Julie-Victoire DAUBIE,
première bachelière de France
(1861)
Dans quelques jours, je serai en Bretagne.La ville de Saint-Avé (proche de Vannes) m'a chaleureusement invité à venir parler de Julie-Victoire Daubié avec les élèves du collège qui porte son nom, puis avec les parents d'élèves, puis avec le public intéressé par cette femme exceptionnelle dont j'ai publié récemment la vie romanesque et engagée.Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous quelques-unes de ses pensées du 19ème siècle dont la brûlante actualité ne vous échappera pas :
La Femme en politique :
«Il est évident que la femme électeur se complète de la femme éligible, mais il y a loin de là à la femme élue, dans l’état de nos mœurs surtout… cette femme sera désignée par un suffrage unanime si elle fait preuve de la capacité d’un véritable homme d’état . Mais cette éventualité, qui ne se réalisera peut-être jamais, laisse intacte la question de pondération du droit et du devoir social qu’il est urgent d’établir ! »
Ecrivains et écrivaines…
« Les écrivains hommes (…) en ne permettant aux femmes de prendre la parole que pour dire quelque chose, semblent réserver aux hommes seuls le droit de parler pour ne rien dire ! »
Education et citoyenneté :
« L’esprit humain se trouve humilié de voir l’homme éclairé partager son millionième de souveraineté nationale avec le dernier rustre du dernier hameau qui, ne sachant ni A ni B, est aussi étranger à toute question politique ou sociale que le cheval qu’il étrille ! »
Egalité en éducation et principes républicains :
« L’interdiction pour la femme de puiser l’instruction aux mêmes sources que l’homme est en outre une négation de nos théories d’égalité civile qui établit un antagonisme déplorable entre nos principes et nos mœurs. »
De la Nature… et de la folie des hommes :
« La nature, qui fait reverdir les moissons sur les champs de carnage, est une force admirablement productive, puisqu’elle nous laisse survivre à de si grandes et si constantes folies ! »
Des droits et des devoirs :
« Déchaînez ou enchaînez la presse dans une société où chacun peut vivre dans des unions sans droits pour les faibles et sans devoirs pour les forts, et vous verrez également partout l’anarchie des mœurs régner dans les idées ; l’ordre pourra être rétabli dans la rue et maintenu à l’aide du gendarme ; le désordre restera dans les esprits ! »
Du pouvoir :
« L’homme qui ne sait pas se gouverner est incapable de gouverner les autres… et pourtant on remarque, dans les familles comme dans la cité, qu’il veut prendre plus d’autorité sur autrui qu’il en a moins sur lui-même ! »
Espoir d’harmonie :
« En dehors des opinions extrêmes qui veulent tenir les femmes dans l’esclavage de l’homme ou agenouiller celui-ci devant elles, je verrai comme de coutume dans les deux sexes des êtres égaux en devoirs et en droits qui doivent se tendre la main pour s’aider et se perfectionner. »
Le pacifisme :
« Faire une nation sans armée plutôt qu’une armée sans nation ! »
Economique et social :
« Dans l’ordre, ou plutôt dans le désordre actuel, chacun fait produire le plus possible à ses capitaux sans s’inquiéter de l’ouvrier qui n’est qu’un être abstrait, incongru, un rouage dans la machine ! »
Répartition des fruits du travail :
« Il est de fait que l’ordre économique ne serait pas troublé comme il l’est chez nous, si le scandale des fortunes illicites était soumis au contrôle de l’opinion ! »
Bonne méditation et... bon printemps !