Les valeurs refuges
En tant de crise, c’est bien connu, les gens ont tendance à se ruer vers ce qu’on appelle les valeurs refuges. Pour les rois de la Finance, ce sont les matières premières, pour d’autres, l’immobilier. Mais les valeurs refuges ne sont pas que matérielles : c’est aussi pour certains le rire, quitte à aller voir le pitoyable « Coco » qui nous nargue avec sa bar mitzvah à 15 millions de dollars, quand le quotidien de la majorité des français renvoie davantage aux factures qui s’empilent.
Quant à notre président Sarkozy, figurez-vous qu’il a aussi sa propre valeur refuge à laquelle il tient plus que tout. Pas d’argent ni de rire, c’est encore et toujours … un simple détour en banlieue ! Alors que les ouvriers d’Amora de Dijon vivaient ce mercredi leur dernier CCE, que ceux de Continental se retrouvaient sur le carreau après des promesses non tenues de leur direction, et qu’un mouvement social de grande ampleur se profilait jeudi, notre président a pour sa part mis un point d’honneur à se réfugier à Gagny pour lutter, nous a-t-il dit, contre les bandes organisées. A priori, cela paraît étrange, mais en fait c’est plutôt logique. Rappelez-vous il y a 1 an à peine, comme il faisait un tabac avec ses discours et phrases chocs : « Vous voulez qu’on vous débarrasse de la racaille ma p’tite dame ? », « On va nettoyer les cités au Karcher, mon p’tit vieux », « Je suis du côté des victimes, moi » (Ben oui, quand on n’est pas à l’UMP, on est du côté des meurtriers et des truands, c’est bien connu). Après tout, si y’en a qu’ça les démange de dire des bêtises pareilles…
Seulement voilà, depuis ces jolies tournures de phrases, la crise a pointé le bout de son nez. Et Sarkozy a vu sa cote descendre en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Alors, comme dans une rupture subie, il ne cesse d’user et abuser du discours réchauffé qui l’a amené sur son trône. Oui, en allant à Gagny, il n’en a que faire des bandes organisées dans le fond, mais il est juste en plein plan drague : « Mais si, rappelez-vous… vous kiffiez avant quand je disais ça, chabadabada, chabadabada… recréons du lien… chabadabada, chabadabada… cité, voyous, la France tu l’aimes ou tu la quittes… Chabadabada chabadabada ». Hélas pour lui, le mouvement social de jeudi nous a montré que la magie des débuts n’est plus là.