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Des nouvelles d'Ananda DEVI.

Publié le 22 mars 2009 par Ananda

Invitée par l'Alliance française, Ananda Devi a fait étape, hier, à Washington, dans le cadre de sa tournée américaine.

Auteur précoce, Ananda Devi s'est fait remarquer dès l'âge de 15 ans, en remportant un prix littéraire. Depuis sa première nouvelle, intitulée La Cité Attlee, beaucoup d'encre a coulé et une dizaine de romans sont nés, sous sa plume prolifique.

A 52 ans, aussi à l'aise dans la prose que dans la poèsie, Ananda Devi n'a plus à démontrer la multiplicité (l'ubiquité ?) de son talent,  pourtant l'auteur mauricienne ne cesse de se questionner sur la légitimité de sa prise de parole :  "écrire, c'est percer la bulle d'indifférence qui entoure le lecteur. C'est prendre le risque des mots", annonce-t-elle.

Jeudi 19 mars, lors d'une rencontre avec les étudiants de l'université Georgetown, Ananda Devi s'est livrée sur sa carrière et sur ses engagements en tant qu'écrivain.

Une merveilleuse opportunité de se laisser transporter par sa voix douce...  jusqu'à l'Ile Maurice.


"N'est-il pas prétentieux de prendre la parole ? Mais comment faire autrement ? ", voilà la question que s'est posée Ananda Devi, lorsque récemment, elle a été sollicitée pour écrire un texte sur le génocide au Darfour.

"Bien à l'abri dans mon confort, je me suis demandée si j'étais légitime sur ce sujet et si je ne risquais pas d'usurper une souffrance qui ne m'appartient pas", confie Ananda Devi, très préoccupée par la situation humanitaire dans ce pays d'Afrique de l'Est.

Dans la tête d'Ananda Devi, les questionnements sur sa responsabilité, en tant qu'écrivain, jaillissent et semblent infinis. Même si le sujet qu'elle aborde est grave, sa voix reste douce, presque tendre. Elle s'adresse à tout un auditoire, mais semble parler à l'oreille d'un enfant.

Ecrits sensibles

Depuis son premier roman Rue la Poudrière, Ananda Devi semble liée par le thème de l'emprisonnement : la souffrance des femmes indiennes, étouffées par les traditions dans Le Voile de Draupadi, ou par les mariages arrangés, dans Pagli... Avec pudeur, l'auteur raconte la rencontre, qui a le plus marqué sa carrière.

"J'ai vécu une expérience inouïe, à la prison des femmes de Beau-Bassin, à Maurice. J'étais inquiète que les détenues trouvent ma démarche artificielle, comme une sorte d'imposture. D'autant qu'un quotidien mauricien, l'avait annoncée en titrant sensationnellement "Ananda Devi en prison". Finalement, cette rencontre a été un moment extraordinaire. Ces femmes étaient, en quelque sorte, mes personnages en chair et en os. Elles m'ont donné leurs sourires et ont partagé leurs textes, rédigés en français et en anglais, lors d'un atelier d'écriture. Ces écrits sensibles évoquaient leur perte d'identité en prison, le regard de condamnation des autres sur elles, la tragédie de certaines femmes sud-africaines passeuses de drogue. Leur témoignage faisait écho profondément en moi et renvoyait directement à mon roman  Eve de ses décombres, raconte Ananda Devi. Ainsi écrire ne suffit pas, "sans ce pas hors de soi", cette ouverture aux autres.

Grimm, Perrault, l'Inde et l'Afrique...

Née à l'Ile Maurice, Ananda Devi a été bercée par des cultures multiples. Cette "ouverture aux autres" lui est donc probablement devenue naturelle. Polyglotte, elle parle couramment plusieurs langues, jonglant entre le créole, le bhojpuri, l'anglais, le français, l'hindi et le mandarin. Elle est donc aussi à l'aise en France qu'aux Etats-Unis ou dans l'océan indien.

Enfant, l'auteur mauricienne a été nourrie par les contes et les cultures de différentes régions du monde : "ma mère me lisait les histoires de la mythologie indienne, et mon père, les contes de Grimm et de Perrault. Adolescente, j'ai découvert les auteurs africains. Ils livraient les blessures de leur pays, comme l'apartheid, en Afrique du Sud. Depuis toujours, mon écriture a été influencée par d'autres continents. Comme la mythologie indienne, mes histoires ne sont jamais rédigées de façon linéaire, mais sont plutôt embranchées, comme le web !".

Une comparaison digne d'un auteur moderne, ancré dans son temps et dans la société. Ainsi, Ananda Devi a puisé dans les bouleversements de la société mauricienne et dans les propos des jeunes français lors des émeutes en banlieue, matière à son roman Eve de ses décombres.

Dans la lignée de Le Clézio ?

Ananda Devi maîtrise plusieurs langues, mais a toujours choisi, délibérement, d'écrire en français : "j'ai une histoire d'amour avec cette langue. Comme tous les écrivains francophones, j'aime en explorer toutes les possibilités. Peut-être même encore davantage que les auteurs français."

Ananda Devi est, d'ores et déjà, beaucoup plus qu'une charmante ambassadrice de la francophonie. Jeudi, à l'issue de  cette conférence, certains ont prédit, pour Maurice, un second Prix Nobel de littérature.

 Source : Best of America Blogs


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