La question est bien là: qui a intérêt à ce que les artistes soient protégés? Imaginons que vous êtes musicien professionnel et que votre projet de disque se réalise en signant un contrat avec un label. Qu’allez-vous toucher ? Une avance sur droits de la part du label. Et comme vous n’allez pas vendre des millions de disques, il va falloir attendre très longtemps avant que le label vous donne quelque chose de plus, et ce moment n’arrivera peut-être même jamais…
L’enregistrement n’est donc pas, pour un artiste classique, une source majeure de revenus, mais est plutôt un outil marketing qui nous aide à vendre du concert live. Une sorte de carte de visite, qui permet de montrer notre travail et de se faire apprécier auprès de organisateurs de concerts, ou reconnaitre dans la presse spécialisée. Son but est donc d’être au maximum propagé, sa distribution gratuite lui importe finalement peu, n’étant pas une source de revenus substantiels.
Le principal intéressé reste donc le label qui lui touche la bonne partie de la vente. La société veut couvrir ses frais de production, ce qui est louable, mais ne vivra que si elle vend suffisamment de disques. La lutte contre le piratage profite essentiellement à la maison de disque et pas à son artiste.
Si cette lutte contre le piratage échoue ou que le téléchargement libre gagne la bataille, les maisons de disques, dans leur forme actuelle, n’existeront plus (au même titre que tous les organismes de protection des “droits” des artistes). L’artiste sera lui toujours là, et pourra s’adapter aux règles du marché car le disque ne représente qu’une petite partie de son activité.
A qui donc le crime profite?