec coulées pyroclastiques d'une intensité inouïe".
On découvre encore des dépôts de cendres volcaniques sur des îles voisines ou près de la Crète et, encore plus extraordinaire, jusqu'en Mer Noire !
Cela trahit la puissance de l'explosion qui a eu lieu et qui fut, nous disent les savants, "dix fois plus forte que celle du Krakatoa". Et les savants de préciser que "les retombées de cendres entraînent un stress traumatique dans la population", ce dont on se doutait un peu.
On note toutefois que "la partie occidentale de la Crète fut épargnée" et, pour approfondir, on se tourne vers les ruines de la ville côtière de Pallicastro située à l'est de l'île, une ville "équipée d'égoûts qui comptait 5000 habitants". L'exploration des ruines de cette ville s'avéra décisive en ce qu'elle révéla des"dépôts chaotiques" qui intriguèrent fort les scientifiques.. Au microscope, on constata - ô "découverte stupéfiante" ! - la présence de foraminifères et d'algue coralline en provenance du fond des mers, le tout "projeté à un niveau où la mer ne parvient jamais". C'est alors qu'on se met à songer, sérieusement, à un tsunami, hypothèse qui se voit encore fortifiée, confirmée par la présence, à Pallicastro, de "murs rasés jusqu'aux fondations", littéralement "soufflés".
Les indices parlent et d'eux, il ressort que la vague "a traversé 300 mètres sur terre". Elle a déposé des coquillages à l'intérieur des terres à 31,36 m au-dessus de la mer.
Le verdict tombe de la bouche d'un des savants "c'est bien un raz-de-marée qui a déferlé sur Pallicastro...un tsunami de très grande ampleur qui a détruit toute la cité et recouvert toute la plaine".
Reste à savoir..."le tsunami aurait-il pu anéantir une civilisation entière ?"
Sachant qu'il a frappé sur la côte Nord, on se tourne alors vers Mallia qui fut "le troisième grand palais minoen de Crète".
Sachant que "les villes minoennes n'avaient pas de murs", qu'elles étaient au contraire directement ouvertes sur la mer et l'empire maritime qui faisait vivre la Crète, on constate, à Mallia aussi, la présence de dépôts qui ne laissent aucun doute. Ce fut "un tsunami géant".
Mais alors quid de son origine ?
La réponse à cette question vient vite, grâce aux analyses des savants : "le dépôt laissé par le tsunami a le même âge que l'éruption de Santorin".
On pense qu'il s'agissait d'une vague de 20 mètres de hauteur.
Mieux (ou pire) encore, on met en évidence qu'il y a eu "plusieurs tsunamis envoyés pendant l'effondrement de la caldera de Santorin, dont les ondes de choc rebondissaient sur les îles environnantes à la manière de boules de flipper", de sorte que "la Crète a été frappée par une série de vagues".
Les commentaires, dans la bouche des savants impressionnés et visiblement saisis d'une bouffée d'empathie et de compassion pour ces malheureux Crétois (ne pense-t-on pas au terrible tsunami de 2004 ?) fusent :
"Tous ceux qui ont vécu les tsunamis évoquent le bruit - analogue à celui d'un avion qui aterrit - et l'impression de fin du monde. Le tsunami pétrifie les gens, on n'a même pas le temps d'avoir peur".
"Ce peuple adorait la mer, il la vénérait et voilà qu'elle se retournait contre eux".
S'il "n'existe, hélas, aucun témoignage écrit du tsunami de Santorin", on a de bonnes raisons de penser que la mortalité a dû être de 80% sur les côtes où s'entassait quasiment tout le peuple des Minoens. En tout cas, "le tsunami a balayé la puissance minoenne".
"Quel fut le sort des survivants vers 1450 avant notre ère ?"
Des statues violemment brisées, des traces d'incendies criminels suggèrent des "flambées de violence", peut-être des "révolutions" contre l'ordre minoen et la hiérarchie minoenne ainsi condamnés si férocement par les dieux (on pense, ici, à l'Ile de Pâques).
La découverte d'un cimetière où furent enterrés "des hommes jeunes d'environ 25 ans, grands, robustes, guerriers" plaide pour une "invasion en provenance du Péloponnèse". "Le tsunami a favorisé l'invasion mycénienne en Crète, car les Mycéniens étaient, dans la région, les derniers à conserver une flotte".
D'autres découverts, à Cnossos, ne laissent désormais plus aucun doute sur les pratiques anthropophagiques du peuple de Minos. Ces "ossements de jeunes gens que l'on avait taillés en pièces" en font foi.
"Ces pratiques anthropophages ont dû frapper d'horreur les Grecs, d'où leur association avec le dieu-taureau des Minoens, en la personne du fameux Minotaure".
De quoi, vraiment, laisser songeurs...

P.Laranco