J'ai lu ce matin l'article de Robert Darnton, La Bibliothèque universelle, de Voltaire à Google, dans Le Monde Diplomatique du mois de mars. C'est un texte très important, j'espère que Le Monde aura l'intelligence de le mettre à disposition sur internet en libre accès au mois d'avril. Il est indispensable que le plus grand nombre de lecteurs puissent le lire. Il traduit bien les grandes inquiétudes sur l'avancement du projet Google (le basculement vers Sony est d'ailleurs postérieur à l'article) et les effets considérables qu'il implique dans les conditions d'accès au savoir.
Deux passages seulement tant l'ensemble de l'article qui s'étend sur deux pages entières est passionnant :
"Après avoir lu l'accord passé entre Google, les auteurs et les éditeurs, et s'être imprégné de sa philosophie - ce qui n'est pas une tâche facile puisque le document s'étire sur 134 pages et 15 appendices-, on en reste bouche bée : voici posées les fondations de qui pourrait devenir la plus grande bibliothèque du monde. Une bibliothèque numérique, certes, mais qui battrait à plate couture les établissements les plus prestigieux d'Europe et des Etats-Unis. De surcroît, Google se hisserait au rand de plus grand libraire commercial de la planète - son empire numérique relèguerait Amazon au rang de boutique de quartier."
"Google Book Search est sur le point d'inaugurer la plus grande bibliothèque et le plus important magasin de livres de l'histoire. Quelle que soit la manière d'interpréter cet accord, ses dispositions s'imbriquent de manière si inextricable qu'elles s'imposent en bloc. Aujourd'hui, ni Google, ni les auteurs, ni les éditeurs, ni la cour de district de New York ne sont en mesure d'y apporter des changements notables. C'est un tournant majeur dans le développement de ce que nous appelons la société de l'information. Si nous ne rééquilibrons pas la balance, les intérêts privés pourraient bientôt l'emporter pour de bon sur l'intérêt public. Le rêve des Lumières serait alors plus inaccessible que jamais".
Urgence, urgence...A signaler les commentaires d'Alain Giffard, de Daniel Garcia, en attendant ceux d'Olivier Ertzcheidqui est entre autres, comme chacun le sait, le grand décrypteur de Google.
Le texte en anglais sur la "New York Review of Books" est ici.